Si on parle de "ruée vers l'or", beaucoup vont penser à l'Alaska ou aux États-Unis, à la fin du XIXᵉ siècle.Pourtant, c'est aujourd'hui en Haute-Vienne, près de Limoges, que des prospections ont commencé.Des filons tels que des mines pourraient ouvrir en 2035.
Sa démarche est celle d'un explorateur des temps modernes. À quelques mètres derrière des arbres, dans une forêt, Étienne le Goff, géologue, travaille pour le compte d'une compagnie minière. Muni d'un permis d'exploration, il dispose au sol des lignes de courant électrique pour détecter la présence de métaux précieux. "On injecte le courant, donc on va essayer de confirmer la position de la veine et de voir l'extension en profondeur. Associés à la veine, il y a souvent ce qu'on appelle des sulfures et c'est dans ces sulfures-là qu'il peut y avoir de l'or", explique-t-il.
On recherche aujourd'hui, ici : le cuivre, le cobalt, le germanium, le lithium, les métaux du groupe platine, les terres rares et le tungstène
Thomas Poitrenaud, directeur d'exploitation des mines Arédiennes (CMA)
Grâce aux nouvelles technologies, seules quinze minutes suffisent pour obtenir un résultat. "Plus les couleurs sont chaudes, plus c'est résistant, donc plus ça va être du quartz et l'or est associé clairement au quartz", poursuit-il. De l'or, associé à d'autres minéraux, devenus stratégiques avec la transition énergétique. "On recherche aujourd'hui, ici : le cuivre, le cobalt, le germanium, le lithium, les métaux du groupe platine, les terres rares et le tungstène", explique Thomas Poitrenaud, directeur d'exploitation des mines Arédiennes (CMA).
"10% de la consommation des besoins en minerais de l'Europe doit provenir du sol européen d'ici 2030"
Toute une liste de matières premières, pour lesquelles l'Europe a décidé de sécuriser son approvisionnement en fixant un objectif. "10% de la consommation totale des besoins en minerais de l'Europe doit provenir du sol européen d'ici 2030", poursuit Thomas Poitrenaud.
En France, la Bretagne et le Massif central sont deux des régions concernées. En Haute-Vienne, un petit musée retrace les différentes ruées vers l'or. Les premiers ont été les Gaulois, et leurs productions sont estimées à une centaine de tonnes. Exploités à nouveau au début et à la fin du XXᵉ siècle, les filons seraient loin d'être épuisés. "Ça s'est surtout arrêté parce qu'il y a le cours de l'or qui a beaucoup diminué et maintenant qu'il est bien remonté, ils vont en rechercher", sourit Yves Altheman, ancien mineur.
Des emplois à la clé
Pas du tout d'accord, certains habitants se mobilisent. Organisés en association, ils nous emmènent sur le site d'une ancienne mine désaffectée. Ce qu'ils craignent : une pollution à l'arsenic qui sert à traiter l'or. "Une pollution supplémentaire incontrôlable véritablement. C'est contrôlé, mais ce n'est pas contrôlable par les citoyens et les citoyennes", affirme Sylviane Aumonier, membre de l'association Stop mines 87. "À quoi ça sert d'avoir une économie décarbonée sur une terre qui est complètement polluée avec de l'eau qui est imbuvable ?", demande Vincent Gallet, membre de l'association lui aussi.
À Saint-Yrieix-la-Perche, la ville la plus proche des mines, les métaux précieux représentent un espoir de développement. Le maire de la commune a posé ses conditions aux futurs exploitants. "Il n'y aura pas, sinon ça se passera très mal, de transformation qui ira se faire à 500 kilomètres. Elle devra se faire sur place avec des emplois bien rémunérés", prévient Daniel Boisserie, maire (DVC) de Saint-Yrieix-la-Perche.
Avant d'en arriver là, la recherche devrait encore durer une dizaine d'années. Les premières mines pourraient ouvrir à l'horizon 2035.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info