Ses coups de balai dans les rues de Paris sont suivis par plus de 260.000 abonnés sur TikTok.Un succès que Ludovic, éboueur parisien, veut utiliser pour sensibiliser les usagers à son métier et les inciter au ramassage des déchets.Il a raconté son quotidien à Audrey Crespo-Mara pour Sept à Huit.
Ludovic Franceschet a vécu mille vies avant de trouver sa vocation : devenir éboueur à Paris, et par la même occasion chantre de la protection de l'environnement. Depuis 2019, il partage son quotidien sur le réseau social TikTok et remporte un franc succès, avec plus de 260.000 abonnés et 4 millions de "J’aime". Il y raconte les affres de son métier, avec humour et un brin de folie, dans l'espoir de réhabiliter cette profession mal aimée.
Avec son balai, internet et un large sourire, accroché en étendard, il ne rêve pas moins que de changer le monde. "Je l'aime mon métier et je le kiffe de ouf", lâche-t-il en préambule, devant les caméras de Sept à huit. Pour ce faire, sa chaîne TikTok regorge de vidéos pédagogiques sur les bons gestes à adopter vis-à-vis des déchets. "Le but, c'est de sensibiliser les jeunes à jeter à la poubelle, pour qu'eux soient sensibilisés et qu'ils ne reproduisent pas ce que les autres ont fait avant", explique-t-il à Audrey Crespo-Mara.
En fait, ils nous voient pas les gens. Pourtant, on ressemble à des petites lucioles avec nos gilets.
Ludovic Franceschet
Mais parfois, ce Parisien de 47 ans, laisse éclater sa colère face à l'indifférence générale. "En fait, ils ne nous voient pas les gens. Pourtant, on ressemble à des petites lucioles avec nos gilets (jaune fluo, ndlr), mais non, ils ne nous voient pas. C'est énervant de passer devant eux en étant l'homme invisible. Même quand on est en train de balayer, ce n'est pas pour autant qu'ils vont se pousser", se plaint Ludovic.
Alors, face aux canettes, mégots et restes de repas abandonnés dans la capitale, de temps en temps, il craque. "Ils sont assis en train de manger leur fast-food ; non seulement ils vont oublier leur fast-food alors que la poubelle est juste derrière, mais quand ils vont nous voir balayer, ce n'est pas pour autant qu'ils vont lever leurs jambes pour qu'on puisse passer notre balai. Donc, on est obligé de contourner", raconte-t-il, avant de laisser couler quelques larmes. "Je veux que les gens arrêtent de jeter par terre, c'est tout bête, mais je veux qu'ils arrêtent parce que j'en ai marre de marcher dans un tapis de merde", lance-t-il.
"Si on jette pas par terre, tu n'auras plus de travail !"
Fier de son métier, Ludovic veut montrer que les éboueurs sont en première ligne dans le combat pour l’écologie. "On a une belle planète, il faut la respecter", fait-il valoir, précisant qu'un mégot pollue 500 litres d'eau, soit l'équivalent de cinq baignoires, "donc c'est hyper important de le jeter dans un cendrier ou dans une poubelle", dit-il. Et comme un encouragement à sa lutte acharnée contre les déchets, ses vidéos les plus regardées sont celles qui montrent l'état de la rue avant/après.
Pour autant, il y a aussi des images dont il se passerait bien, comme celle d’un passant qui jette une bouteille d’eau vide dans sa direction. Sans parler du mépris de certains. "Une personne m'a déjà craché dessus en ajoutant : 'sale fonctionnaire, t'es payé à ramasser la merde'. Je me suis dit : 'pourquoi me cracher dessus, qu'est-ce que j'ai fait, car je suis là pour ramasser ta merde", témoigne-t-il, encore choqué. Et d'ajouter, comme pour mieux montrer la noirceur de certaines âmes humaines : "Un jour on m'a dit : 'si on jette pas par terre, tu n'auras plus de travail'. Et puis à l'époque du Covid, il y en a qui jetait leurs masques devant nous en disant : 'ramasse, t'es payé pour ça'". Fort heureusement, ces situations sont rares, "mais il y en a", insiste-t-il.
Aujourd'hui, l'éboueur devenu influenceur reçoit plus de "like" sur ses réseaux sociaux, et grâce à ce succès inattendu, dans la rue, on commence à l'arrêter pour lui demander des selfies. "La période que je vis actuellement est juste incroyable parce que le petit balayeur est reconnu, c'est magnifique, mais pas pour moi, pour le métier surtout. Parce que j'espère qu'on va désormais aller voir les éboueurs et leur dire 'merci !'", argumente-t-il.
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