EN CHIFFRES - Entre le début de l'occupation des ronds-points et les derniers "actes", le mouvement des Gilets jaunes fête ses six mois d'existence ce vendredi. L'occasion de revenir sur cette fronde sociale inédite en dix chiffres.
Le 17 novembre 2018, Eric Drouet lançait sur Facebook le premier "acte". Ce vendredi 17 mai, les Gilets jaunes célèbrent donc leur sixième mois d'existence. Née de la fronde contre la hausse des taxes du carburant, cette contestation a maintes fois évolué, devenant l'un des mouvements qui marquera, sans aucun doute, l'histoire des mouvements sociaux en France.
Rythmée au gré des manifestations, cette mobilisation inédite a créé en son sein un élan démocratique, est arrivée à perdurer à travers les semaines et a même engendré des listes aux élections européennes. Mais dans son sillage, cette traînée jaune fluo a également laissé des blessés, des dégradations coûteuses et des commerçants affligés.
Une mobilisation hors norme
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C'est le nombre de samedis que les Gilets jaunes ont passé dans la rue. Que ce soit des manifestations déclarées ou des "ultimatums", des marches blanches ou des "sit-ins", ils étaient tous baptisés "acte". Un hommage à la première action lancée sur Facebook par Eric Drouet, le 17 novembre à Paris. Outre la capitale, Bordeaux et Toulouse ont également été deux bastions de la contestation depuis la fin 2018.
47.695
C'est le nombre de manifestations ou de rassemblements qui ont eu lieu à travers le pays, selon la place Beauvau. Sur les ronds-points ou dans les grandes villes, la contestation a connu son pic le jour de sa naissance, le 17 novembre. Il y avait alors 282.000 personnes portant le vêtement fluo dans les rues du pays. La mobilisation a ensuite connu des hauts et des bas. Elle est désormais à son plus bas niveau depuis ses débuts. Le 11 mai, les manifestants n'étaient plus que 18.900 selon l'Intérieur et 45.230 selon le "Nombre jaune".
150.405
C'est la somme maximale atteinte par une cagnotte lancée par des manifestants. Et pour cause, c'est Eric Drouet qui en est l'instigateur. Lancée le 9 janvier sur PayPal pour "les blessés Gilets jaunes", la levée de fonds a pris fin le 30 mars. Depuis, le doute continue de persister sur l'utilisation qui sera faite des euros récoltés.
44.570
C'est le nombre de personnes qui ont participé au Vrai débat lancé par des Gilets jaunes en réponse au Grand débat national. Terminée depuis le 3 mars, cette grande consultation a permis de récolter 25.000 propositions et 93.000 arguments. Des utilisateurs qui ont généré pas moins de 890.000 votes, selon les administrateurs de la plateforme et les chercheurs qui ont étudié toutes les données récoltées.
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C'est le nombre de listes aux élections européennes qui ont été créées par des membres de ce mouvement. La première, l'Alliance Jaune, avec à sa tête de liste le chanteur Francis Lalanne, est le fruit d'une alliance d'initiatives comptant notamment la liste Ralliement d'initiative citoyenne (RIC), dont Ingrid Levavasseur, figure médiatique des Gilets jaunes, avait pris la tête avant de se rétracter.
Autre visage médiatique de la contestation qui en a profité pour rentrer en politique : Christophe Chalençon. Après avoir quitté la liste RIC, ce Gilet jaune très controversé dans les rangs fluo a lancé Evolution citoyenne. Enfin, une dernière liste, le Mouvement pour l'initiative citoyenne, a cherché pour sa part à rallier à sa cause des Gilets jaunes, en proposant de défendre l'instauration du Référendum initiative citoyenne (RIC). Sans succès.
Des violences qui ont fait des blessés et des dégradations
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C'est le nombre de personnes qui sont mortes en marge des manifestations. Parmi eux deux Gilets jaunes qui ont succombé à une crise cardiaque et un autre percuté par un poids lourd. Mais aussi quatre automobilistes, dont les proches estiment qu'ils n'ont aucun lien avec la contestation et rejettent la faute, soit sur le gouvernement, soit sur les ronds-points bloqués. Parmi les victimes, on compte aussi Zineb Redouane, dont l'enquête est particulièrement épineuse. Les proches de cette Algérienne de 80 ans, morte à dans un hôpital de Marseille le 2 décembre après avoir été atteinte par une grenade lacrymogène alors qu'elle était dans son appartement, mettent directement en cause les forces de l'ordre.
Ces décès, principalement liés à des accidents de la route, donc, ont été rappelés à de multiples reprises par les autorités pour tenter de discréditer le mouvement et éteindre la contestation. Un lourd bilan repris également du côté des manifestants, qui s'en servent comme argument pour continuer la mobilisation. Des enquêtes restent ouvertes pour déterminer les causes de neuf des onze décès.
2.448
C'est le nombre de manifestants blessés depuis six mois, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, arrêtés au 13 mai. Selon le décompte du journaliste indépendant David Dufresne, qui recense chaque semaine les blessés à l'aide de vidéos, 24 d'entre eux ont été éborgnés et cinq ont eu la main arrachée. Un bon nombre d'entre eux, tels Jérôme Rodrigues, estiment avoir été victime d'un lanceur de balles de défense (LBD). Une arme utilisée par les forces de l'ordre plus de 13.000 fois début mars, et qui ne cesse de faire polémique de par sa dangerosité et son maniement par des unités sous-formées à son utilisation.
1.797
C'est le nombre de blessés du côté des forces de l'ordre pendant les manifestations ou en marge. Toujours selon la place Beauvau, les victimes sont principalement des policiers et des gendarmes, mais aussi quelques pompiers.
5,5 millions
C'est le montant du fonds de soutien créé en aide aux commerçants des centres-villes affectés par le mouvement. Initialement prévu à 3 millions d'euros, il a été augmenté et sera accordé à 34 communes qui en ont fait la demande. Car selon la Chambre de commerce et d'industrie (CCI), chaque samedi, les commerçants des centres-villes perdent jusqu'à 40% de leur chiffre d’affaires.
- 0,1
C'est l'effet de la contestation sur la croissance française, selon la dernière note de conjoncture de l'Insee. Un impact "relativement modéré" selon l'institut, qui est équivalent à celui de la grève de la SNCF en 2018. De son côté, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, estime plutôt que le coût des blocages et manifestations aura fait perdre 0,2 point de croissance, soit quatre milliards d'euros, répartis sur 2018 et 2019.
Sur le plus long terme, l'impact devrait cependant être positif. Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le taux de croissance du pays devrait augmenter de 0,3 point de PIB, grâce aux mesures d'urgence mises en place sous la pression de la rue. Ainsi, en 2019, dix milliards d'euros seront rendus aux ménages français, via la hausse de la prime d'activité. Un impact positif qui devrait perdurer jusqu'en 2020, avec l'annonce d'une baisse d'impôts de cinq milliards d'euros.
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