La visite du souverain pontife à Marseille, qui a débuté vendredi, a nécessité des mois de préparation, mais aussi des millions d'euros à mettre sur la table pour assurer l'organisation et la sécurité de l'évènement.Des sommes alignées en partie par le diocèse de la cité phocéenne, qui compte sur les dons des fidèles pour amortir ses dépenses.Des entreprises privées ont aussi pris part au financement de cette venue historique.
Des centaines de milliers de personnes attendues, une messe géante, un tour en papamobile sur l'avenue du Pharo... Pendant deux jours, Marseille vit au rythme de la visite historique du pape François, arrivé vendredi, une première depuis près de 500 ans dans la cité phocéenne. Pour organiser et garantir la sécurité de cet évènement inédit, au retentissement international, des moyens colossaux ont été mis sur la table, financés pour une grande partie par le diocèse, qui compte sur les dons des fidèles, et la participation de mécènes privés.
Si le montant de l'enveloppe finale n'est pas encore connu, le diocèse avançait il y a quelques semaines une estimation de 2,5 millions d'euros nécessaires pour mener à bien cette visite, comme expliqué dans la chronique en tête d'article. Sur ce budget global, 800.000 euros devraient être consacrés au temps fort de ces deux jours, la messe titanesque donnée ce samedi après-midi par le souverain pontife au Vélodrome, qui devrait rassembler 60.000 fidèles. C'est autant d'hosties à préparer, pour le temps de communion. De manière générale, il faut aussi assurer le coût de la location du lieu, l'organisation logistique de l'office et la sécurisation de toute la cérémonie.
Jusqu'à 500.000 euros à collecter pendant la messe
Sans oublier des frais supplémentaires liés à la spécificité du lieu, un stade, qui accueillait deux jours plus tôt seulement le match de Coupe du monde de rugby entre la France et la Namibie. L'Olympique de Marseille, club de football résident du Vélodrome, "a des exigences pour protéger la pelouse", a par exemple précisé à France 3 le diocèse de la cité phocéenne. "Il faudra également installer un autel et aménager un accès pour que le pape puisse y accéder", a-t-il aussi relevé.
L'institution religieuse compte donc sur les croyants pour amortir les coûts. Mais jusqu'alors, à la veille de l'arrivée du pape François, les dons des particuliers ne montaient qu'à 100.000 euros, selon Le Monde. Le diocèse mise ainsi sur la quête géante qui sera organisée pendant la messe, et estime que 250.000 à 500.000 euros pourraient être collectés, des versements facilités notamment par la mise en place de paiements sans contact.
Les contribuables ne devraient en revanche pas être contraints de mettre au pot. "Quand le pape me demande le Pharo, je lui facture le Pharo. Quand le pape veut aller au stade Vélodrome, on lui facture le stade Vélodrome. Il n'y a pas d'argent public dans tout ça", a assuré vendredi dans le 13H de TF1 le maire de Marseille divers gauche, Benoît Payan. "Bien au contraire, le pape a cherché des mécènes, des gens qui ont pu lui donner de l'argent. Le pape et le Vatican ont mis les deniers du culte (les dons des fidèles, NDLR) dans la location de tous ces événements, de toutes ces infrastructures", a-t-il insisté, soulignant toutefois que "ce n'est pas parce qu'on lui facture les choses qu'on ne va pas l'accueillir avec dignité".
Des mécènes privés mettent au pot
Outre les offrandes des croyants, les organisateurs s'appuient en effet également sur des soutiens privés, sorte de sponsors de la venue du pape. Selon Le Monde, la moitié du coût des festivités a aussi été financée par une quarantaine d'entreprises. À commencer par un premier mécène, homme d'affaires incontournable de la cité phocéenne : Rodolphe Saadé, PDG de la société de fret CMA-CGM. En 2022, cet armateur français avait réalisé des bénéfices net colossaux de 23,5 milliards d'euros, un record.
Premier employeur privé de la ville, l'entrepreneur est par ailleurs partenaire principal de l'OM et patron de presse, à la tête de Corse-Matin, La Tribune et La Provence. Via sa société, il finance une étape-clé de la visite : la déambulation le long de l'avenue du Prado à bord de sa papamobile, dont il assurera à la fois la sécurisation et la rediffusion de l'évènement sur écrans géants. Sans ce financement, cette étape aurait pu être annulée, faute de moyens. C'est en annonçant sa participation que Rodolphe Saadé a entraîné, dans son sillage, plusieurs autres entreprises, comme le groupe McCourt Global, à la tête de l'OM, ou encore Sodexo, un géant de la restauration collective, un apport crucial pour financer la visite.
À noter toutefois que la sécurisation globale de la visite du souverain pontife reste prise en charge par l'État et la ville. Au total, 5000 policiers et gendarmes et un millier d’agents de sécurité privé sont mobilisés au cours de ces deux jours.
Par ailleurs, les investissements consacrés à ce week-end pourraient être amortis par les retombées économiques de l'évènement, de portée internationale. La visite du Saint-Père devrait permettre de doper l'activité dans la cité phocéenne, notamment touristique, puisque quelque 350.000 personnes sont attendues sur les deux jours. Cet afflux de visiteurs a déjà fait bondir le prix de réservation dans les hôtels, par exemple.