La réquisition des éboueurs à Paris, un vrai changement de donne ?

Publié le 16 mars 2023 à 11h43, mis à jour le 16 mars 2023 à 17h15

Source : JT 20h Semaine

Les milliers de tonnes de poubelles s'entassent toujours plus sur les trottoirs de Paris.
Face au refus d'Anne Hidalgo de réquisitionner des agents, le préfet de police Laurent Nuñez a annoncé son intention de le faire.
Mais cela ne va pas totalement arranger la situation.

Les poubelles devenues un objet de bataille politique. Depuis une dizaine de jours, des éboueurs de la ville de Paris sont en grève pour protester contre la réforme des retraites. Leur détermination à faire reculer l'exécutif se sent dans les rues de Paris. Dans la capitale, les trottoirs sont désormais remplis d'ordures, un festin pour les rats et un régal pour la presse étrangère.

Pour décanter la situation, le préfet de police Laurent Nuñez, sur ordre du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a demandé à la maire de Paris Anne Hidalgo de procéder à des réquisitions d'éboueurs. Ce que l'ex-candidate socialiste à la présidentielle, opposante à la réforme des retraites, a décliné. Dès lors, la préfecture a elle-même pris les devants. Mercredi soir, Laurent Nuñez a informé Anne Hidalgo de sa décision de réquisitionner des agents. Cela ne va toutefois pas tout changer.

Un nombre considérable d'agents nécessaire

D'abord, le nombre d'éboueurs réquisitionnés devrait rester faible. "Il en faut 3000 pour faire le ramassage des déchets à Paris", a pointé mercredi matin le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, sur BFMTV. Difficile d'imaginer la préfecture de police en réquisitionner autant. "Et vous faites comment pour réquisitionner les gens ? Vous allez les chercher un par un ?", a également lancé le syndicaliste. Surtout que le travail est conséquent : mercredi matin, 7600 tonnes d'ordures jonchaient les trottoirs de la capitale, selon la mairie.

Anne Hidalgo a envoyé ce jeudi "une liste d'agents de la ville" qui peuvent être réquisitionnés, a confirmé le préfet de police au conseil de Paris, qui insiste sur le fait que le ramassage respectera le droit de grève. "Je serai conduit, dans la journée probablement, à signer une décision de réquisition pour permettre d'évacuer les déchets et faire en sorte qu'un service de collecte se remettre en place."

Les centres d'incinération à l'arrêt

Mais ce ne sera pas si simple, car l'ensemble de la chaîne de traitement des déchets fonctionne au ralenti. Une fois ramassées, les ordures partent en direction des centres d'incinération pour y être brûlées. Trois sont à l'arrêt, en grève : à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Le seul en marche, celui de Romainville (Seine-Saint-Denis), est saturé. Impossible donc de brûler les déchets, même une fois ramassés. De longues heures sont nécessaires pour les remettre en route.

La justice au secours des syndicats ?

En outre, la procédure de réquisitions pourrait être ralentie par la justice. "Nous irons en référé pour attaquer les réquisitions contre les éboueurs", a prévenu mercredi soir sur BFMTV Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière. "Nous l'avons déjà fait dans les raffineries."

La galère dans les rues de la capitale devrait donc encore durer, car les éboueurs n'ont pas prévu d'arrêter le mouvement. En début de semaine, celui-ci a été reconduit "au moins jusqu'au 20 mars".


Idèr NABILI

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