INTERNET - Depuis des siècles, l'image des religieux se cantonne à la prière. Mais depuis quelques mois, à la faveur du confinement, des sœurs et des moines s'emparent des codes d'internet pour prêcher la bonne parole.
Pour ces influenceurs touchés par la foi, le placement de produit, c’est Jésus. Le frère Paul-Adrien d’Hardemare, du couvent dominicain d’Évry (Essonne), utilise les réseaux sociaux depuis deux ans pour prêcher la bonne parole. "Cela permet de faire passer beaucoup plus de choses et de manière plus sympathique. Et c’est aussi l’occasion d’apporter un petit lifting à l’Évangile", explique, sourire en coin, le moine dominicain de 39 ans. Les vidéos décalées du jeune religieux ont vu leurs audiences s’envoler avec le confinement et sa chaîne YouTube compte aujourd’hui près de 10.000 abonnés.
Chaque jour ou presque, le frère Paul-Adrien d’Hardemare délivre sur un ton caustique des cours de liturgie, en usant des codes de la génération ultra-connectée. "Personnellement, je m’endors pendant les homélies", lâche le moine youtubeur, un brin provocateur. En témoignent des vidéos sur sa chaîne YouTube : "L’évangile selon Star Wars", "Quand Harry Potter rencontre la foi" ou encore "Matrix et sa philosophie : plongée dans la spiritualité cyberpunk". Au monastère, il fait un peu figure d’extraterrestre. "Nous ne savons pas exactement ce qu’il fait mais on souhaite tous que ça marche", admet, amusé, un moine.
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Les gens sont étonnés de nous voir rire
Sœur Théophane
Dernièrement, ce sont les sœurs de l’Abbaye de Jouarre (Seine-et-Marne) qui ont fait le buzz. Les religieuses ont reçu les stars de YouTube Mc Fly et Carlito. Les deux compères sont venus leur présenter l’univers du net. La vidéo des sœurs bénédictines comptabilise plus de 5 millions de vues sur la plateforme. "Les gens sont étonnés de nous voir rire alors que nous sommes juste des bonnes femmes comme les autres", s’étonne la Sœur Théophane, smartphone en main.
"Trop souvent on fait de nous des saintes statufiées alors qu’on vit les mêmes combats que les autres", reprend la sœur France-Hélène. Et c'est bien là aussi l'enjeu : montrer une image moins austère de la religion. D’autres youtubeurs, comme Thibo in Shape, se sont aussi intéressés à la vie monacale. Avec lui, les sœurs bénédictines du couvent de Jouarre se sont prêtées au jeu des questions-réponses. Des millions de vues à la clé, l’occasion de porter un autre regard sur ces communautés. Et peut-être aussi créer quelques vocations. Sait-on jamais.