DOCUMENT – Des agents non-grévistes de la SNCF, notamment les conducteurs, doivent être régulièrement escortés pour éviter les provocations de leurs collègues grévistes. Exemple avec ces images tournées à la gare de Lyon à Paris.
A chaque conflit social ses tensions entre ceux qui travaillent et les grévistes. Le mouvement actuel contre la réforme des retraites ne fait pas exception à la règle, notamment à la SNCF. Au sous-sol de la gare de Lyon, à Paris, les conducteurs non-grévistes, souvent des cadres, doivent ainsi être escortés par des gilets orange avant de pouvoir monter dans les rames.
La raison : les grévistes les attendent régulièrement aux cris de "Rentre chez toi !", "vendu" ou encore "mercenaire", le tout dans une ambiance très tendue. "Les gens qui viennent nous remplacer pendant que nous sommes grévistes, on appelle ça des briseurs de grève. On n’aime pas les briseurs de grève ici", lance ainsi, véhément, un gréviste à un non-gréviste dans une vidéo (voir ci-dessus).
Le "pool fac" particulièrement ciblé
Les grévistes ciblent particulièrement les employés du "pool fac", un service de la SNCF composé d'une centaine de conducteurs qui remplacent tous les jours de l'année en Ile-de-France leurs collègues en congés maladie, en vacances mais aussi... en grève. Certains agents sont désormais attendus sur les quais à coups de tags, d’insultes laissées sur leur carnet de bord. Beaucoup sont très inquiets. "Quand on menace votre famille, quand on menace vos enfants, vous avez le droit d’avoir peur" nous explique l’un de ses conducteurs. Craignant les représailles, il a d’ailleurs souhaité témoigné sous couvert d'anonymat.
Ce type de menaces avait déjà été enregistré lors du conflit de juin 2018. Le service juridique SNCF avait été alerté. Mais aucune accusation nominative n’avait été lancée officiellement. Pourtant, selon le conducteur que nous avons interrogé, "cela fait un grand nombre d’années qu’on voit toujours les mêmes visages, qui font toujours les mêmes choses, qui sont toujours accusés des mêmes choses et qui sont là, encore aujourd’hui, impunis".
Le principal leader syndical dément
Face à ce sentiment d’impunité, la SNCF assure avoir changé ses méthodes. "Sur certains sites, nous avons des huissiers qui dressent des constats tous les jours. Et c’est la répétitivité de ces constats, de ces faits observés, qui pourra constituer le terme d’un délit de harcèlement moral. Dès lors que les éléments seront suffisants, nous pourrons alors porter plainte", nous affirme Jean-Stéphane Monnet, directeur de la production Transilien. De son côté, contacté par nos soins, le principal leader syndical de la Gare de Lyon dément toute pression. "Tous les jours, des milliers de grévistes et de non-grévistes se côtoient sans aucune forme d'hostilité. Il n'y a pas d'intimidation en dehors de petites tensions locales", écrit-il dans un mail.
Une réponse qui ne rassure pas spécialement les non-grévistes. Ils craignent notamment une radicalisation du conflit si le mouvement se poursuit début janvier.
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