À Strasbourg, une paroisse protestante est au cœur d'une polémique après avoir accueilli en avril un spectacle mêlant musique sacrée et pole dance.Son pasteur a même reçu des menaces de mort.Mais il n'a pas cédé et a organisé une nouvelle représentation mercredi soir.
Un danseur de pole dance dans une église de Strasbourg, voilà une image qui choque. Cette discipline étant parfois perçue comme sexy, voire érotique. Pour autant, cette programmation audacieuse aurait pu passer inaperçue. Mais en avril dernier, après la première représentation, le pasteur de Saint-Guillaume, une paroisse protestante dédiée au culte luthérien, a reçu des menaces de mort.
Deux lettres anonymes glissées sous la porte de l'église, l'une appelant à ce "qu'on lui coupe la tête" pour avoir "donné la clé de notre sainte église à ce serpent qui fait la danse". Des tracts du spectacle portant l'inscription "à mort" ont aussi été retrouvés dans l'église, poussant Daniel Boessenbacher, également qualifié "d'antéchrist" dans un mail, à déposer plainte.
Si on a des convictions, il faut les défendre, quitte à prendre peut-être quelques risques.
Daniel Boessenbacher, pasteur de Saint-Guillaume
Malgré ces intimidations, et la nécessité d'une surveillance policière devant l'église, pour le pasteur, il n'était pas question de renoncer. "Ce n'est pas à cause de trois personnes qu'on va arrêter de vivre ou de faire quoi que ce soit. Si on a des convictions, il faut les défendre, quitte à prendre peut-être quelques risques", affirme-t-il dans la vidéo du JT de 13H en tête de cet article. La programmation culturelle de Saint-Guillaume avait déjà fait tousser quelques paroissiens, comme l'an dernier, lorsque l'église avait accueilli "Les 12 travelos d'Hercule", un cabaret de drag-queens. Ou encore quand le classique du cinéma d'épouvante "L'Exorciste" de William Friedkin y avait été projeté en 2018 dans le cadre du Festival européen du Film Fantastique de Strasbourg.
Des choix détonants qui ont pu choquer dans cette paroisse de quelques centaines de fidèles : "certains sont partis", concède Daniel Boessenbacher. Toutefois, les lettres de menace, anonymes bien sûr, n'ont fait qu'attiser la curiosité d'un public venu sans aucune appréhension. "Ce type de spectacle n'est pas forcément adapté à une église, mais aller jusqu'aux menaces de mort, c'est peut-être un peu violent", reconnaît un fidèle. De son côté, une jeune femme admet que le pole dance est un art. "Du coup, ça ne me pose aucun souci. Si la société était un peu moins obscurantiste, on n'en serait pas là", admet-elle. Et ce public est unanime, il ne fallait pas céder aux pressions.
Pendant ce temps, en pleine répétition, Vincent Grobelny, ancien champion de France (2018) et d'Europe (2017) de pole dance, enchaîne à la barre verticale des figures et peaufine sa prestation dans "La Serva Padrona", un opéra de Pergolèse donné de mercredi à vendredi avec l'orchestre Les Ornements. Ironie de l'histoire, lorsque Pergolèse créa cet opéra-comique au milieu du XVIIIe siècle, c'est déjà une révolution.
Bis repetita 250 ans plus tard, mais cet épisode renforce encore la détermination des musiciens. "Notre vrai rôle d'artiste, c'est d'apporter justement un spectacle à des gens, de les émouvoir, de leur ouvrir l'esprit, et c'est exactement ce que l'on fait avec ce spectacle de pole dance", reconnait Cyril Pallaud, directeur de Passions Croisées. Quant au danseur, il estime que le public est vraiment demandeur. "On est complet. La dernière fois, en avril, on a été deux fois complet. Je pense qu'il y a des gens qui veulent qu'il se passe autre chose dans ces lieux", assure Vincent Grobelny. La danse et la musique baroque ont gagné la partie mercredi soir. L'obscurantisme de quelques-uns n'aura pas gâché la soirée.
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