VIDÉO "SEPT A HUIT" - Pouvoir d'achat : ces Français qui vivent au centime près

par La rédaction de TF1info | Reportage Sept à Huit
Publié le 14 février 2022 à 14h16
Cette vidéo n'est plus disponible

Source : Sept à huit

DOCUMENT – C’est la préoccupation numéro un des ménages : le pouvoir d’achat.
Carburant, logement, alimentation... La hausse est généralisée, et des millions de foyers se battent pour rester à flot, parfois de justesse.
Dans "Sept à Huit", Harry Roselmack a sillonné la France, à la rencontre de Français si précaires qu'ils doivent calculer leurs dépenses au centime près.

Partout en France, des personnes déjà fragiles économiquement sont bousculées par la hausse des prix généralisée. Partout, elles s'adaptent pour survivre, ou pour maintenir un niveau de vie modeste. Harry Roselmack est parti à la rencontre de plusieurs d'entre eux, comme on le voit dans le reportage en tête de cet article, depuis un éleveur au bord de l'asphyxie jusqu'à une graphiste obligée de vivre dans une caravane. La débrouille est le lot commun, avec plus ou moins de réussite selon les cas, et la peur du déclassement social qui les taraude tous.

"Je pense qu'à la fin de l'année, on va tirer le rideau". Éleveur, Alain l'a été toute sa vie, et craint de devoir se résigner à vendre son exploitation dans le Tarn, qui était celle de ses parents avant lui. Vivre avec peu, sa femme et ses enfants connaissent bien, et depuis toujours. Les marges de la grande distribution augmentent, tandis que les éleveurs vendent leurs bêtes au même prix qu'il y a trente ans. Mais la hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation achève de les décourager. 

Le couple ne chauffe plus qu'une pièce de la maison, et s'emmitoufle pour dormir dans une chambre qui n'atteint pas les seize degrés. Comble de leur situation, alors qu'ils sont éleveurs de bovins, ils ne s'autorisent que peu de viande, devenue trop chère. "La viande, très rarement", témoigne son épouse Valérie en faisant ses courses, "et le poisson depuis le début de l’année, on n’en a pas mangé".

Faire des économies, maintenant ça touche tout le monde, même la classe moyenne
Sarah, sage-femme

À Nîmes, chez Sarah et Billel, la débrouille règne en maître. Cette sage-femme et cet employé municipal, jeunes trentenaires, atteignent pourtant 3.000 euros de revenus mensuels. Mais comme l'observe la jeune femme, "faire des économies, maintenant ça touche tout le monde, même la classe moyenne". Sarah est devenue une championne des coupons de réduction et des bons plans pour faire ses courses. Elle anime même un groupe Facebook très suivi, pour partager ses astuces. Elle nous dévoile cette pratique efficace, mais très chronophage : un épluchage minutieux des promotions, des courses de plus d'une heure trente, et un passage en caisse complexe. Grâce aux économies réalisées, le couple parvient à effectuer les travaux nécessaires à sa petite maison, pièce après pièce. 

Ça fait vraiment peur de perdre son logement, de se retrouver à la rue du jour au lendemain
Virginie, sans emploi, avec deux enfants à charge

Beaucoup plus fragile, Virginie vit sur un fil dans les Hauts-de-France. Depuis sa séparation, elle se retrouve seule avec deux enfants à charge, et a perdu son emploi. Lorsque l'équipe de "Sept à Huit" la rencontre, elle n'a plus que 17 euros sur son compte alors que le mois vient de commencer. Pour la première fois, elle a dû sacrifier son loyer dans une maison HLM depuis quelques mois, au risque de tout perdre. "Ça fait vraiment peur", témoigne la jeune femme, "de perdre son logement, de se retrouver à la rue du jour au lendemain. Même la nuit, ça m’empêche de dormir, je sais que je dois par ici et par là, c’est plus une vie".

Moi, je suis montée très haut, et j’espère descendre pas trop bas
Françoise, retraitée

La peur du déclassement, c'est aussi ce qui habite Françoise, une retraitée qui doit accumuler les petits boulots pour faire face à ses charges : garde d’enfants, ménages, repassage, pour atteindre péniblement 1300 euros par mois, retraite comprise. Autrefois mariée à un commerçant prospère, Françoise aborde cette étape de sa vie avec la peur du vide. "Normalement", philosophe-t-elle, "tu commences au bas de l’échelle et tu montes au-dessus. Moi, je suis montée très haut, et j’espère descendre pas trop bas". Elle se résout de temps à autre à vendre un de ses meubles, pour faire face à ses charges. "J’en entendais parler, des gens qui faisaient du troc à droite à gauche", témoigne Françoise, "mais je ne faisais pas partie de ces gens-là".

1.500 euros par mois... et obligée de vivre en caravane

Dans la banlieue de Nantes, on rencontre aussi Véronique, qui à 54 ans a dû se résoudre à vivre dans une caravane, dans un camping municipal, pour pouvoir accepter un poste de graphiste dans cette ville, alors que sa fille a dû rester à Brest. 1.500 euros nets par mois, mais des charges fixes qui lui interdisent d'envisager un appartement, beaucoup trop cher pour elle. Véronique fait face, au courage, et avec au cœur l'amour de sa fille qu'elle continue de soutenir financièrement. Cent-mille personnes vivent de la même façon en France. Dans le camping où est basée la caravane de Véronique, la plupart des 53 personnes qui habitent ici sont également salariées.

Du Tarn aux Hauts de France, en passant par la Mayenne ou l'Ain, Harry Roselmack a rencontré ces Français qui se battent pour faire face à une hausse des prix qui les fragilise. Ils sont quelques-uns des mille visages de ceux qui subissent cette crise, touchés à des degrés divers, combatifs, mais marchant sur un fil fragile au-dessus du vide. 


La rédaction de TF1info | Reportage Sept à Huit

Tout
TF1 Info