EN CRISE - 76 millions d'euros d'aides supplémentaires pour le secteur du vin. Le Premier ministre l'a annoncé ce mercredi lors du visite dans le Cher. Il faut dire que la viticulture a particulièrement souffert de la crise sanitaire, avec notamment des problèmes de trésorerie et de stocks.
Un "effort de solidarité" : en débloquant près de 80 millions d'euros supplémentaires pour les viticulteurs, Jean Castex, en visite ce mercredi dans le Cher, espère atténuer les effets d'une crise sanitaire et économique qui éprouve durement la filière à l'heure des vendanges.
Depuis les vignes de Menetou-Salon et Sancerre, le Premier ministre, accompagné du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, a voulu se porter au chevet de cette "viticulture dynamique, viticulture exportatrice qui paye un lourd tribut à la situation". Après les 170 millions d'euros accordés en mai, le gouvernement a gonflé l'enveloppe de 76 millions pour la porter à 246 au total, ce que le Premier ministre a avantageusement arrondi à 250 devant la presse.
Trop de stocks à écouler
En Alsace, par exemple, on croyait pourtant que 2020 serait une bonne année. "Le potentiel de récolte est magnifique. Je pense qu'il y aura moyen de faire des très grands vins", se félicite Claude Weinzorn, viticulteur au Domaine de l'Oriel, à Niedermorschwihr, dans le Haut-Rhin. Mais la crise sanitaire a mis un coup d'arrêt à ses ambitions, car trop de stocks à écouler et des ventes en baisse. "C'est du jamais vu, parce qu'on n'a jamais passé une période de plus de deux mois sans voir personne. Ca fait quelques milliers de bouteilles qui ne sont pas parties. Pour une exploitation familiale comme la nôtre, c'est beaucoup", dit-il.
Une période d'autant plus difficile sans les traditionnelles réunions de famille, et surtout des restaurants fermés qui n'achètent plus de vin. A l'image du chef du restaurant Caveau Morakopf qui a dû réduire de moitié son stock de bouteilles. "Après le confinement, on a fait avec le stock qui restait. Et après, au fur et à mesure on a racheté mais en petite quantité", souligne Lukas Edl.
Un milliard d'euros de pertes
En France, on estime le manque à gagner de plus d'un milliard d'euros pour la filière. Les viticulteurs payent aussi les sanctions américaines prononcées fin 2019 sur les vins de moins de 14 degrés (hors vins à bulles), en représailles à un différend commercial entre Airbus et Boeing. Résultat : plus de taxes et moins d'exportations.
Les 246 millions d'aides annoncées par le gouvernement sont donc jugées insuffisantes. "La viticulture française a été un des grands oubliés des aides nationales, donc en 2020 on va essayer de limiter les dégâts. On espère que les marchés pourront reprendre après les vendanges, aussi bien à l'export que le tourisme", avance Alain Renou, le directeur du syndicat des vignerons indépendants d'Alsace.
Les viticulteurs craignent désormais l'annulation des salons des vins à l'automne. Un rendez-vous obligatoire pour sauver la saison.