VIDÉO - "Un enfer" : le ras-le-bol des Marseillais face à la grève des éboueurs

TF1 | Reportage P. Lefrançois, H.P Amar
Publié le 10 décembre 2021 à 14h44

Source : JT 20h Semaine

MOUVEMENT SOCIAL - Après un très court répit, la grève des éboueurs a repris à Marseille. À l'approche des fêtes, les riverains comme les commerçants ne cachent plus leur exaspération.

Les Marseillais n'en peuvent plus. Les tas d'ordures s'accumulent chaque jour un peu plus depuis deux semaines dans les rues. Depuis mardi soir, tout le centre-ville déborde aussi et la grève des éboueurs s'est durcie : "C'est triste, ça pue, ça pollue, c'est un enfer", assure une riveraine, interrogée dans notre sujet. 

À l'approche des fêtes, les commerçants qui reçoivent beaucoup plus de marchandises que d'habitude ne savent plus comment faire. Corinne Pellegrini, présidente de l'association des commerçants dans le quartier de Saint-Barnabé, garde les cartons vides à l'intérieur de sa boutique de décoration pour ne pas en rajouter dans la rue déjà bien obstruée : "On a investi dans beaucoup d'illuminations pour que tout se passe bien dans le quartier", dit-elle. "Le soir, quand vous regardez les illuminations, vous avez les rats qui vous passent entres les jambes", déplore-t-elle. Les commerçants d'un quartier envisagent même de faire appel à une entreprise de ramassage privée pour ne pas gâcher cette période festive. "C'est même dangereux pour les passants, c'est une horreur", assure l'un d'eux dans notre reportage.

La métropole réclame "un service minimum"

Face à la généralisation de la grève des éboueurs de Marseille liée à l'application des 35 heures, la métropole a réclamé jeudi "un service minimum" pour la collecte des déchets pendant les négociations, menaçant de recourir à la "réquisition". Le syndicat FO, majoritaire à la métropole Aix-Marseille-Provence, s'est associé mercredi à la grève des éboueurs à Marseille, initiée par la CGT fin novembre, rejointe par la suite par l'Unsa et la FSU. "La collecte est totalement paralysée aujourd'hui dans les rues de Marseille", a constaté dans un communiqué l'établissement public, dirigé par la LR Martine Vassal qui regroupe 92 communes, soit 1,86 million d'habitants. "Si la collecte ne s'améliore pas, avec un service minimum, alors que les négociations se poursuivent, nous devrons avoir recours au soutien des forces de l'ordre et à la réquisition pour ne pas pénaliser les Marseillais et les commerçants à l'approche des fêtes de fin d'année", a prévenu la collectivité.

Tous les représentants syndicaux ont à nouveau été reçus jeudi matin par le conseiller de la métropole en charge des négociations, a rappelé la collectivité, s'étonnant que "le mouvement de grève (se soit) durci cette nuit avec le blocage des dépôts et des centres de transfert".  La métropole estime donc que "les Marseillais ne comprendraient pas que la situation s'aggrave et que les ordures continuent à s'accumuler dans les rues" alors qu'elle "insiste auprès de la préfecture pour faire reconnaître la pénibilité des métiers de la collecte".  La métropole a mis en place une trentaine de caissons temporaires sur Marseille afin de réduire le surplus des 200 tonnes de déchets actuellement déposées sur la voie publique. La précédente grève des éboueurs, déjà liée à l'application des 35H, avait durée une semaine fin septembre. 

L'accumulation des déchets dans les rues de Marseille, couplée à un épisode de vigilance rouge aux précipitations, avait provoqué une catastrophe écologique, avec des milliers de tonnes de détritus emportés à la mer. Un accord de sortie de conflit a été conclu le 1er octobre avec FO et la FSU, mais pas avec la CGT. Il prévoyait une décote horaire (une autorisation de travailler moins prévue par la loi pour compenser la pénibilité) de 9,5% sur les 35 heures officielles, afin de tenir compte de la dureté du travail. Les agents travailleraient ainsi 1 467 heures au lieu de 1 607 heures par an. Mais FO estime aujourd'hui que "cet accord oral" n'a jamais été signé et réclame une décote de 38%, soit 1.000 heures par an travaillées, plus que la revendication de la CGT qui elle réclamait 20% de décote horaire.


TF1 | Reportage P. Lefrançois, H.P Amar

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