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VIDÉO - "Je ne suis pas un pilleur" : les détecteurs de métaux, une menace pour l'archéologie ?

par Julien MOREAU | Reportage TF1 Sophie Chevallereau, Vincent Pierron
Publié le 26 janvier 2023 à 15h44
JT Perso

Source : JT 20h WE

Des centaines de milliers, voire des millions d'objets sont illégalement prélevés du sol chaque année en France.
Avec la démocratisation de la vente de détecteurs de métaux, les prospecteurs prolifèrent.
Et tous n'ont pas conscience d'être dans l'illégalité.

Un danger pour notre patrimoine ? Détecteur de métaux et pelle à la main, un détectoriste montre aux caméras de TF1 la manière dont il fouille le sol avec son matériel.  En l'espace de quelques minutes, il trouve une pièce de monnaie datant de 1850.

L'homme souhaite garder l'anonymat, car ce qu'il fait est tout bonnement illégal.  Pour fouiller les sols, il faut l’accord du propriétaire du terrain. Les détectoristes ont également besoin de l'autorisation de la préfecture, ce que, n'étant pas archéologues, ils ne peuvent avoir. Fouiller illégalement est puni de 7.500 euros d’amende. 

je ne me considère pas comme un pilleur. Je ne vends rien du tout, c’est juste pour ma passion

Détectoriste anonyme

Pièces de monnaie, boucles de ceinture, dés à coudre… Il ramasse des objets de plusieurs centaines d’années, et parfois bien plus. "J’ai des pièces du XVIe siècle, des pièces du XVe siècle. J’ai des pièces de Philippe l’Arabe, ancien empereur de Rome. Mais je ne me considère pas comme un pilleur. Je ne vends rien du tout, c’est juste pour ma passion, j’aime beaucoup l’Histoire ", assuree le détectoriste dans le reportage en tête de cet article. Mais d’autres en font un business : sur Internet, on peut trouver des milliers d’annonces de monnaies romaines revendues quelques dizaines, parfois quelques centaines d’euros. Selon une association de défense du patrimoine, près de 2,5 millions d'objets seraint ainsi illégalement prélevés du sol chaque année. 

Certains vont même jusqu’à piller des sites archéologiques. Des fouilles clandestines sanctionnées dans ce cas bien plus sévèrement. La destruction d’un patrimoine archéologique, c’est sept ans d'emprisonnement et 100.000 euros d’amende.

Les détecteurs de métaux sont en vente libre, mais la réglementation sur leur utilisation est stricte. "On peut l’acheter, on peut l’utiliser chez soi pour faire une chasse aux trésors avec ses enfants pour creuser les sols. Là, cela ne pose pas de problème juridique", rapporte Alexandre Dumont-Castells, référent adjoint pour l’archéologie du groupement de gendarmerie des Bouches-du-Rhône.

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Le musée d’histoire de Marseille expose en ce moment des centaines d'objets saisis par les autorités  au sein d’une exposition intitulée "Trésors coupables - pillage archéologique en France et dans le Bassi"n. "Il y a une pièce de Cléopâtre qui a été saisie à Roissy. Il n’y en a que huit dans le monde des pièces comme cela", rapporte Xavier Corré, attaché de conservation au musée. Malheureusement, lorsque ces objets sont pillés, ils perdent leur valeur informative : où se trouvaient-ils ? Que raconte le lieu de leur découverte ? Des questions qui restent sans réponse. "C’est la connaissance et le savoir qui sont mis en danger. On efface la mémoire. C’est comme si vous arrachiez les pages d’un livre", ajoute-t-il. 


Julien MOREAU | Reportage TF1 Sophie Chevallereau, Vincent Pierron

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