Un Normand, sérieusement brûlé après avoir ramassé une pierre au phosphore sur une plage du Débarquement, témoigne auprès de TF1.En France, des centaines de milliers de munitions sont toujours enfouies dans les sols, menaçant l'environnement et la sécurité des promeneurs.
Voilà une balade sur les plages de Normandie qui aurait pu virer au drame. Le 1er novembre dernier, Benoît Mabire trouve une "magnifique pierre d'un rose intense". Il la place dans sa poche, mais soudainement, elle s'embrase. "Si je n’avais pas eu le réflexe d’enlever ma veste plus tôt, je cramais, je m’enflammais", témoigne-t-il dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Son "joli caillou" était en fait du phosphore datant de la Seconde Guerre mondiale, une matière qui s'enflamme au contact de l'air.
Chaque année, 700 munitions et engins explosifs sont neutralisés par les plongeurs démineurs de la Manche, mais la Normandie est loin d'être la seule région touchée par les déchets de guerre et autres munitions. Ceux-ci polluent encore par centaines de milliers les sols et le fond des lacs et des rivières, des gouffres et des grottes, alerte régulièrement l'association Robin des Bois, qui fait campagne depuis la fin des années 1980 contre les sols et les eaux pollués par les activités humaines.
Pendant les deux guerres mondiales, entre 10 et 20% des bombes et obus n’ont pas fonctionné.
Association Robin des Bois
"Le problème est que les engins de guerre dormant depuis 100 ans peuvent se réveiller n’importe quand sous l’effet d’une agression externe, mécanique ou climatique", explique l'association, estimant que, "pendant les deux guerres mondiales, entre 10 et 20% des bombes et obus n’ont pas fonctionné ; les autres découvertes provenant de dépôts, dissimulation ou abandon de munitions par les armées pendant les débâcles et après la cessation des hostilités".
Après plusieurs années de recherches et de vérifications dans la presse quotidienne et auprès des services officiels, Robin des Bois avait publié fin 2018 un inventaire des découvertes de déchets de guerre dans quatre régions françaises : les Hauts-de-France, le Grand-Est, la Bourgogne-Franche-Comté et l’Ile-de-France entre janvier 2012 et fin avril 2018. Il est édifiant. Ainsi, dans le nord et l'est du pays, où se sont notamment concentrés les combats de la Première guerre mondiale et où un milliard d'obus ont été tirés, 603 découvertes d'engins de guerre ont été dénombrées durant cette période (311 dans les Hauts-de-France, 147 dans le Grand-Est, 43 en Bourgogne-Franche-Comté et 102 en Ile-de-France). Avec un total de 57.160 évacuations par les services de déminage, mais aussi 34 blessés, et 4 morts.
"Plus de moyens" pour les démineurs
L'association Robin des Bois insiste par ailleurs sur le fait que certains départements sont plus exposés que d'autres, comme l'Aisne, où "il y a dans ses sols plus encore de munitions ou de fragments que de soldats morts". Et de citer par exemple la commune de Chivres où le 4 février 2018, un enfant de 5 ans a lancé à sa famille avoir ramassé un "caillou-ananas" après une promenade en forêt. Il s’agissait en fait d’une grenade de la Première Guerre mondiale. Ou encore, dans le Nord, la préfecture souligne que les secteurs de Douai, Lille-Sud, Armentières, Bailleul, Dunkerque et Cambrai sont particulièrement sensibles. Ainsi, à Tourcoing, une maison d'assistantes maternelles avait dû être évacuée après la découverte d’une grenade fumigène de l’armée de l’air dans le jardin de l’établissement. Tandis que dans la Marne, les Ardennes, l’Aube et la Haute-Marne, qualifiés de "zone rouge", le centre de déminage est intervenu 700 fois et a traité près de 44 tonnes de munitions en 2010.
Les exemples ne manquent donc pas, mais la neutralisation de ces munitions est rendue difficile par le fait qu'elles sont "souvent déformées, amputées, rouillées, recouvertes d’une gangue de terre ou de vase". Par ailleurs, "ces vestiges de guerre sont des monstres de mimétisme. Ils ont une étonnante capacité à se fondre dans la géologie ou l’hydrologie locale et dans les couleurs de la saison", prévient l'association.
Les Robin des bois, qui remarquent que les pouvoirs publics ont tendance à minimiser le problème tant sa résolution est titanesque et coûteuse, demandent donc notamment "plus de moyens" pour les démineurs. Mais aussi des "recherches plus systématiques" des produits toxiques près des anciennes lignes de front, ou encore "davantage d'information à destination du grand public, pour mettre fin aux comportements dangereux". Selon les estimations, il faudrait près de sept siècles pour déminer l’ensemble des bombes de la Seconde Guerre mondiale.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- Vos vidéos à la Une
- Police, justice et faits diversColère et émoi après le suicide de Lindsay, harcelée à l'école
- InternationalGuerre en Ukraine : les attaques en Russie se multiplient
- Police, justice et faits diversMeurtre d'Iris dans le Morbihan
- SportsMohamed Haouas, international français de rugby, dans la tourmente judiciaire