Le poulpe est un plat traditionnel méditerranéen, mais avec le réchauffement climatique, sa population est en train de disparaitre des fonds marins.Ce qui fait grimper les prix.
C'est une star en Crète. Séché au bord de la mer, à l'ardoise des tavernes ou encore dans les magasins de souvenirs, le poulpe est partout. Dans le petit village de pêcheurs d'Elounda, situé sur la côte nord de l'île de Crète, c'est même un emblème que les restaurateurs exposent sur un fil de fer pour attirer à coup sûr les clients.
Proposé grillé, en ragoût, à l'huile d'olive, en salade, ce mollusque est sur toutes les tables et les touristes en raffolent. "C'est un peu caoutchouteux, mais quand c'est grillé, c'est d'une grande finesse", se réjouit l'un d'eux dans la vidéo du JT de 20H de TF1 en tête de cet article. "C'est très gouteux. Avec un petit peu d'ail, c'est vraiment délicieux", renchérit une autre.
Jusqu'à 50 euros le plat
Mais dans les cuisines, l'heure n'est plus à la fête. Les restaurateurs sont inquiets, car le poulpe est devenu en quelques années une denrée de plus en plus recherchée. "Aujourd'hui, on n'en a plus assez pour tous nos clients. C'est de plus en plus difficile de s'approvisionner. Avant, on était à 13 euros le plat, maintenant, on est obligé de monter jusqu'à 50 euros", prévient Nikos Sfyrogiannakis, propriétaire de la taverne Fish Nikos.
Ce mollusque à tentacules est-il en train de se transformer en produit de luxe ? Pour comprendre cette situation, il faut partir en mer Égée, berceau des céphalopodes. Dans ses filets, un pêcheur remonte ce matin-là, des soles, des poissons de roche, mais pas de poulpes. "On en pêche beaucoup moins qu'avant car ils ne se reproduisent plus. Il y a une invasion de nouveaux poissons qui mangent les œufs ; il n'y a plus de poulpes", explique Stavros Marnelos.
Un poisson de l'Océan Indien est arrivé récemment en mer Égée via le canal de Suez, en raison du réchauffement climatique. C'est le nouvel ennemi des pêcheurs crétois. "C'est le Cephalus. Avec ses dents, il dévore les œufs. C'est une hécatombe et cela nous inquiète beaucoup", ajoute le pêcheur. Résultat, l'équilibre entre l'offre et la demande est de plus en plus difficile à trouver pour les professionnels. Du coup, à chaque fois qu’un poissonnier est livré, c'est un petit événement. "Pour satisfaire nos clients, on essaie de faire des stocks pendant la saison de pêche, avant l'été. On congèle comme les restaurateurs pour en avoir toute l'année, on n'a plus le choix", admet l'un d'eux.
Chaque année, 130.000 tonnes de poulpes sauvages sont consommés en Europe, c'est deux fois plus qu'il y a dix ans. La pieuvre disparaît en Grèce. Mais pour faire face à la demande mondiale, une ferme d'élevage intensif verra le jour en 2023 sur les îles Canaries, à 5 000 km de son milieu d'origine.
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