TÉMOIGNAGE – Victime de harcèlement scolaire de la primaire au lycée, Hugo Martinez, 20 ans, a créé une association pour venir en aide aux victimes d’un fléau qui touche en France près d’un enfant sur dix. Il a raconté son parcours à LCI.
[EDIT] La question du harcèlement scolaire revient dans l'actualité, suite à la mort à Ivry-sur-Seine de la jeune Marjorie, qui s'était élevée contre les brutalités dont était victime sa sœur. À cette occasion, LCI republie le portrait de Hugo Martinez, 20 ans, ancienne victime, et qui a depuis monté une association pour lutter contre ces violences.
Le harcèlement scolaire, Hugo Martinez en a fait la douloureuse expérience dès l’âge de 6 ans. "J’étais le gros lard, le bigleux, l’intello, le chouchou de la classe", raconte à LCI cet étudiant lyonnais en communication. "Plus on allait vers le collège, plus ça devenait méchant." D’abord verbale, la violence devient physique à partir du collège. "En quatrième, il y avait un rituel. Chaque midi, avant la pause, je devais me mettre dos à un mur. Un groupe d’une trentaine d’élèves se mettait autour de moi et à chaque fois il y en avait un qui me frappait."
Une étape supplémentaire est franchie au lycée après un voyage scolaire en car. "J’ai été filmé à mon insu en train de ronfler pendant mon sommeil", explique Hugo. "Quelques jours plus tard, j’étais en train de marcher avec ma mère sur la place du village où on habitait et des jeunes que je ne connaissais pas se sont mis à rigoler en nous croisant. Ils avaient vu la vidéo qui tournait en boucle sur les réseaux sociaux."
Je me demande à quoi je sers si je suis le connard, si je suis le fils de pute, si je suis l’enculé de service ?
Hugo Martinez
Après avoir longtemps souffert en silence, Hugo raconte son calvaire à ses parents. Lorsque ces derniers alertent son établissement scolaire, ils se heurtent à un mur. "On leur a dit que si je n’étais pas bien ici, je n’avais qu’à changer d’école. Mais aussi que peut-être je mentais pour attirer l’attention sur moi", déplore-t-il. "La direction niait en bloc ce qui se passait dans la cour de récréation et dans la classe."
Au diabète qui perturbe sa santé se greffent bientôt "des idées noires", se rappelle Hugo. "Je perds confiance en moi à tel point que je me demande si je suis légitime d’exister sur Terre. Je me demande à quoi je sers si je suis le connard, si je suis le fils de pute, si je suis l’enculé de service ? La seule chose qui me reste à ce moment-là, c’est ma passion. Pour le cinéma et pour la scène. C’est cette once de confiance en moi qui m’empêche de mettre fin à mes jours."
En janvier 2018, après un séjour à l'hôpital, Hugo crée l’association qui porte son prénom. Son objectif ? Venir en aide aux victimes d’un fléau qui touche en France près d’un enfant sur dix. Mais aussi à leurs bourreaux. "Parce qu’eux aussi ont besoin d’être accompagnés s’ils en sont arrivés là", explique le jeune homme.
S’il fait preuve d’une étonnante détermination pour ses 20 ans, Hugo avoue que certaines blessures auront du mal à se refermer. "J’ai réussi à me reconstruire. Mais je considère qu’on m’a volé l’enfance que je devais vivre", regrette-t-il. "Une enfance remplie d’insouciance, isolée de tous les problèmes des adultes, isolée de toutes les responsabilités qu’on a quand on est majeur. J’espère un jour la retrouver."
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