VIDÉO - "Je vais te tuer, te crever les yeux": Laura Rapp raconte ses années de calvaire avec son ex-compagnon

Publié le 3 septembre 2019 à 15h34, mis à jour le 3 septembre 2019 à 16h13

Source : TF1 Info

TÉMOIGNAGE - Invitée de LCI, Laura Rapp a raconté les violences conjugales qu'elle a subies alors que s'ouvre ce mardi le Grenelle contre les violences conjugales. Pendant pratiquement quatre ans, elle a subi les coups, les insultes et a frôlé la mort. Un témoignage très fort.

Alors que s’ouvre ce mardi le Grenelle contre les violences conjugales, Laura Rapp, victime d’un compagnon violent, est venue sur le plateau d’Audrey & Co pour témoigner de l’enfer qu’elle a vécu après s'être mise en couple avec un collègue de travail en 2013. Très amoureuse, elle est très rapidement confrontée à la violence de cet homme. Il commence seulement après quelques mois de relation à régulièrement l’insulter "sous l’emprise de l’alcool",  "à casser des objets" et à la gifler. Elle raconte qu’au début "elle excuse" les gestes de son compagnon.

Une montée graduelle dans la violence

Peu de temps après, les gifles deviennent des coups mais Laura "refuse" de parler de violences conjugales. Au printemps 2014, des voisins de la jeune femme préviennent la police suite à ses cris. Mais elle raconte "avoir minimisé" face aux policiers. Elle le quitte finalement en septembre 2014. "Ça me fait mal au cœur mais je n'en pouvais plus, je souffrais, je l'ai quitté mais je l’aimais encore", raconte-t-elle.

Quelques mois après, "il est revenu en s’excusant, en me disant qu’il allait changer (…) qu’il regrettait ce qu’il m’avait fait (...) Je l’aimais, je l’ai cru", dit elle. Le couple file à nouveau le parfait amour et Laura tombe enceinte. Malheureusement, l’enfer reprend à son 5ème mois de grossesse. "Être enceinte et prendre des coups, il peut y avoir des conséquences dramatiques. Mais je me suis mise dans un déni complet jusqu’à mon accouchement", reconnait elle.

Malgré la naissance de sa petite fille, la situation s’aggrave. "Avec la naissance, tout s’est accéléré (…) J’avais un enfant avec lui donc je lui appartenais, il n’y avait plus d’excuses. On est monté dans les insultes, dans la violence", dit-elle.

En mars 2017, Laura est agressée par son compagnon au domicile de sa mère. "Je lui ai fait une réflexion et il m’a sauté dessus, il m’a étranglée. C’était très violent. C’est les voisines au-dessus qui ont frappé (à la porte, ndlr), qui ont hurlé en disant d’arrêter et qui ont dit qu’elles avaient appelé la police", raconte Laura. Malgré le ton "virulent" des policiers l’incitant à aller au commissariat pour déposer plainte, Laura n’a pas eu le courage. "J’avais peur pour ma fille (…) J’avais un sentiment que la justice n’allait pas me protéger", dit-elle.

En novembre 2017, la police intervient une troisième fois au domicile du couple. Ce soir-là, il rentre ivre à leur appartement. Laura demande à son compagnon de quitter les lieux, ce qu’il refuse. Laura repart alors se coucher avec sa fille, qui souffrait "de gros problèmes de sommeil" à cette époque. Là, il leur verse "une bouteille d’eau" à la figure ce qui force Laura à appeler ses parents pour les prévenir. La situation prend alors une toute autre tournure. "Il a pris son club de golf, j’avais ma fille qui hurlait dans les bras, il me l’a collé sur la tête, il m’a dit ‘je vais te tuer, je vais tuer ta mère, ton père'", confie-t-elle très émue. Ce qu’il ne sait pas à ce moment-là, c’est ce que les parents de Laura sont en route et qu’ils ont prévenu la police. Arrivés sur place, les policiers invitent l’homme à quitter les lieux.

Malheureusement, il revient vite et l’enfer reprend. Se sachant "démasqué" auprès des parents de Laura, il la menace : "Il m’a dit ‘je vais te tuer. Si tu oses parler à un de tes collègues et que je me retrouve en garde à vue, t’es morte, je vais te crever les yeux’".

L’horreur atteint son paroxysme dans la nuit du 16 au 17 avril 2018. "Cette nuit-là, il a mis à exécution ses menaces, dit-elle. (…) Il m’a sortie du lit, il m’a projetée et il m’a dit ‘je vais te tuer’. Là, ça a été des étranglements à répétition. (…) J’ai vu la mort dans les yeux de ma fille". Par chance, des voisins frappent à la porte et appellent la police. Le compagnon de Laura prend la fuite mais il est rapidement arrêté et placé en garde à vue pour tentative de meurtre. De son côté, Laura porte plainte. 

Le 14 février 2019, il est libéré dans l’attente de son procès. "Pour moi, c’était impensable qu’il sorte, surtout sans bracelet électronique", raconte-t-elle. Au vu de son contrôle judiciaire, "une blague", selon elle, Laura est persuadée que son ex-compagnon ne le respecte pas. Par l’intermédiaire de son avocate, elle lance un appel à la juge d’instruction, qui ne lui a "jamais répondu". Pour elle, la juge d'instruction "a voulu donner un permis de tuer".

Très inquiète qu’il revienne et se sentant abandonnée, Laura décide alors de raconter son calvaire sur les réseaux sociaux. Le 14 mai 2019, elle publie son histoire sur Twitter. Une semaine après, son ex-compagnon est remis en prison"pour toutes les infractions qu’on dénonçait depuis deux mois et demi avec mon avocate".

Mardi 3 septembre, elle participe au Grenelle contre les violences conjugales organisé par le gouvernement pour témoigner de son enfer et aider d'autres femmes. 


Antoine LLORCA

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