"Je n’avais pas de solution" : la Belgique, un refuge pour les recalés de Parcoursup

Léa Tintillier | Reportage vidéo Marie Croccel, Florence Couturon
Publié le 5 avril 2022 à 9h43

Source : JT 13h WE

La Belgique accueille chaque année dans ses écoles et ses universités 17.000 étudiants français.
Un exode de jeunes élèves qui n'arrivent pas à trouver de place en France.
TF1 est allé à leur rencontre.

À l’université libre de Bruxelles, un étudiant sur huit est Français. En cinq ans, leur nombre a bondi de 25%. Parmi eux, Maria et son petit groupe d’amis, tous inscrits en master de sciences politiques. La plupart sont expatriés malgré eux. "J’ai quand même postulé à quinze masters avec une mention bien et je trouve ça assez dommage de ne pas être prise dans aucun master en France et de devoir partir à l’étranger", se désole Maria. 

En France, il n’y a pas de place, même pour les bons élèves. "On a des centaines de places en licence et tu passes en master, il n’y a que 25 places. Forcément, c’est une sélection qui est archi-dure : 20 personnes sur 1000 ou 2000 demandes, c’est évident qu’ils ne prennent que les meilleurs des meilleurs", affirme à son tour Mathilde. "Ici, c’est un système qui est un peu différent. C’est un système où on est à peu près 200 par master, donc c’est beaucoup plus ouvert à tous, mais la sélection se fait un peu sur la longueur et je trouve que le système français ne laisse pas forcément la chance à tout le monde", ajoute Nicolas. 

En Belgique, la sélection s’opère en cours de cursus par les examens et pas à l’entrée. C’est toute la différence. Le système français est-il trop sélectif à l’entrée ou les recalés des facultés françaises pêchent-ils vraiment par leur niveau ? "L’expérience, en termes d’évaluation, montre que les étudiants français ne sont pas du tout moins bons que les autres, donc on n’a pas du tout l’impression ici d’avoir des espèces de rebuts d’un système français. Effectivement, on peut quand même exprimer un certain étonnement", répond à TF1 Olivier Corten, professeur de droit international public à l’université libre de Bruxelles. 

17.000 étudiants français en Belgique

Cette situation peut aussi inquiéter. Car la qualité de l’enseignement belge pourrait à terme souffrir d’engorgement. Dans le pays, il n’y a ni barrières, ni quotas d’étudiants étrangers, sauf dans certaines filières médicales et paramédicales. "En Belgique, on a la chance de pouvoir choisir ce qu’on veut alors forcément, c’est mieux de venir en Belgique plutôt que d’avoir une filière imposée", admet une étudiante belge. 

Rachel, jeune Française, en sait quelque chose. Déboutée de Parcoursup, elle a cru devoir abandonner ses rêves de réorientation en psychologie. "La seule solution que j’avais, c’était la fac privée La Catho. Mais elle était à 5000 euros et ce n’était vraiment pas dans mes moyens. Au final, je n’avais pas de solution pour mes études", témoigne-t-elle dans le reportage en tête de cet article.  

L’enseignement supérieur ouvert à tous est une question de principe pour la rectrice de l’université libre de Bruxelles. Mais la Belgique ne peut financer indéfiniment ces étudiants français. Chaque année, elle dépense 150 millions d’euros. "Soit l’État français réfléchit sur ses règles d’accès à l’enseignement supérieur, soit il réfléchit à participer au financement des études en Belgique, sachant que l’an dernier, il y avait 17.000 étudiants français en Belgique", soutient Annemie Schaus. Soit près de 10% des étudiants des universités francophones. 


Léa Tintillier | Reportage vidéo Marie Croccel, Florence Couturon

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