Lait infantile contaminé : Lactalis et la grande distribution face au scandale

Lait contaminé : après la mise en examen de Lactalis, les familles "en colère" attendent le procès

par La rédaction de TF1info | Reportage Caroline Bayle, Laurent Delsol
Publié le 16 février 2023 à 22h11
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

Le groupe Lactalis et la société Celia de Craon ont été mis en examen, ce jeudi 16 février.
Des poursuites dans le cadre du scandale des boites de lait infantile contaminées aux salmonelles en 2017.
37 enfants étaient tombés malade en raison de ces produits.

Comme plus de 300 familles, Léa a porté plainte dans le scandale des boites de lait infantiles contaminées aux salmonelles. Il y a cinq ans, son fils, alors âgé de 18 mois, avait été victime de violentes diarrhées et de vomissements. "Il a été très malade durant des semaines. Évidemment, je suis très en colère, parce que c'est de la nourriture pour des enfants ! Qui en plus passe par les mamans ou les papas qui les nourrissent", s'emporte-t-elle dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. 

Plus de cinq ans après le scandale du lait contaminé chez Lactalis, qui a touché des dizaines d'enfants, le groupe et sa filiale qui fabriquait les boîtes de lait ont été mis en examen jeudi 16 février, notamment pour tromperie aggravée et blessures involontaires.

"Condamner" les responsables

Convoqués par un juge du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, le groupe Lactalis et la société Celia de Craon (Mayenne) ont également été mis en examen pour inexécution de mesures de retrait et rappel, a annoncé le numéro un du lait français dans un communiqué. Les deux entités ont été placées sous contrôle judiciaire avec un cautionnement de 300.000 euros chacune.

Fin 2017, 37 victimes avaient été identifiées, des bébés qui avaient consommé du lait en poudre fabriqué en Mayenne, essentiellement de marque Milumel ou Picot, sorti de l'usine de Craon. Malgré l'alerte sanitaire, il avait fallu attendre plus d'un mois et des menaces de sanction du ministre de l'Économie de l'époque, Bruno Le Maire, pour que Lactalis retire du marché tous les lots concernés.

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"C'est extrêmement important pour nous que ça avance, maintenant, il va falloir qu'il y ait un procès rapidement, pour que les responsables puissent être condamnés et puis aussi que ça fasse la lumière sur la manière dont les choses se sont passées", espère Quentin Guillemain, président de l’association pour la santé des enfants (APLSDE). Dans un premier temps, Lactalis avait parlé de contamination accidentelle, après des travaux effectués dans son usine de Mayenne dans le courant du 1er semestre 2017. Une hypothèse qui avait par la suite été balayée par l'Institut Pasteur, qui avait démontré que les salmonelles étaient déjà présentes sur le site 12 ans auparavant, en 2005.

Dans un communiqué, le groupe laitier a assuré avoir conscience des épreuves vécues par les familles. Il a également estimé que "cette étape marque le début de l'instruction judiciaire, dans laquelle Lactalis s'engagera pleinement et en toute transparence" en estimant que "l'enjeu de cette procédure est de permettre la manifestation de la vérité scientifique dans ce dossier industriel complexe". En cas de procès, Lactalis encourt une amende de plusieurs millions d'euros.

Une multiplication des scandales alimentaires

Plusieurs associations, qui ont porté plainte dans le dossier, ont quant à elle appelé à "mettre fin aux dérives dangereuses des géants de l'agroalimentaire". L'AFVLCS dénonce les récentes affaires chez Lactalis, Buitoni et Nestlé (Kinder) et ces groupes qui "n'hésitent pas à mettre en péril notre santé et celle de nos enfants pour leurs seuls profits". "Foodwatch demande justice pour les bébés contaminés mais aussi des sanctions exemplaires et dissuasives afin de mettre fin au climat d'impunité" dans lequel évoluent les entreprises alimentaires, a déclaré pour sa part Ingrid Kragl, porte-parole de l'ONG qui avait porté plainte.

Selon une expertise rendue en octobre 2022 et versée au dossier, dont l'AFP a eu connaissance, "l'entreprise a manqué de vigilance, voire de clairvoyance vis-à-vis des signaux négatifs répétés qui alertaient sur une perte de sécurité de la fabrication". "Mais le dossier ne conduit aucunement à constater que l'entreprise n'aurait pas respecté ses engagements préétablis pour se mettre en conformité avec les exigences de la réglementation (...) ou bien qu'elle aurait commercialisé avant le 1er décembre [2017] des produits en sachant qu'ils étaient contaminés par des salmonelles suite à une analyse d'autocontrôle", ajoutent toutefois les experts.


La rédaction de TF1info | Reportage Caroline Bayle, Laurent Delsol

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