La députée EELV, Sandrine Rousseau, a estimé samedi 27 août que le barbecue était un "symbole de virilité".Une sortie qui a provoqué de nombreuses critiques de la part de ses opposants.Pourtant, selon plusieurs études, les normes de genres peuvent réellement déterminer notre alimentation.
Quand le barbecue et la viande rouge sont au cœur de la polémique. Les déclarations de Sandrine Rousseau, samedi 17 août, continuent de provoquer de vives réactions sur la toile. Lors des universités d'été d'Europe Écologie-Les Verts, la députée a appelé à "changer les mentalités pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité".
Une phrase qui a largement fait réagir, alors que la députée insoumise Clémentine Autain a apporté son soutien, lundi, à sa collègue, assurant que "les femmes mangent deux fois moins de viande rouge que les hommes (...) donc il y a une différence des sexes dans la façon dont nous consommons de la viande".
La viande pour les hommes, les compotes pour les femmes
Selon une étude de l'Anses, il existe en effet une réelle différence dans les habitudes alimentaires entre les hommes et les femmes. Intitulé "INCA 3", le rapport montre que dès le plus jeune âge, "la ration alimentaire totale est plus élevée chez les individus de sexe masculin que chez ceux de sexe féminin". Par ailleurs, "la contribution des groupes d'aliments à cette ration totale diffèrent selon le sexe. Ainsi, dès l'adolescence, les individus de sexe féminin consomment en proportion davantage de volailles, alors que ceux de sexe masculin consomment préférentiellement les autres types de viande".
D’après l’étude INCA 3, les femmes privilégient ainsi yaourts, fromages blancs, compotes, volailles, soupes et boissons chaudes quand les hommes favorisent les produits céréaliers, le fromage, les viandes et charcuteries, ou encore les crèmes dessert.
Pourtant, selon un rapport publié par des biologistes et des nutritionnistes de l'Autorité européenne de sécurité des aliments, il n'existe aucune preuve scientifique que les hommes ont plus besoin de protéines provenant de la viande rouge que les femmes. Même si leur masse musculaire est plus importante, ils ont simplement besoin de plus de calories, mais pas de plus de viande rouge. Le besoin masculin pour une bonne entrecôte serait alors sociologique et non nutritionnel pour de nombreux chercheurs.
C'est en tout cas la théorie défendue par plusieurs figures du féminisme, dont la chercheuse américaine Carol J. Adams, dont les travaux ont été largement repris. Elle a été l'une des premières à travailler sur le lien entre "viande rouge" et "virilisme", notamment dans son livre La politique sexuelle de la viande, publié en 2016. En France, la journaliste Nora Bouazzouni a également largement travaillé sur le sujet, particulièrement dans son livre Steakisme - En finir avec le mythe de la végé et du viandard. Elle estime ainsi que "dès la naissance, commence l'éducation alimentaire, où les normes de genre interviennent beaucoup".
- carol j. adams travaille sur ces quest° depuis 30 ans. - j'ai écrit un livre sur le sujet, qui s'appuie sur des études socio et scientifiques, et donné je ne sais combien d'itw. mais c'est + facile d'insulter rousseau que taper 2 mots-clés sur google 🙃 https://t.co/0jM3D1MCIj https://t.co/90jEVhnk18 — nora bouazzouni (@norabz) August 28, 2022
Dans une étude publiée en 2015, trois sociologues et une socio-anthropologue ont ainsi estimé que la consommation de viande et la nourriture en général représentaient un véritable marqueur sociologique, notamment pour les femmes. Ces dernières mangent ainsi moins et mangent des aliments plus sains pour "suivre l'injonction à réduire les proportions de leurs corps bien au-delà des recommandations médicales de santé. Ce façonnage est, pour certaines, impossible à atteindre biologiquement sans privations alimentaires importantes".
Un rapport au "gras viril"
De leur côté, notent les chercheurs, les hommes "manifestent une certaine complaisance pour leur propre masse graisseuse quand celle-ci semble confirmer la puissance 'virile' de leur corps. Ce rapport au 'gras viril' permet (...) aux hommes un rapport moins obsessionnel à la nourriture". Un rapport à la nourriture dont la viande rouge est l'un des plus importants symboles. Ainsi, pour Nora Bouazzouni, dans une interview donnée à Reporterre en juin 2021, "la viande rouge est l'aliment le plus chargé symboliquement d'un statut viriliste. Si on mange un animal, on absorbe sa vitalité. Elle permet de réaffirmer une domination de l'homme sur tout le reste".
Et la journaliste de pointer, notamment, la responsabilité de la publicité autour de ces images encore très présentes dans nos sociétés. "Je me suis rendue compte que les égéries des marques présentent de fortes différences selon qu'elles sont féminines ou masculines". L'auteure de Steakisme - En finir avec le mythe de la végé et du viandard pointe ainsi les slogans de grandes marques de viande, avec, en 2021, l'une d'elles qui présentait un homme avec cette phrase "C'est qui, le plus grand des prédateurs ?" à l'opposé de publicités pour des yaourts plus féminins vantant des produits "qui font du bien à l'intérieur et ça se voit à l'extérieur".
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