TÉMOIGNAGE - Samedi dernier, la forte mobilisation parisienne contre la loi "Sécurité globale" a été émaillée de scènes de violence, en partie contre les forces de l'ordre. Un policier a été roué de coups par des manifestants. Pour la première fois, il témoigne devant les caméras de TF1.
Alors que la "Marche des libertés" touche à sa fin, samedi 28 novembre à Paris, une colonne de policiers est violemment prise à partie par un groupe d'individus sur la place de la Bastille, envahie par des fumées de gaz lacrymogène. Les policiers reçoivent des projectiles et un homme les frappe avec une barre de fer. L'un des fonctionnaires est poussé à terre, puis roué de coups par plusieurs personnes.
Ce policier s'appelle Yann. Âgé de 25 ans, il est rentré dans la police il y a tout juste cinq ans. Le visage encore tuméfié, une minerve enserrant son cou, il a accepté pour la première fois de raconter son calvaire à une équipe de TF1. Quand il intervient avec ses collègues, vers 18 heures, place de la Bastille, l'heure est à la dispersion, et le risque que les manifestants encore présents s'en prennent au mobilier urbain est jugé élevé. La mission des forces de l'ordre est donc avant tout de sécuriser un chantier depuis lequel des projectiles peuvent être lancés. Mais la situation est très tendue. Les policiers reçoivent de nombreux projectiles. Aveuglés par la fumée dégagée par les fumigènes et leurs grenades, ils ont du mal à progresser.
Au milieu de ce chaos, Yann est agressé par 15 à 20 Black blocs. L'affaire étant en cours, il ne donnera pas trop de détails. "J'étais en queue de colonne. À ce moment-là, ils m'ont attrapé et poussé au sol. J'ai reçu une pluie de projectiles (pavés, cocktail molotov), mais surtout des coups de poing et coups de pied au niveau du visage et des membres. J'ai essayé de me protéger et de me relever. Mais à chaque fois, j'étais repoussé au sol. Deux collègues ont fait tout ce qu'ils ont pu pour me sortir de là. Puis, très vite, d'autres policiers sont arrivés en renfort", explique-t-il.
Les individus en face de moi étaient clairement là pour m'achever. Ils ne m'ont fait aucun cadeau. Ils étaient là pour tuer.
Yann
La scène durera un peu plus de 30 secondes, une éternité pour le jeune homme. "J'ai essayé de prendre sur moi, énormément, de me relever pour ne pas mettre en danger mes collègues, mais j'étais sonné et totalement désorienté. À un moment, je me suis dit que j'allais devoir passer à la vitesse supérieure. J'étais en danger de mort. Les individus en face de moi étaient clairement là pour m'achever. Ils ne m'ont fait aucun cadeau. Ils étaient là pour tuer. Il n'y avait aucun doute sur leurs intentions", poursuit-il. Yann portait une arme de service : a-t-il eu la tentation de s'en servir ? "Je n'en dirais pas plus pour l'instant", avance-t-il, avant de préciser : "Dans notre profession, on n'a pas beaucoup de temps pour réfléchir, mais on n'a pas beaucoup de temps aussi pour réagir". Puis, finalement, il reconnaît : "Effectivement, j'y ai pensé. Mais en même temps, je ne l'ai pas sortie. Heureusement, j'ai réussi à en sortir vivant, mais si ça avait duré plus longtemps, j'aurais sûrement été contraint".
S'il sait que travailler dans la police l'expose à des risques supplémentaires, Yann ne trouve "pas normal" d'être ainsi pris pour cible. "Quand on part en service, on est conscient que tout peut arriver, surtout ces dernières années, mais la violence est inexcusable", répète-t-il encore. "J'espère que les auteurs seront retrouvés". Il va falloir maintenant se reconstruire, "mais ça va prendre du temps", craint-il. Car au-delà des blessures physiques (six dents cassées et des douleurs aux cervicales), le moral est aussi atteint. "Heureusement, je suis bien entouré par mes collègues, mes amis et mes supérieurs", assure-t-il, tout en certifiant qu'il retournera sur le terrain. "C'est mon métier, ça ne change rien à mon engagement et à ma détermination. Je viens d'une famille de policier, c'est ma vocation".
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