LIBRE - Le journaliste Loup Bureau, sous le coup d'une expulsion après plus de 50 jours de détention en Turquie, est arrivé à Paris. Épuisé, il a pu retrouver sa famille et ses amis après avoir été accueilli par la ministre de la Culture, Françoise Nyssen.
"Je me sens très soulagé. Jusqu'à ce matin, je n'étais pas certain de partir. J'avais peu d'informations''. Ce sont les premiers mots du jeune Loup Bureau devant les journalistes, lors de son arrivée à Paris ce dimanche. Le reporter indépendant de 27 ans, accusé par Ankara d'appartenance à "une organisation terroriste armée", vient de passer 51 jours dans les prisons turques. Il a été mis dans un avion à Istanbul et a décollé à 6 h 13 locale.
A Paris, l'attendaient son père, sa petite amie, des comités de soutien, et la ministre de la Culture Françoise Nyssen. C'est Christophe Deloire, secrétaire général de Reporter sans frontière, qui l'a annoncé le premier sur Twitter : Loup Bureau a atterri à Roissy un peu avant 9 h.
Je suis très fatigué mais très content d'être là"
Loup Bureau
Loup Bureau a d'abord été transporté hors du regard des caméras du tarmac au pavillon d'honneur en minibus. Sa famille, ses amis et la ministre de la Culture Françoise Nyssen sont sortis pour l'accueillir. Cette arrivée a donné lieu à des scènes d'accolades et d'embrassades. Il a ensuite fait une brève allocution devant les journalistes. L'air fatigué, ce qu'il a confirmé : "Je suis très fatigué mais très content d'être là", a-t-il dit, ajoutant qu'il avait été "jusqu'au bout dans l'incertitude de pouvoir partir". Les conditions de détention étaient au départ "un peu compliquées" mais "à partir du moment où Emmanuel Macron a annoncé qu'il demandait ma libération, il y a eu des changements".
Devant les micros, son père a aussi parlé de son fils : "Psychologiquement, il était sur la brèche", a-t-il dit. "Lors de sa garde à vue, il a été traité comme un prisonnier kurde, il a subi des sévices. Jusqu'à Istanbul, il n'a pas dormi et a été mis dans un endroit de grande misère humaine."
Son avocat français Martin Pradel avait indiqué samedi que le journaliste, dont la libération a été annoncée vendredi, avait quitté Sirnak, ville du sud-est de la Turquie où il était resté détenu 51 jours, pour se rendre à Diyarbakir, et ensuite gagner Istanbul, puis Paris, très probablement dimanche matin.
Cette libération, intervenue dans la foulée d'une visite du chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian à Ankara, est "un grand soulagement", s'était "réjoui" Emmanuel Macron. Fin août le président français avait demandé sa "libération rapide" à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Interrogé sur une éventuelle contrepartie à cette libération, l'avocat avait déclaré: "Je n'ai aucune raison de le penser". "Simplement faire comprendre aux autorités turques tout le tort qu'elles se faisaient en persistant à emprisonner un journaliste français (...) a pu être suffisant", avait-il dit.
Le journaliste avait été interpellé le 26 juillet à la frontière turco-irakienne, après la découverte en sa possession de photos le montrant en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG (mouvement considéré comme une émanation du PKK et donc comme "terroriste" par Ankara). Ces images datent, selon sa défense, d'un reportage sur les conditions de vie des populations syriennes réalisé en 2013 et diffusé sur TV5 Monde. "Tout a basculé au milieu de la semaine dernière avec l'acte d'accusation et la fixation d'une audience", a expliqué Me Pradel, le dossier étant alors transféré à un juge.
(Ci-dessous, la réaction de son père, lorsqu'il a appris sa libération)
"Le juge a immédiatement voulu recevoir Loup et a immédiatement statué sur la question de sa libération, alors que par ailleurs l'enquête se poursuit", a ajouté l'avocat. Loup Bureau "a toujours au-dessus de lui un risque de condamnation, une condamnation extrêmement grave puisque cela voudrait dire que Loup est un terroriste".
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