Reprise du site de Blanquefort : Bruno Le Maire accuse Ford de "trahison" et rend hommage à Philippe Poutou

Publié le 13 décembre 2018 à 17h32
Reprise du site de Blanquefort : Bruno Le Maire accuse Ford de "trahison" et rend hommage à Philippe Poutou

CASH - Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a dénoncé, lors des questions d'actualité au Sénat, la décision de Ford de rejeter l'offre de reprise du site de Blanquefort, en Gironde. "Révolté" et "écœuré", le ministre a notamment dénoncé "la lâcheté" et "le mensonge" du constructeur américain, et rend hommage à Philippe Poutou.

Le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a dénoncé la "trahison" de Ford, après que le constructeur américain a rejeté l'offre de reprise de son site de Blanquefort, en Gironde, dans lequel travaillent 850 salariés.  "Je veux profiter de la représentation nationale pour appeler Ford solennellement à réviser sa décision et à accepter la reprise de Punch qui garantit l'avenir du site industriel de Blanquefort", a affirmé le ministre lors des questions d'actualité au Sénat.

"Je suis révolté, je suis écœuré par cette décision qui ne se justifie que par la volonté de Ford de faire monter son cours de bourse", a lancé Bruno Le Maire. "Je veux dénoncer la lâcheté de Ford a qui je demande de parler depuis 3 jours, et qui n'a même pas eu le courage de prendre le ministre de l'Économie et des Finances au téléphone." Le ministre reconnaît ainsi que le constructeur ne l'a pas prévenu de sa volonté de rejeter l'offre de reprise de Punch Powerglide. 

Les salariés, les syndicats, monsieur Philippe Poutou, ont été à la hauteur de leurs responsabilités, là où Ford ne l'a pas été.
Bruno Le Maire

"Je veux dénoncer le mensonge de Ford qui dit dans ce communiqué que l'offre de reprise de Punch n'est pas crédible alors que nous y travaillons depuis des mois avec les salariés, avec Punch, et que c'est une offre industrielle crédible, solide, qui garantit l'avenir du site industriel de Blanquefort. Et je veux dénoncer la trahison de Ford vis à vis des plus de 800 salariés du site de Blanquefort, à qui je veux rendre hommage, parce qu'il avaient accepté de réduire leur salaire, de réduire leurs RTT, de faire des efforts considérables pour garantir la reprise", a poursuivi le ministre. "Ils ont été trahis par Ford. Les salariés, les syndicats, monsieur Philippe Poutou [le délégué CGT de l'usine, ndlr], ont été à la hauteur de leurs responsabilités, là où Ford ne l'a pas été."

Les salariés avaient accepté un gel de salaires pendant trois ans, la perte de trois jours de RTT et une modulation du temps de travail

Plus tôt ce jeudi, Ford a annoncé qu'il écartait l'offre de reprise de Blanquefort, pourtant appuyée par le gouvernement français, et qu'il proposait un plan social pour ses 850 salariés. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'était personnellement impliqué pour tenter de sauver le site de fabrication de boîtes de vitesse, et avait appelé mardi soir le constructeur américain à accepter le projet de reprise de la société franco-belge Punch Powerglide, qui devait préserver 400 

emplois.

Les syndicats de Ford Blanquefort avaient eux aussi appuyé ce plan, en acceptant un gel de salaires pendant trois ans, la perte de trois jours de RTT et une modulation du temps de travail. L'État, la région Nouvelle-Aquitaine et la métropole de Bordeaux devaient apporter un "soutien financier de 15 millions d'euros" à ce projet industriel. "Malgré les discussions rigoureuses et approfondies des neuf derniers mois, et les meilleurs efforts fournis par chacune des parties, le plan proposé par le repreneur potentiel présente des risques significatifs", affirme Ford dans son communiqué.

Le site avait bénéficié de 25 millions d'euros de subventions publiques il y a 5 ans

"Leurs explications, c'est du blabla c'est juste qu'une fermeture coûte moins cher à Ford qu'une reprise", a réagi Vincent Alauze, délégué syndical CGT de l'usine de Ford. Le président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine "ne veut encore croire que tous les efforts engagés par les deux groupes et les représentants des salariés n'ont pas encore été vains et appellent ces trois parties à tirer profit des jours qui viennent pour parvenir à une solution durable sur le plan industriel et raisonnable sur le plan social". Quant à Jean-Luc Gleyze, président du département de la Gironde, et Christine Bost, vice-présidente, ils se disent "scandalisés par la stratégie du Groupe Ford. Une stratégie indigne au regard des 7 milliards d’euros de profits que le Groupe a dégagés en 2017".

Ces derniers rappellent que Ford a bénéficié il y a 5 ans de 25 millions d’euros de subventions publiques. "Bien entendu, nous exigerons de Ford le remboursement des aides perçues", concluent-ils. L'arrêt de production sur le site est prévu fin août 2019 par le groupe, qui s'est engagée à ne prononcer aucun départ contraint avant septembre 2019. 


La rédaction de TF1info

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