Raffineries bloquées : de plus en plus de stations-service à sec, le sud-est très touché

La grève contre la réforme des retraites se durcit dans les raffineries, et de nombreuses stations françaises sont à sec pour la première fois depuis le début de la contestation, principalement dans le sud-est. Dans la station-service de Marseille que montre TF1 au début du reportage ci-dessus, les automobilistes n'ont pas d'autre option que d'attendre patiemment. Qu'importe si la station est à sec, ils espèrent l'arrivée d'un camion-citerne. Et certains sont venus très tôt ce lundi matin.

"Je suis là depuis cinq heures. On attend", déclare un automobiliste au volant de son véhicule. "Apparemment, le premier camion devait arriver à six heures, il ne sera pas là. Est-ce que pour autant on en aura rapidement ? interroge-t-il. On ne sait pas trop." "Je vais attendre une heure, deux heures. Je ne vais pas attendre toute la journée qu'il arrive"..., témoigne un autre conducteur. "Moi, je tente ma chance encore, j'attends jusqu'à 11 heures," persiste un troisième. 

Pour éviter de bloquer la route, l'accès à la station a été fermé. Lassés, certains préfèrent partir. "Je ne peux pas attendre trois heures, et j'ai de l'essence encore, ça va", se rassure une automobiliste.

Dans le sud-est, la situation devient préoccupante. À cause du blocage des raffineries et dépôts de la région, les stations ferment les unes après les autres. Dans les Bouches-du-Rhône, 50% des stations manquent d'au moins un carburant et 37% sont à sec. Le département voisin du Vaucluse a décidé lundi de limiter les ventes de carburants dans ses stations, jusqu'à jeudi inclus, afin d'éviter des phénomènes "d'achats préventifs préjudiciables au bon fonctionnement" de ces stations, selon les mots de la préfecture.

À l'échelle du pays, la situation est moins compliquée, car les pénuries ne concernent que 8% des stations. La France compte 200 dépôts pétroliers, et les pétroliers ont anticipé pour éviter la pénurie géante d'octobre dernier, causée par un conflit sur les salaires chez TotalEnergies et Esso. Ce qui fait dire à Francis Pousse, président de Mobilians, qu'au niveau national, la situation n'est "pas dramatique" et que le phénomène est "essentiellement concentré dans la région Paca".

À Paris ce lundi matin, pas de file d'attente interminable, mais quelques conducteurs préfèrent prendre les devants. "Je fais mon plein avant parce que je pense qu'il y aura une pénurie cette fois-ci", anticipe un automobiliste parisien.

Si l'on regarde la carte des raffineries de France, cinq d'entre elles ne fournissent plus aucune goutte de carburant (Gonfreville-L'Orcher, Donges, Feyzin, La Mède, Fos-sur-mer), et deux autres pourraient connaître le même sort. 

Il s'agit de la raffinerie PétroIneos à Lavéra (Bouches-du-Rhône), où "la procédure d'arrêt" doit être lancée lundi après-midi, selon Sébastien Varagnol, délégué CGT. La raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) pourrait, elle, s'arrêter de produire lundi ou mardi au plus tard, faute de pétrole brut à raffiner, conséquence d'une grève au port pétrolier du Havre, selon la CGT.

À côté, les dépôts connaissent eux aussi des blocages, une dizaine la semaine dernière, mais la liste se rallonge. C'est le cas de celui de Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine) par exemple, bloqué dans la nuit de dimanche à lundi par des grévistes prêts à continuer longtemps, quitte à ne plus toucher de salaire. "Chacun met dans la caisse de grève et on redistribue à la fin du mois quand la fiche de paie indique malheureusement un salaire bien moins élevé que d'habitude", explique une participante à la mobilisation

Malgré l'accélération du mouvement, pour l'instant, aucune réquisition n'est prévue par le gouvernement.