Les couacs du premier péage sans barrière de France

M.D.
Publié le 14 janvier 2021 à 14h51, mis à jour le 14 janvier 2021 à 15h49

Source : JT 13h Semaine

POLÉMIQUE - Le premier péage sans barrière de France, installé en mars 2019 à l'échangeur de Boulay-Moselle sur l'autoroute A4, était censé faciliter la vie des automobilistes. Mais des dysfonctionnements créent des mécontentements.

Sur l’autoroute A4, au péage de Boulay, en Moselle, les guichetiers ont été remplacés par un portique sans barrière avec paiement différé. Désormais, caméras et capteurs identifient automatiquement les véhicules lorsqu’ils passent à une vitesse de 50 km/h. L’automobiliste doit pour sa part s’équiper d’un badge de télépéage ou s’arrêter à une borne de paiement, située à proximité du portique, pour payer son passage. Il peut aussi le régler par Internet sous dix jours. En cas de non-paiement il reçoit alors une contravention. Ce nouveau système, appelé "free-flow", a été mis en place en mars 2019.

Une première dans l’Hexagone et un outil d’expérimentation en vue de son déploiement dans les prochaines années, l’objectif étant de supprimer les bouchons sur certains tronçons très utilisés pour les déplacements domicile-travail. Mais ce nouveau système, censé faciliter la vie des automobilistes, est loin de faire l'unanimité. "On perd plus de temps qu’avant", observe un autre, qui préfère se rendre à la borne pour effectuer son paiement plutôt que de s’équiper du fameux badge. "J’étais contente de voir les gens aux guichets. Et maintenant, il n’y a plus personne", regrette une automobiliste. "Avant, on passait et on donnait 1,30€. Maintenant, c’est le bordel !" s'exclame-t-elle.

J’ai quinze contraventions, pour un montant total de 1200 euros. Et je les conteste toutes sans exception
Une automobiliste

Certes, le système fluidifie le trafic, mais les dysfonctionnements se révèlent nombreux, et ce quel que soit le moyen de paiement. En conséquence, les contraventions se multiplient. "La machine pour effectuer le paiement ne marche qu’une fois sur trois", déplore un conducteur. D'autres crient au racket face à un système qu'ils disent "défaillant". "On reçoit 75 euros d’amendes, alors qu’on a payé le montant du péage, qui est de 1,30€", fulmine une automobiliste, qui emprunte quotidiennement ce tronçon d'autoroute. À l'origine, l'amende est de 20 euros. Mais en cas d'oubli de paiement, elle passe directement à 75 euros. "On entend le 'bip' lorsqu’on passe alors forcément, on ne s’attend pas à recevoir une amende", assure une autre.

Et pour certains, le montant du préjudice atteint des sommets. "J’ai quinze contraventions, pour un montant total de 1200 euros. Et je les conteste toutes sans exception", soutient un usager. D'autant que la Société des autoroutes du nord et de l'Est de la France (Sanef), qui exploite ce portique sans barrière, n'envoie plus de lettres de rappel... En réaction, un collectif s’est constitué sur les réseaux sociaux et une pétition a même été mise en ligne pour demander à la Sanef "de revoir l'indemnité forfaitaire et pour toutes les personnes n'ayant pas reçu de rappel une annulation de l'indemnité forfaitaire". Elle a été signée par plus de 600 personnes, pour l'heure.

Pourtant, à en croire la Sanef, qui exploite ce portique sans barrière, aucun dysfonctionnement n’a été constaté par ses services. La société promet cependant d’étudier chaque cas litigieux et d’améliorer l’information aux usagers. "Nous invitons tous les automobilistes à souscrire au principe d’alerte mail que nous avons mis en place. Ainsi, au moment de leur passage, dès qu’ils seront détectés, ils ont un mail qui les informe sur le paiement qui est dû", explique un porte-parole. Pour les usagers, cela ne suffit pas. Selon eux, il faut revoir le système, surtout avant de le déployer en France, comme c’était l’objectif au départ.


M.D.

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