Pénurie de carburants : les importations, une vraie bonne solution ?

M.L | Reportage TF1 Léa Kebdani et Jean-François Drouillet
Publié le 13 octobre 2022 à 12h38

Source : JT 20h Semaine

La France importe déjà, en temps normal, une grande partie de ses carburants : 50% de notre gazole est acheminé depuis l'étranger.
Face à la crise actuelle, les commandes extérieures ont largement augmenté ces derniers jours.
La parade à la pénurie peut-elle vraiment venir de nos voisins ?

Avec les raffineries à l’arrêt et des livraisons paralysées pour un tiers des stations service françaises, la possibilité d'aller chercher le carburant ailleurs est sur la table. Les importations se sont déjà intensifiées : depuis la semaine dernière, les groupes pétroliers et la grande distribution se sont tournés vers les raffineries étrangères, notamment pour le gazole. Plus de la moitié de notre consommation de ce carburant venait déjà de l’étranger, majoritairement d'Europe, du Moyen-Orient et de Russie. 

Pour l’essence, en revanche, la France étant auto-suffisante et même exportatrice jusqu'alors, il a fallu trouver de nouveaux moyens de s’approvisionner. "Nous avons dû faire appel à des importations, notamment de Belgique, parce que c'est le pays le plus proche, et qui est légèrement excédentaire dans sa capacité de raffinage", explique dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article Anna Creti, professeure d'économie à l'université Paris-Dauphine. 

Des ports à la pompe, une logistique complexe

Au total, les importations de carburant ont augmenté de 50% ces deux dernières semaines, dont 25% à 30% de gazole en plus, a indiqué l’Union française des industries pétrolières (UFIP) aux Échos. Cette hausse aurait permis de couvrir la quasi-totalité du déficit de production des raffineries à l'arrêt, selon les professionnels du secteur. Mais ces achats d'urgence sont facturés au prix fort, puisque ces livraisons sont commandées hors contrats d'approvisionnement, le prix se négociant alors au prix fort. Ce qui explique en partie la récente explosion des prix à la pompe, selon le quotidien économique. 

Mais comment ce carburant est-il acheminé ? Des pétroliers, principalement en provenance de la Belgique et des Pays-Bas, livrent les façades maritimes françaises, où leurs cargaisons sont stockées dans 25 dépôts d'importation. Elles sont ensuite transportées via des oléoducs, des barges et des trains dans l’un des 200 dépôts secondaires de France, qui disposent de plus de 10 millions de mètres cube de stockage, selon l'UFIP. Dernière étape : les camions citernes transportent le carburant jusqu'aux stations-service dans près de 80% des cas, ou le vendent en vrac aux professionnels. Un long parcours, requérant beaucoup de logistique.

Des solutions plus simples seraient toutefois à notre portée, en traversant, cette fois, les frontières terrestres. "Il y a des camions qui viennent des raffineries ou des dépôts belges et qui approvisionnent le nord de la France. Ils ne vont pas très loin", décrit Jean-Louis Schilansky, ancien président de l'UFIP. Pour autant, "c’est une solution partielle, ça améliore un peu la situation, mais ça ne résout pas le problème", souligne-t-il. Cette méthode coûteuse reste en effet peu rentable car les camions-citernes n’ont pas une très grande contenance : une livraison permet de fournir environ 250 pleins seulement, alors que cinq millions en sont réalisés chaque jour en France.


M.L | Reportage TF1 Léa Kebdani et Jean-François Drouillet

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