La réforme des retraites est-elle injuste ? François Lenglet décrypte

Nombreux sont les opposants à la réforme des retraites à souligner l'importance de la pénibilité au travail, arguant que le texte est injuste à ce titre au moins. Mais au sens strict, il ne l'est pas, explique François Lenglet. Car la réforme prévoit quand même plusieurs amortisseurs. 

D'abord, un dispositif de carrière longue étendu qui permettra à ceux qui ont commencé tôt de partir entre 58 et 62 ans. Ensuite, un départ anticipé pour les nombreux salariés déclarés inaptes. Ça n'avait pas été le cas lors de la réforme de 2010. Enfin, la réforme épargne les carrières incomplètes qui partiront, comme aujourd'hui, à 67 ans. 

Au total, près des trois quarts des salariés modestes pourraient être protégés par la réforme, selon une étude de l'Institut des politiques publiques. Et au moins 40% des Français bénéficieront d'une retraite anticipée.

Néanmoins, si elle n'est pas injuste, cette réforme n'est pas indolore non plus, souligne notre spécialiste économie. Car il y a des Français qui la subiront : ceux qui ne peuvent prétendre ni à la carrière longue ni à la pénibilité. Par exemple, un employé de bureau qui travaille depuis l'âge de 20 ans devra cotiser 44 années. 

En outre, ils subissent un flou sur le mécanisme de pénibilité qui évaluera les dégâts sur la santé que provoque l'exposition aux bruits ou le port de charges lourdes. Pour ne pas créer de régimes spéciaux, le gouvernement veut procéder de façon individuelle, avec une visite médicale pour chacun dès 45 ans. Il s'agit sans doute une usine à gaz qu'il faudra des années à construire, conclut-il.