Avec la réforme des retraites, les syndicats font le plein d'adhérents

Publié le 20 avril 2023 à 16h07, mis à jour le 20 avril 2023 à 16h34

Source : JT 20h WE

Depuis le début du mouvement, l'intersyndicale donne le rythme de la mobilisation.
Une présence dans les médias et dans la rue qui semble leur avoir bénéficié.
Les syndicats rapportent enregistrer une hausse exceptionnelle du nombre d'adhésions depuis le début de l'année.

Les syndicats n'ont pas obtenu le retrait de la réforme des retraites, mais ils auront malgré tout bénéficié du conflit social. Depuis le début de l'année, les organisations rapportent enregistrer une hausse exceptionnelle du nombre d'adhésions, notamment des jeunes salariés ou encore travaillant dans des branches jusque-là faiblement syndicalisées.

En annonçant son départ de la tête de ce qui est devenue la première organisation syndicale de France, Laurent Berger s'est ainsi félicité de laisser "une CFDT qui va bien", forte de 31.000 nouveaux adhérents depuis le début de l'année. Une augmentation de 40% par rapport à la même période en 2022. De nouvelles adhésions sont aussi observées du côté de la CGT. La Confédération générale du Travail enregistre, entre le 1er janvier et le 17 avril 2023, une hausse de 200% du nombre d'adhésions par rapport à la même période en 2022. 30.000 nouvelles adhésions ont ainsi été rapportés.

"Il y a un élan clairement"

Au-delà des deux principaux syndicats, les plus petites organisations constatent également des demandes d'adhésion en hausse. Au sein de la CFTC, on explique ainsi que 6500 adhésions ont été enregistrées durant le premier trimestre, soit 50% de plus que l'année précédente sur la même période. Parmi elles, 2500 seraient de nouvelles adhésions. "Il y a un élan clairement", constate-t-on du côté de la Confédération française des travailleurs chrétiens, qui s'expliquerait par "la mobilisation autour de la réforme des retraites et la médiatisation qui va de pair. Il y a un double effet, surtout pour nous qui sommes un plus petit syndicat que d'autres."

Même son de cloche parmi l'Unsa, Solidaires ou la FSU, bien que les chiffres précis dans ces fédérations regroupant plusieurs syndicats répartis partout sur le territoire n'ont pas encore été centralisés. De même au sein de la CFE-CGC, qui note des "adhésions en plus" mais dont les chiffres ne seront disponibles qu'en fin d'année.

Des adhésions surtout parmi les jeunes

Par ailleurs, cette hausse exceptionnelle s'accompagnerait par l'arrivée de nouveaux profils. Au sein de la Fédération syndicale unitaire par exemple, certains secteurs comme la justice ou l'enseignement professionnel sont particulièrement concernés par l'augmentation de la syndicalisation. De même, au sein de Solidaires, on constate une hausse de syndicalisation dans la branche informatique, jusque-là peu mobilisée. "Ça a décollé début janvier et ça s'est amplifié chaque semaine pendant trois mois", se félicite un membre du bureau Solidaires Informatique, qui rapporte par ailleurs que les profils sont surtout des jeunes, entre 20 et 35 ans.

De même pour la CFDT, qui déclare 20% de jeunes parmi les nouveaux adhérents. La CGT précise quant à elle que parmi les nouvelles adhésions, 35% ont moins de 35 ans et 30% ont adhéré à la CGT des ingénieurs, des cadres et des techniciens. "C'est pas habituel", assure-t-on au sein du syndicat dont Sophie Binet a repris la tête, après avoir justement dirigé cette section syndicale.

La mobilisation contre la réforme des retraites semble donc bien avoir renoué un lien de confiance entre les travailleurs et les syndicats, qui était jusque-là rompu. Une étude du Centre de recherches politiques de Sciences Po notait effectivement en décembre 2022, avant la mobilisation sociale, que 36% des salariés seulement déclaraient avoir confiance dans les syndicats. "Ils sont sortis de la relative indifférence que beaucoup de salariés leur manifestaient jusqu'à présent", constate par conséquent auprès de TF1info le politologue Jean-Marie Pernot, ce qu'il expliquait notamment par les divisions qui fracturaient le mouvement syndical jusqu'à présent. "Là, ils ont construit un cadre unitaire, qui a déjà fait tomber pas mal de réticence, et ensuite, il y a eu cette question des 64 ans, qui a fédéré l'opinion publique."

"Ce mouvement les remet au centre du jeu. Ils émergent, ils montrent qu'ils n'avaient pas totalement disparus. Quoi qu'il advienne maintenant et sauf si leur unité d'action venait à voler en éclat, ce ne sont pas eux qui sortiront perdant de ce conflit", estime encore le chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales, auteur du livre Le syndicalisme d'après. Avec ce nouvel afflux, les syndicats vont devoir répondre à de nouveaux enjeux. "Il faut que les syndicats soient capables d'organiser ce nouveau flux, soient capables de leur faire une place, éventuellement même de bouger un peu les structures de leurs organisations", juge Jean-Marie Pernot. Les prochains mois permettront de voir si cet élan vers les syndicats se confirme.


Aurélie LOEK

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