"Plein d'usagers se prennent des amendes" : la SNCF épinglée pour ses gares sans guichet

Cela fait maintenant cinq ans que la gare de Saint-Sébastien, dans la Creuse, a fermé. Plus de guichet ni de distributeur automatique pour les 600 habitants du village, qui ont dû batailler pour qu'un point de vente soit maintenu le samedi matin. Et pour le reste, les usagers n'ont qu'à se débrouiller sur internet... quand ils maîtrisent l'outil.

Résultat, dans certains cas les usagers montent dans le train sans avoir pris de billet. Et se font parfois verbaliser à bord. "La région centre et la région Nouvelle Aquitaine n’ont pas tout à fait les mêmes règles, explique Bertand Giraud, président du comité de défense de la gare Saint-Sébastien, dans la vidéo du JT de TF1 en tête de cet article. Ça veut dire que le contrôleur doit savoir à chaque gare le contexte particulier. Là, on est  cheval sur les deux régions, donc il y a plein d'usagers qui se prennent des amendes, et ce n'est pas normal !"

Une situation qui a malheureusement tendance à se généraliser dans les petites communes, comme à Saint-Sulpice-Laurière, en Haute-Vienne, autre exemple pris dans le reportage de TF1. Depuis trois ans, la réduction des horaires d'ouverture du guichet a été compensée par un distributeur en libre-service, mais celui-ci ne rend pas la monnaie et ne vend que des billets pour les trains express régionaux. Impossible de prendre un train grande ligne...

Sollicitée par plusieurs demandeurs voyageant régulièrement au départ de gares sans guichet ni distributeur automatique de billets, la Défenseure des droits, Claire Hédon, a dénoncé ce jeudi 1er juillet ces "points d'arrêts non gérés (PANG)" où l'on ne peut acheter de billet avant de monter dans le train, producteurs d'"inégalités de traitement des voyageurs."

La Défenseure des droits a également épinglé les barèmes appliqués par la SNCF aux voyageurs au départ d’un PANG qui se trouvaient pénalisés par un tarif "normalement réservé aux voyageurs en situation irrégulière." " La verbalisation ne doit intervenir qu’à raison d’un défaut de présentation spontanée du voyageur, ou en cas de fraude avérée", a poursuivi Claire Hédon, qui juge "insuffisants" les moyens alternatifs comme la vente de billets par téléphone ou les partenariats avec des commerces.

La Défenseure des droits recommande à la SNCF "de limiter la suppression des guichets dans les gares", en particulier sur le réseau TER. Et dans le cas où des gares seraient transformées en points d’arrêts non gérés, d’y mettre en place des distributeurs automatiques de titres de transports.

En attendant une évolution, certains voyageurs sont souvent "découragés de prendre le train", comme l'explique Jean-Pierre Lagorceix, secrétaire de l'association défense des services publics à Saint-Sulpice-Laurière, au micro de TF1. Ceux qui le peuvent se tournent alors plus facilement vers leur voiture.