"La paysannerie foulée au pied" : la colère des chasseurs privés de chasses traditionnelles

Publié le 27 octobre 2021 à 10h04

Source : JT 13h Semaine

REPORTAGE - Le Conseil d'Etat a suspendu une nouvelle fois les arrêtés gouvernementaux autorisant les chasses traditionnelles. Une décision qui ulcère les principaux intéressés.

Didier se dit écœuré. Après à peine une semaine de chasse, il doit déjà s'arrêter et ramasser ses filets étendus pour capturer l'alouette des champs. Cette technique fait en effet partie des chasses traditionnelles suspendues lundi soir par le Conseil d'Etat. La saison se termine donc prématurément pour lui. "J’ai pris des alouettes il y a trois jours. Ce sont les seules que je prendrai cette année, se désole le chasseur. C’est me priver d’un moment important : je prends chaque année des vacances pour ce moment-là, et là, douche froide hier soir, terminé, on ne peut plus chasser…"

Début août, plusieurs chasses traditionnelles (grives, merles noirs, vanneaux, pluviers dorés, alouettes des champs avec des filets ou cages) avaient déjà été interdites par le Conseil d'État, provoquant déjà la colère des chasseurs. Mi-octobre, ces pratiques avaient de nouveau été autorisées par le gouvernement, avant d'être suspendues lundi soir : le juge des référés du Conseil d'Etat, saisi en urgence par les défenseurs de la nature, a estimé que les nouveaux arrêtés du gouvernement avaient été pris sur la même base que ceux qui avaient été précédemment annulés, qu'ils risquaient donc de contrevenir au droit européen et qu'il existait "un doute sérieux quant à leur légalité".

"C’est la paysannerie qui a été foulée au pied. Ce sont des signaux très forts qui sont envoyés à nos campagnes, et ce sont des signaux très forts que l'on pourrait nous aussi renvoyer à nos dirigeants", s'insurge face aux caméras de TF1 Régis Hargues, directeur de la Fédération départementale des chasseurs des Landes.

Les chasseurs landais affirment que leurs filets sont sélectifs et ne capturent qu’un petit nombre de volatiles. Du côté de la Ligue pour la protection des animaux (LPO), on salue la décision des juges et on alerte sur l'effondrement des populations d'oiseaux, dont l'alouette. "Elle a perdu 30% de ses effectifs en 15 ans, 200.000 sont tuées au fusil, est-ce qu'il est bien utile d’en rajouter 100.000 par les pièges ?", interroge Yves Verilhac, directeur général de la LPO. Après cette décision rendue en urgence, le Conseil d'État doit de nouveau se prononcer sur la légalité de ces chasses traditionnelles d'ici quelques mois.


La rédaction de TF1 -LCI

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