Il se lance dans une marche de 700 km contre l’homophobie : "Chaque goutte d’eau dans l’océan compte"

par Christopher QUAREZ
Publié le 2 mai 2017 à 16h35
Il se lance dans une marche de 700 km contre l’homophobie : "Chaque goutte d’eau dans l’océan compte"

MOBILISATION - Julien Mas, 34 ans, s’est lancé un défi de taille : rejoindre Montpellier au départ Paris… à pied. Cette marche solidaire de 700 km, il la mène contre l’homophobie. LCI l’a rencontré juste avant son départ, ce mardi 2 mai au matin.

Certains passent une partie de leur existence à se chercher sans savoir ce qu'ils veulent. Celle de Julien Mas, 34 ans, a pris un sens lors d'un reportage. Dans le cadre d’un documentaire, ce journaliste, animateur à la télévision, avait rencontré des homosexuels accueillis par l’association Le Refuge, qui vient en aide à des personnes isolées, rejetées par leurs familles parce qu’elles sont considérées comme différentes.

"Ils ont des parcours de vie très durs à un très jeune âge, ces personnes m’avaient marquées", nous raconte-t-il. Les mois passent puis lui est venue cette idée : "Dans une période où je faisais beaucoup de sport, j’ai fait une performance et je me suis dit qu’il fallait que je cours pour une bonne raison.  J’ai repensé à ces jeunes du refuge…". Au terme d’un mois de préparation intense, "j’ai pas mal couru, fait de longues marches, beaucoup de sport". Julien s’est finalement élancé ce mardi  2 mai dans la matinée au départ de Paris. Direction Montpellier, où se trouve le siège de l’association. Le parcours prendra fin le 1er juin prochain.

Il n'y a pas de cause qui me tient plus à coeur
Sylvain, professeur à la retraite, héberge Julien

Au total, 26 étapes sont prévues dans des villes de France plus ou moins importantes : Vichy, Montargis, Nevers, Le Puy-en-Velay… À chaque étape, Julien sera hébergé chez l’habitant. "Il y a des profils très variés, des homosexuels, des hétéros", nous explique le coureur qui note une "bienveillance" et un "élan de solidarité". Sa première nuit, il la passera chez Sylvain, un professeur à la retraite : "En tant qu’enseignant, j’étais au contact des jeunes et l’idée qu’ils soient éloignés de leur famille ça me choquait. Il n’y a pas de cause qui me tient plus à cœur", nous confie-t-il. 

Les mairies, entre enthousiasme et refus

Une solidarité qui n’est pas forcément présente du côté des mairies sollicitées pour organiser des conférences autour du sujet. "Certaines ont été enthousiastes avec une volonté de m’aider. D’autres ont répondu de manière laconique", explique Julien. C’est le cas de Nemours en Seine-et-Marne. La commune, qui compte 12.000 habitants, a adressé un courrier à l’association affirmant qu’elle ne disposait pas du matériel suffisant et de salle capable d’accueillir 30 personnes. "Par rapport à d’autres villes plus petites qui ont fait l’effort...", s'exaspèrent les organisateurs. "D’autres n’ont tout simplement pas répondu", ajoute le sportif. Pour l’heure, seuls six débats, sur les 26 villes visitées, sont prévus autour de la diffusion d’un documentaire réalisé par Sonia Rolland et Pascal Petit, "Homosexualité : du rejet au Refuge". 

Chaque goutte d’eau compte dans l’océan
Julien Mas

Il en faudra plus pour stopper Julien dans sa course. Et pour que le message de tolérance passe au plus grand nombre, quiconque souhaite se joindre à la marche est le bienvenu : "Il y a déjà des demandes de petits bouts de marche à mes côtés", nous affirme-t-il. Mais au fond, cette action va-t-elle vraiment changer la façon de penser ? Julien a sa réponse : " J’aurai ce vœu pieux dans la réalité. Je sais que ça ne va pas changer les choses. Ce dont je me rends compte chez les sympathisants c’est qu’ils prennent conscience de la difficulté que c’est d’être homosexuel. Il y a une prise de conscience de leur part. Mais atteindre des gens opposés à toute idée de l'homosexualité, ça demande beaucoup plus de temps et de moyen. Mais chaque goutte d’eau compte dans l’océan…". Nous lui souhaitons bonne chance dans cette aventure.


Christopher QUAREZ

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