En France, près d’un couple sur six, touché par l’infertilité, a recours à la PMA.Mais les examens génétiques sur les embryons ne sont pas autorisés.Alors, chaque année, 30 000 couples ou femmes célibataires se rendent à l’étranger.
Agnès se prépare à se faire l’injection d’une hormone pour stimuler ses ovaires. Ce geste, elle l’a répété plus d’une centaine de fois en deux ans. "Ça devient une routine", affirme-t-elle. Plus qu’une routine, c’est aujourd’hui son dernier espoir d’avoir un enfant. En France, la sécurité sociale prend en charge quatre tentatives de fécondations in vitro. Agnès en est à sa troisième.
Ses tentatives de PMA n’ont entraîné que des fausses couches. Ses embryons n’étaient pas viables avant leur transfert. Techniquement, des contrôles en amont auraient pu prévenir ces complications. Mais en France, ils sont interdits. "J’ai eu très peur pour moi, pour ma santé mentale, pour notre couple et je ne voyais pas l’intérêt de nous infliger tout ça pour peut-être une chose qui n’arrivera jamais. Psychologiquement, physiquement, ça fatigue. C’est un vrai combat. On est des vrais guerriers", sourit Agnès.
Un combat que mène près d’un couple sur six, touché par l’infertilité, en France. Un enfant sur 30, l’équivalent d’un par classe, est aujourd’hui conçu grâce à la PMA. Les procédures sont très encadrées. Trop pour certains spécialistes, comme le professeur Michaël Grynberg. Pour lui, les taux de réussite seraient meilleurs si la loi de bioéthique autorisait les diagnostics préimplantatoires pour détecter d’éventuelles maladies et malformations. "Le fait de pouvoir tester des embryons génétiquement, pour essayer d’éviter les risques de trisomie 21 notamment et les risques de fausses couches, on n’est pas du tout dans de l’eugénisme, parce qu’on ne va pas chercher à avoir des enfants qui ont les yeux bleus, ou qui vont avoir telle caractéristique ou telle caractéristique. On veut juste essayer de permettre à ces couples ou à ces femmes d’aller plus vite à la grossesse et à avoir un enfant", explique-t-il.
30 000 couples partent à l’étranger chaque année
Et c’est justement l’une des raisons qui pousse chaque année jusqu’à 30 000 couples ou femmes célibataires à se rendre à l’étranger : au Portugal, en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas ou en République-Tchèque. Contrairement à la France, à Prague, les examens génétiques sont autorisés et réalisés avant chaque PMA. "Voici notre micromanipulateur. C’est ce qui nous permet de placer les spermatozoïdes dans les œufs et de faire toutes les analyses qui vont avec", montre Jessica Malfatti, embryologue, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article.
Ici, les médecins vantent un taux de réussite moyen de 70% pour les FIV. C’est deux fois plus qu’en France. "Ça, ce sont les bons embryons. Ce sont ceux qui ont le plus gros potentiel pour devenir des bébés", poursuit Jessica Malfatti. En tout, 10 000 bébés ont été conçus dans cette clinique ces 20 dernières années.
2 000 euros la fécondation in vitro en République-Tchèque
Une performance qui a un coût : 2 000 euros la FIV et près de 6 000 euros lorsque la patiente bénéficie d’un don d’ovocytes. Des prix qui restent attractifs en Europe. "Quand on compare les coûts avec certains autres pays, par exemple l’Espagne, la République-Tchèque est à peu près 20 à 30% moins chère. Aux États-Unis, le coût est jusqu’à dix fois supérieur à celui dont on parle", affirme Edouard Perra, directeur de la clinique.
La plupart des patientes viennent de l’étranger. Cette clinique mise sur les réseaux sociaux pour se faire connaître. Elle a offert à un couple de Français un programme sur mesure. En échange, Gracy partage son expérience sur la toile avec ses 80 000 abonnés, de potentielles clientes pour la clinique.
La jeune femme de 40 ans serait venue sur recommandation de son médecin. "On a tenté tout ce qu’on a pu en France. On a fait confiance à nos médecins, mais ils n’ont pas physiquement les moyens d’aller plus loin avec nous et de nous amener jusqu’à notre rêve. Et c’est notre médecin, notre gynécologue, qui nous a dit de partir", explique Gracy.
Quelques semaines après leur premier rendez-vous à Prague, c’est déjà le grand jour. L’intervention ne dure que quelques secondes. Il faut ensuite encore attendre deux semaines pour avoir les résultats du test de grossesse. Ce couple dispose encore de trois embryons en République-Tchèque. Leur dernière chance d’avoir un enfant après sept ans de PMA en France.