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ENQUÊTE - "La source de nos maux, ce sont les femmes" : comment les discours masculinistes envahissent Internet

par La rédaction de TF1info | Reportage vidéo : Lorraine Poupon, Erinna Fourny, Romain Reverdy
Publié le 27 mai 2023 à 13h32
JT Perso
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Source : JT 20h WE

Le masculinisme est né aux États-Unis, dans les années 70, et il a aujourd'hui de nombreux adeptes.
En réaction aux mouvements féministes, les masculinistes se disent victimes des femmes qui représentent à leurs yeux l'incarnation de tous leurs maux.
L'une des équipes du JT du 20H a mené l'enquête, et a rencontré plusieurs d'entre eux.

Sur les réseaux sociaux, cette nouvelle voix trouve un écho. Des vidéos de masculinistes cumulent des dizaines de milliers de vues. En ligne, le masculinisme progresse. Sur les forums, les messages misogynes postés par des anonymes se multiplient. "Les meufs sont impitoyables, matérialistes, superficielles et consuméristes", peut-on y lire, ou encore que "la femme moderne castre l'homme". Pour les masculinistes, leurs abonnés sont aussi des clients. Ils leur vendent des formations pour homme, en développement personnel et en séduction, de 40 à 1260 euros. Au programme, leçon de langage féminin, de comportement, mais aussi des combats de boxe.

"Le point commun dans tout ça, ce sont les femmes qui nous rejettent"

Nous avons rencontré l'un de ces coachs. Sur les réseaux, il s'appelle Azurr, dans la vraie vie, c'est Matthieu, 21 ans. Pour lui, la provocation est une stratégie. "J'ai fait une généralité absolument indécente, j'en ai tout à fait conscience. Sur TikTok, il y a une réelle guerre de l'attention, et l'attention, on doit la capter en deux secondes. Il faut vraiment taper fort. Pour faire 100.000 vues, pour faire un million, deux millions, on est obligé d'être clivant", explique-t-il. Une recherche de buzz qui fonctionne particulièrement bien sur sa cible, puisqu'il cumule 100.000 abonnés. "Je dirais qu'un spectateur type, ça va être un homme entre 16 et 30 ans, qui va se sentir concerné par mon discours, peut-être même inspiré, je l'espère", ajoute le jeune homme. 

Guillaume est l'un d'entre eux. Pendant des années, sous pseudonyme, il a participé à des forums masculinistes pour homme célibataire. Anonymement, il nous raconte pourquoi il s'est reconnu dans ces discours. "Le problème, c'est que c'est compliqué parfois de désirer quelqu'un et qu'on n'y arrive pas, et que ça se répète, encore et encore. C'est comme ça depuis le collège, depuis le lycée", explique-t-il. Pour ces communautés, l'origine de leur frustration est toute trouvée. "On est tous un groupe, on est tous dans le même bateau, on n'est pas les seuls dans ce cas-là, et on remarque que le point commun dans tout ça, ce sont les femmes qui nous rejettent. On finit par s'auto-convaincre que la source de nos maux, ce sont les femmes en général", analyse Guillaume.

Ma peur, c'est à un moment de me dire : une femme me dira non, et je vais violemment l'insulter, je vais violemment la prendre à partie, parce qu'elle m'aura refusé

Guillaume, ancien membre de forums masculinistes

Ces hommes sont en colère. Guillaume, lui, se fait aider par un psychologue, mais sent que son équilibre est encore fragile. "Il y a quelque chose qui grandit en nous, il y a une bête qui grandit en nous. Ma peur, c'est à un moment de me dire : une femme me dira non, et je vais violemment l'insulter, je vais violemment la prendre à partie, parce qu'elle m'aura refusé. Parce que ça aura été la fille de trop qui m'aura dit non, et ça, je n'ai pas envie. Je n'en ai pas envie parce que ça peut me porter atteinte à moi, à mon travail, à plein de choses (...) Et porter atteinte à elle, aussi", développe le jeune homme.

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Ces attaques, Camille et Justine en sont victimes au quotidien. Sur les réseaux sociaux, les comédiennes défendent les droits des femmes. Mais leurs vidéos dérangent les masculinistes. Elles sont la cible d'insultes répétées en commentaires. Ces messages, par dizaines, sont des attaques organisées. "On se réveille un matin, on ouvre l'un de nos réseaux sociaux, et on voit plein de commentaires qui se ressemblent, avec toujours le même genre de pseudo, le même émoji", explique Justine Lossa. Les deux jeunes femmes ont porté plainte pour cyberharcèlement, en cas de condamnation, les auteurs risquent jusqu'à deux ans de prison et 30.000 euros d'amende.


La rédaction de TF1info | Reportage vidéo : Lorraine Poupon, Erinna Fourny, Romain Reverdy

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