Le 5 novembre 2018, deux immeubles vétustes de la rue d'Aubagne à Marseille s'effondraient, faisant huit morts.Depuis, de nombreuses constructions du centre-ville ont été évacuées et des centaines de familles ont dû être relogées.D'autres attendent toujours, la reconstruction ayant à peine commencé.
Comme une balafre qui rappelle chaque jour un souvenir douloureux. Les Marseillais du quartier Noailles côtoient depuis quatre ans un trou béant entre deux bâtiments de la rue d'Aubagne, à deux pas du Vieux-Port. Le 5 novembre 2018, deux immeubles d'habitation vétustes se sont effondrés. Huit personnes sont mortes sous les débris. Un drame qui a mis en lumière un problème endémique dans la deuxième ville de France, gangrénée par les logements insalubres. En 2015 déjà, le rapport Nicol dénombrait 40.000 taudis à Marseille, soit 100.000 personnes concernées sur 860.000 habitants.
Au lendemain du drame de la rue d'Aubagne, plusieurs bâtiments voisins ont été évacués, dont celui de Mario Losada Fernandes. Griffé de fissures sur la façade, il fait encore aujourd'hui l'objet d'un arrêté de péril et ses habitants ne peuvent plus mettre un pied à l'intérieur. "J'ai toujours mes affaires là-dedans : le lit, le four, la plaque...", déplore le vieil homme dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article. Au pied du bâtiment, il a la gorge nouée. "Ça remue des souvenirs", confie-t-il. "Et puis c'était chez moi, c'était à moi. Maintenant, je suis locataire, ce n'est pas pareil. Je paye un loyer, alors qu'avant non."
Le désarroi des relogés
Non loin de là, une ancienne habitante louait quant à elle un appartement dans un immeuble délabré. "Ça tremblait tellement que dans les escaliers, le sol tanguait", se souvient Mariame Abdoul. Évacuée il y a quatre ans, elle est depuis relogée gratuitement par la ville, avec ses enfants, dans un logement provisoire. Le propriétaire de son ancien appartement refuse de prendre en charge les travaux. "Je ne demande pas grand-chose, je veux juste que les travaux soient faits pour que je puisse rentrer chez moi. Ici, ce n'est pas chez moi", s'irrite la mère de famille, qui assure que la vie "s'est arrêtée en 2018".
Quelque 600 familles sont actuellement relogées par la ville, soit un budget de 20 millions d'euros, qui comprend les travaux de réhabilitation des immeubles évacués. Partout dans la cité phocéenne, les arrêtés de péril se multiplient : 1500 bâtiments sont concernés. Difficile donc pour les Marseillais d'ignorer le problème. "Il y a de la peur. Si je cherche un appartement qui se situe au premier ou au deuxième étage, j'ai peur", lance une passante. "Je préfère être au rez-de-chaussée, pour pouvoir sortir à temps en cas d'effondrement. On pense à ça."
La mairie reçoit en moyenne 180 signalements de vétusté par mois, et a dû multiplier par douze les opérations de contrôle depuis 2018. "On a mis en place un vrai service de la ville de lutte contre l'habitat indigne", fait valoir Sophie Camard, maire du 1er et du 7e arrondissements de Marseille dirigés par le mouvement de gauche Le Printemps marseillais. "On a recruté des inspecteurs. C'est un service qui travaille malheureusement beaucoup, mais heureusement aussi dans le sens où ils traitent les signalements", souligne-t-elle.
"Je n'arrive pas à dormir, il y a des punaises et des cafards"
Mais certains immeubles délabrés sont encore occupés. En plein centre-ville, dans l'un d'entre eux, les murs et les plafonds sont gorgés d'eau, les escaliers rongés par l'humidité. Certains murs tombent en lambeaux, tandis que les canalisations sont défectueuses. L'eau se répand sur le sol, dans les couloirs, épongée avec des serviettes par les habitants, et dans le hall, certaines boîtes aux lettres sont éventrées et tapissées de détritus. Au total, 270 familles vivent dans ce bâtiment, au milieu des rats et des cafards. Modestes, elles se retrouvent entre les griffes de propriétaires peu scrupuleux, qui facturent le loyer en moyenne à 400 euros.
"C'est impensable. Dans deux ou trois mois, je serai parti. Je n'en peux plus", lâche un résident. "Je n'arrive pas à dormir, il y a des punaises et des cafards. J'ai envie d'avoir une nouvelle maison", confie une fillette. Malgré quatre arrêtés de péril, aucune évacuation n'a été faite. Les propriétaires ont jusqu'au mois de janvier pour réaliser les travaux ordonnés par la municipalité.
Les plus récalcitrants peuvent même se retrouver devant la justice : en avril dernier, un maçon et un expert-comptable associés au sein d'une société civile immobilière, principale propriétaire d'un immeuble qui menaçait de s'effondrer dans la ville, ont écopé de huit mois de prison dont quatre avec sursis et d'une amende de 15.000 euros, pour mise en danger de la vie d'autrui. En octobre 2021, c'est une propriétaire d'un appartement dont le plafond s'était effondré sur une locataire enceinte qui avait écopé de six mois de prison avec sursis.
Sur le
même thème
- VIDÉO - Froid polaire en Chine : les images saisissantes de la vie par moins 53 degrésPublié le 24 janvier 2023 à 16h35
- VIDÉO - "On ne se sent pas en sécurité" : après les effondrements d'immeubles à Lille, l'inquiétude permanentePublié le 29 novembre 2022 à 18h11
- Risque d’effondrement à Bordeaux : plusieurs immeubles du centre-ville évacuésPublié le 25 mai 2022 à 20h07
- Bordeaux : plusieurs immeubles évacués en raison d'un risque d'effondrementPublié le 25 mai 2022 à 17h14
- Effondrement d'un immeuble à Sanary-sur-Mer, faut-il détruire les constructions mitoyennes ?Publié le 10 décembre 2021 à 20h08
- Risque d'effondrement d'une tour : des centaines d'habitants évacués à Epinay-sur-SeinePublié le 11 novembre 2021 à 20h15
- Epinay-sur-Seine : une tour de 32 étages évacuée d'urgencePublié le 11 novembre 2021 à 8h31
- Marseille : six mois après les effondrements rue d'Aubagne, combien y a-t-il de relogés ?Publié le 4 mai 2019 à 16h36
- Immeubles effondrés à Bordeaux : le difficile retour à la normalePublié le 8 septembre 2021 à 20h24
Tout
TF1 Info
- 2
- 3Bientôt un nouveau royal baby chez les Windsor !Publié le 24 janvier 2023 à 15h26
- 5Mes trimestres enfants ne figurent pas sur mon espace Info Retraite, est-ce normal ? Le 20H vous répondPublié le 23 janvier 2023 à 18h20
- 6Impôts : vous avez jusqu'au 30 juin pour remplir cette nouvelle déclaration si vous êtes propriétairePublié le 24 janvier 2023 à 16h04
- 9VIDÉO - Froid polaire en Chine : les images saisissantes de la vie par moins 53 degrésPublié le 24 janvier 2023 à 16h35
- 10Coup de froid sur la France : à quoi s'attendre pour cette fin de semaine ?Publié hier à 22h33
- 1La robe de Doja Cat vous angoisse ? Vous êtes peut-être victime de trypophobie !Publié aujourd'hui à 12h55
- 2Immigration : les demandes d'asile explosent, les expulsions en forte haussePublié aujourd'hui à 12h42
- 3Hidalgo favorable à une participation des athlètes russes au JO-2024... sous conditionsPublié aujourd'hui à 12h36
- 4Arrivée de la fibre dans les communes : la connexion haut débit partout et pour tousPublié aujourd'hui à 12h36
- 5VIDÉO - Guerre en Ukraine : un jacuzzi installé... à proximité du frontPublié aujourd'hui à 12h28
- 6EN DIRECT - Guerre en Ukraine : l'armée dit avoir abattu 47 des 55 missiles russes tirés ce jeudiPublié aujourd'hui à 12h23
- 7La Russie écartée des commémorations de la libération d'AuschwitzPublié aujourd'hui à 12h15
- 8Essonne : un appel à témoins pour retrouver un homme atteint de la maladie d'AlzheimerPublié aujourd'hui à 11h54
- 9Chars lourds occidentaux : un cap symbolique dans le soutien à l'UkrainePublié aujourd'hui à 11h53
- 10Un mort à Kiev, des coupures d'électricité... L'Ukraine à nouveau visée par une salve de missilesPublié aujourd'hui à 11h50
- 2"Allô, il y a quelqu'un ?" : les services publics restent injoignablesPublié aujourd'hui à 9h55
- 3EN DIRECT - Retraites : grève et blocages dans les ports, les raffineries et les centrales nucléaires ce jeudiPublié le 22 janvier 2023 à 9h20
- 4VIDÉO - "On est pris pour des ânes" : le ras-le-bol des Marseillais confrontés au défilé incessant des camions poubellesPublié le 24 janvier 2023 à 17h13
- 7
- 8Fresques à connotation sexuelle : les hôpitaux priés de faire le ménagePublié hier à 15h51
- 9Pas de ski en février ? Les remontées mécaniques visées par un préavis de grève illimitéPublié le 23 janvier 2023 à 17h59
- 10Réforme des retraites : des grèves durant les vacances scolaires de février ?Publié le 24 janvier 2023 à 10h45