Faut-il conditionner le RSA à une reprise d’activité ?L'idée de campagne controversée du candidat Macron refait surface dans le débat public.Ce système de contrepartie va être testé dans certains territoires.
C'était une promesse inscrite au programme du candidat Macron à la présidentielle. Le gouvernement d'Élisabeth Borne entend débuter dès cet automne le chantier de la réforme du Revenu de solidarité active, en lançant une expérimentation dans plusieurs territoires français. À terme, les allocataires du RSA verraient son versement conditionné à des heures de travail hebdomadaires.
En Ardèche, Cédric, un ancien bénéficiaire du RSA, témoigne de son inquiétude dans le reportage en tête de cet article. Sa compagne perçoit toujours cette allocation, que le président de conseil de leur département envisage soumettre à dix heures de travail par semaine. "On a un enfant qui a une pathologie et qui a besoin de soins, donc il a besoin que sa mère soit là pour l'aider", explique Cédric, "ce serait impossible qu'elle reprenne le travail du jour au lendemain". A priori, sa femme ne sera pas concernée par ce nouveau dispositif local, qui prévoit d'exempter les bénéficiaires "les plus éloignés de l'emploi", soit environ un tiers d'entre eux.
Ceux qui retrouveraient un CDD d'au moins un an, ou un CDI, recevraient une prime ponctuelle de 200 euros. Une somme loin d'être suffisante, selon Hervé, un autre bénéficiaire. "Il y a plein de gens au RSA qui n'ont pas de véhicule", rappelle-t-il, "et si on doit manger entre midi et deux, cela va coûter des frais en plus".
Un RSA sous conditions existe déjà dans le Haut-Rhin, mais seulement sur la base de volontariat, et à raison de sept heures par semaine. Un dispositif pas vraiment efficace, puisque seuls 3% des bénéficiaires se sont manifestés.
Test à grande échelle cet automne
Celui sur lequel planche le gouvernement serait obligatoire, mais régulé par un contrat de travail. Un premier test devrait débuter cet automne dans plusieurs départements. Parmi les candidats, il y a celui de l'Essonne, dont l’objectif est de trouver de la main d'œuvre pour les secteurs en tension, comme le BTP ou la restauration. "Le travailleur social est capable de dire au bénéficiaire du RSA 'là ça y est, vous y êtes', vous pouvez reprendre une activité", estime le président du conseil départemental, François Durovray. Selon lui, en cas de refus de l'allocataire, un dialogue serait engagé et, en ultime recours, une sanction serait prise contre lui.
Pour certains économistes, comme Henri Sterdyniak, offrir aux allocataires du RSA "des emplois à temps très partiel et sous-payés n'est pas une solution durable pour eux". Il estime qu'il faut "les aider à retrouver un emploi normal". Le RSA avait récemment été épinglé par la Cour des comptes pour l'inefficacité de son accompagnement en vue d'un retour à l'emploi. Selon son étude publiée en janvier dernier, seuls 34% des bénéficiaires avaient retrouvé un emploi au bout de sept ans, dont un tiers de façon stable.