VIDÉO - Opération "port mort" : le SOS retentissant des pêcheurs français

par La rédaction de TF1info | Reportage Chloé Ebrel, Tara Lagoutte
Publié le 30 mars 2023 à 16h57

Source : JT 13h Semaine

De Brest à Sète, des centaines de pêcheurs ont lancé ce jeudi une opération inédite "filière morte".
Réduction des quotas de capture, arrivée des éoliennes en mer... l'origine de leur colère est multiple.
Dans ce contexte, des poissonneries sont fermées ou présentent beaucoup moins de choix sur les étals.

Va-t-on manquer de poissons ? C'est la question qui traverse les esprits ce jeudi, alors que de nombreuses poissonneries à travers l'Hexagone sont fermées, quand d'autres présentent beaucoup moins de choix sur les étals.

Pourquoi cette raréfaction soudaine ? Après un début de mouvement lundi, les pêcheurs mènent ces jeudi et vendredi une opération inédite "filière morte" dans les ports, et des centaines de bateaux ne sortent plus en mer. Entre solidarité avec les pêcheurs et manque d’approvisionnement, beaucoup de poissonniers ont fermé boutique. "C'est une journée de perdue et on est onze salariés, donc ça va se répercuter sur la fin de mois, mais on soutient les marins et la filière", témoigne l'un d'entre eux à Brest, dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Ceux qui accueillent des clients ce jeudi, doivent pour leur part composer avec des étals clairsemés. 

"Même du lieu on n'en a pas"

"Habituellement, j'ai de la barbue, j'ai du Rouget barbet, j'ai un peu plus de maquereaux que ça, mais aujourd'hui, il ne m'en reste que trois", illustre un poissonnier de Guipavas, dans le Finistère. "J'ouvre de mardi à dimanche et quand je regarde mon étal, je me demande comment je vais faire", poursuit-il avant de souligner : "Même du lieu, on n'en a pas".

Les clients, eux, n'ont pas d'autre choix que de s'adapter, mais semblent pour la plupart comprendre les raisons de cette colère dans une région où la pêche est un emblème. "C'est leur gagne-pain, on leur interdit d'aller partout, bientôt ils ne pourront plus pêcher", explique l'un d'eux. Un second abonde : "C'est contraignant pour le consommateur, mais il faut voir la problématique qu'il y a derrière".

Jet de gerbe symbolique à Brest

Au port de Brest, 500 pêcheurs, venus de toute la région, étaient là pour en témoigner ce jeudi matin. Brexit, fermeture de zone de pêche, vie chère, arrivée des éoliennes en mer... ils ont exprimé leur ras-le-bol et symboliquement assisté ensemble à la déconstruction d’un navire de pêche, puis jeté une gerbe dans l'eau pour signifier l'enterrement de la pêche artisanale, comme le montre notre reportage. Des incidents ont éclaté à la mi-journée, avec notamment des feux de poubelles allumés devant le siège de l'Office français de la biodiversité, visé par des tirs de fusées et des jets de projectiles. Les pêcheurs locaux avaient prévu de marcher sur la criée et les quais pour distribuer des tracts aux passants, de même que leurs homologues de Saint-Malo et ceux de Lorient vendredi.

Pour la Bretagne, "tous les ports et les navires sont à l'arrêt", a indiqué Jacques Doudet, secrétaire général du comité régional des pêches de Bretagne. Les professionnels dénoncent des "réglementations européennes inadaptées", notamment l'interdiction de la pêche de fond dans les aires marines protégées d'ici à 2030, et la décision du Conseil d'Etat imposant d'ici à six mois la fermeture de certaines zones de pêche en Atlantique afin de préserver les dauphins dont les échouages se sont multipliés dans le golfe de Gascogne. Les pêcheurs réclament entre autres le paiement des aides gazole, dont "certaines n'ont pas été versées depuis six mois", selon le comité national.

"Plus de pêche française en Méditerranée"

De Boulogne-sur-Mer à Sète en passant par le Havre, les ports bretons ne sont pas les seuls à participer à l'opération inédite "filière morte" qui se poursuivra vendredi. À Boulogne-sur-Mer, principal port français où plus aucun bateau ne débarque sa pêche depuis dimanche soir, à 6 heures jeudi matin, le seul mouvement était celui d'un mannequin en ciré jaune, pendu à la grue d'un bateau, balancé au gré du vent, selon un correspondant de l'AFP. 

Au Havre également, une soixantaine de bateaux bloquaient le port, a constaté une correspondante de l'agende de presse. Selon la préfecture de Seine-Maritime, une cinquantaine de marins-pêcheurs bloquaient aussi un rond-point devant le siège havrais de la direction territoriale d'Haropa. Les pêcheurs normands menaient une "opération péage gratuit" sur le pont de Normandie, mobilisant une centaine de personnes.

À Sète (Hérault), 150 à 200 pêcheurs se sont réunis "pour faire un état des revendications", a indiqué à l'AFP Bertrand Wendling, directeur général de la Sathoan, une coopérative. "Demain, si rien n'est fait, on n'aura plus de pêche française en Méditerranée", a-t-il prévenu.


La rédaction de TF1info | Reportage Chloé Ebrel, Tara Lagoutte

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