C'est un fait assez méconnu : l'Auvergne abrite un gisement de saphir.Découvert en 2016, le site est gardé secret.Il faut dire qu'il représente un petit trésor : un gramme de cette pierre précieuse vaut jusqu'à 5000 euros.
C'est un gisement précieux et (re)découvert en 2016. En Auvergne, le lit d'une rivière recèle un véritable trésor : des saphirs. Un site unique et gardé secret qui s'étend sur quelques kilomètres carrés et qui représente un des plus importants gisements d'Europe. Son histoire débute il y a sept ans, lorsqu'un gemmologue amateur se vante d'avoir découvert la pierre précieuse dans le Puy-de-Dôme."Derrière une pierre visible assez facilement du bord de l'eau, il y avait un reflet bleu, qui m'a intrigué. J'ai cru un premier temps à un vieux bout de verre", racontait à l'époque à l'AFP Nicolas Léger, à l'origine de la trouvaille.
"Le saphir était remonté à la surface alors qu'habituellement, ils restent enfouis dans des trous creusés dans le lit profond de la roche, piégés par leur densité", soulignait encore le "gratteur de cailloux". Depuis, c'est une véritable ruée vers le saphir qui se déroule en Auvergne.
Une course au saphir parfois violente
Si certains comme Eric, que les équipes du 20H de TF1 rencontrent dans le reportage en tête de cet article, exploitent les saphirs en toute légalité, avec les autorisations de la préfecture et du propriétaire du terrain privé sur lequel se trouvent les pierres précieuses, d'autres n'hésitent pas à piller le site. "Il y a des centaines de milliers de carats de saphirs, de quoi intéresser bien évidemment la joaillerie, parce qu'ils sont purs, transparents, suffisamment gros pour être taillés", détaille Eric, qui souhaite, pour sa sécurité, rester anonyme.
Il dénonce les activités illégales menées sur le gisement, pointant les trappes clandestines installées un peu partout sur le terrain. "Des prospecteurs qui viennent dans le dos des propriétaires, sans leur accord, pour les voler, pour les piller, en se cachant là pour accéder aux saphirs dans le sous-sol, jusqu'à la rivière", explique-t-il.
Depuis 2016, des dizaines de personnes tentent de creuser le long des berges de la rivière pour ramasser les pierres précieuses. Une fois taillé, en fonction de son poids, de sa couleur et de sa pureté, un saphir peut valoir des dizaines de milliers d'euros. Une petite mine d'or au cœur, parfois, de violentes rivalités entre ceux qui exploitent les pierres précieuses en toute illégalité. "Je me suis fait crever les quatre pneus, parce qu'on se garait directement au bord de la rivière", explique l'un d'entre eux à TF1. "Les premières fois où je suis arrivé, ça a failli en arriver aux mains et à grands coups de pelle, parce qu'il y a une personne qui s'est présentée auprès de moi comme un agent de commune, qui m'a dit que je n'avais rien à faire là, sauf qu'il creusait 50 mètres en dessous ", raconte un autre.
Des activités que ces prospecteurs ont décidé de délaisser en s'associant avec le propriétaire du gisement pour pouvoir exploiter les saphirs en toute légalité. Ce dernier, en constatant les pratiques en cours sur son terrain, a voulu créer une filière légale du saphir d'Auvergne. Un long processus pour garantir la traçabilité de chaque pierre alors que les prospecteurs, eux, touchent 45% du prix de vente du saphir.
Les trésors des rois de France
Si le foyer de corindons - nom scientifique du saphir et du rubis - est "exceptionnel par la taille" des pierres en Auvergne, sa découverte n'est pas une surprise. "Partout où il y a des rivières et torrents qui descendent des volcans, il y a des saphirs", expliquait en 2016 à l'AFP le géologue clermontois Pierre Lavina. "Ils ont été transportés de leur source profonde par des magmas remontant à la surface lors d'éruptions volcaniques explosives".
Ainsi, le sous-sol auvergnat regorge de pierres précieuses, et la région est connue depuis le Moyen-Âge pour ses saphirs et grenats du Velay, qui garnissaient les trésors des rois de France. En Auvergne, une autre pierre est également présente : l'améthyste. Moins valorisé que le saphir, ce quartz violet a été exploité pendant plusieurs siècles dans la région, jusque dans les années 1970, autour de la commune de Vernet-la-Varenne. Un nouveau filon a été découvert il y a quelques années dans le secteur. L'occasion, là aussi, de relancer une filière de pierres semi-précieuses française longtemps tombée aux oubliettes.
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