Théâtres, communes, hôpitaux : face à des factures d'électricité exorbitantes, ils en appellent à l'État

par L.T. Reportage TF1 | Vincent Lamhaut, Charles Yzerman
Publié le 28 janvier 2023 à 17h34

Source : JT 13h WE

Les prix de l’énergie ont explosé depuis maintenant plusieurs mois.
Les entreprises et les commerces en sont déjà victimes, et les bâtiments publics n’y échappent pas non plus.
Des théâtres, des hôpitaux, mais aussi des communes réclament des aides de l’État.

Le théâtre de Valenciennes (Nord) est l’un des plus beaux entre Paris et Bruxelles. Beau, mais gourmand en énergie. À cause des nombreux projecteurs et du chauffage, sa facture d’énergie a été multipliée par quatre. Elle atteint désormais les 200.000 euros, soit le tiers du budget consacré à la programmation. "On n’aura pas de spectacle de septembre à décembre 2023 et, comme les programmations se préparent presque un an et demi à l’avance, on ne peut pas s’engager pour accompagner des artistes pour qu’ils répètent, pour qu’ils créent", déclare Romaric Daurier, directeur du Phénix. 

La fermeture de l’établissement aura aussi des conséquences pour les lycéens qui ne pourront plus répéter ici. "Je trouve ça super triste parce que j’ai choisi le théâtre en option. Ça me permet de décompresser et j’aimerais bien devenir intermittente du spectacle plus tard. C’est quand même super bénéfique", confie une lycéenne. 

Pour Vincent Moisselin, directeur du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), qui représente 450 structures, il manque 30 millions d’euros à tous ses adhérents rien que pour faire face à la crise énergétique, a-t-il certifié auprès de nos confrères du Monde. "Notre préoccupation majeure sera comment produire et diffuser nos spectacles à partir de septembre", s’est-il lui aussi inquiété.

Les institutions réclament des aides de l’État

Toutes les institutions, comme les communes, sont touchées. Alors, le maire d’Onnaing (Nord) a lancé une pétition. Il demande des aides de l’État, car la facture d’énergie augmente elle aussi. Elle passe de 200.000 à 600.000 euros, soit presque un an d’investissement pour cette commune de 8000 habitants. "La situation est catastrophique, s’alarme Xavier Jouanin, maire (PCF) d’Onnaing. On ne veut pas augmenter les impôts, on ne veut pas réduire les services à la population, on ne veut pas réduire nos investissements parce qu’à la fin, ce sont toujours les habitants qui trinquent". En attendant la réponse de l’État, la mairie va piocher dans sa trésorerie. 

Les hôpitaux ne sont pas épargnés non plus. Celui de Lille (Nord) est un complexe immense. Il consomme autant qu’une ville comme Lens (Pas-de-Calais). L’électricité et le gaz coûtent cette année 28 millions d’euros en plus au directeur. C’est seulement 2% du budget, mais ce n’est pas sans conséquence. "On est sur des sommes qui ne sont pas comparables au budget global, mais qui pèsent énormément sur nos marges, puisque évidemment les charges du CHU augmentent par ailleurs", expose Frédéric Boiron, directeur général du CHU de Lille. 

Des petits gestes pour réduire la facture

Pour limiter le poids des factures, pas question de réduire les effectifs ou de toucher au confort des patients. Alors, Olivier Jaeger, directeur technique du CHU de Lille, a trouvé des solutions. "On baisse d’un degré l’ensemble des températures sur tout le campus, explique-t-il. On pourrait considérer qu’un degré, ce n’est pas beaucoup, mais un degré, à l’échelle du CHU de Lille, c’est 1,2 million d’euros sur sa facture énergétique". D’autres mesures ont aussi été prises. L’eau chaude en dehors des chambres a été coupée et la moitié des lumières ont été remplacées par des éclairages LED

Il en est de même dans les plus petits hôpitaux. Ainsi, à Martigues (Bouches-du-Rhône), la facture énergétique a grimpé de deux millions d’euros, selon nos confrères d'Europe 1. Là aussi, tout geste est bon à adopter. "On passe tout en LED, on installe des détecteurs de présence dans les zones inoccupées les week-ends et la nuit, ce qui nous permet de faire la chasse au gaspi", explique Hervé Nugue, responsable technique de l’hôpital de Martigues. Selon Loïc Mondolini, le directeur de l’établissement, la situation budgétaire des centres hospitaliers pourrait devenir intenable sans aides de l’État. 


L.T. Reportage TF1 | Vincent Lamhaut, Charles Yzerman

Tout
TF1 Info