La renaissance de la coquille Saint-Jacques

Publié le 19 décembre 2020 à 20h17, mis à jour le 20 décembre 2020 à 0h22

Source : JT 20h WE

La coquille Saint-Jacques sera certainement l’une des stars de nos tables de Noël. Et pourtant, elle a bien failli disparaître de nos assiettes dans les années 90. Les pêcheurs ont donc décidé de la sauver. Et sa population a doublé en 2020.

Après plusieurs heures de navigation au large des côtes normandes, le chalutier arrive sur la zone de pêche du jour. A partir de maintenant, le rythme s’accélère à bord. Les lourdes armatures métalliques vont racler le fond pendant vingt minutes, mais pas n’importe où, car il y a une zone interdite. « C’était la zone où il y avait le plus de petites coquilles, donc on a voulu les laisser tranquilles pour l’année prochaine », explique Xavier Hauchard, patron pêcheur. Et ce n’est pas la seule règle. Tout est réglementé afin de préserver la ressource : les jours, les heures, la durée, la quantité et la taille de chaque coquille. Et pour cause, la filière était en péril il y a quelques décennies. « Dans les années 90, on travaillait une semaine, 15 jours maximum et après, il n’y avait plus rien à pêcher, c’était terminé », confirme Xavier Hauchard, patron pêcheur.

Aujourd’hui, c’est le contraire. La pêche a été bonne et c’est presque tous les jours le cas, grâce à ces nouvelles méthodes de pêche et au réchauffement des eaux de la Manche qui favorise la reproduction. En vingt ans, la quantité de Saint-Jacques a été multipliée par dix. Les pêcheurs ont mis ces mesures en place au début des années 90. Depuis, ils organisent eux-mêmes la surveillance. Conscients que si la Saint-Jacques disparaissait, eux aussi étaient menacés. « On est passé par des réunions difficiles, houleuses. Dans la profession, il y a des gens un peu rugueux, mais on a réussi à convaincre. Ils ont bien compris que leur avenir dépendait d’une bonne gestion de la coquille », explique Dimitri Rogoff, président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Normandie.

La preuve est au fond de l’eau. Lorsque les scientifiques comptent les coquilles, il y en a une tous les 10 000 m² en Grande-Bretagne, là où aucune mesure n’a été prise. Chez nous, là où la pêche est encadrée, c’est une par mètre carré. Aujourd’hui, même les scientifiques sont rassurés pour l’avenir. « Ici, les chances de reproduction sont bien plus élevées. Si on augmente la densité, on est à peu près sûr qu’on va augmenter les chances d’avoir des successions de bonnes générations », explique Eric Foucher, chercheur à l’IFREMER. Car au-delà d’une espèce, c’est une économie qui était menacée. La coquille fait vivre près de 3 000 marins.


La rédaction de TF1info

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