Avant de devenir la prof de chant de la Star Academy 2022, Adeline Toniutti était chanteuse lyrique.Mais un jour, sa voix s'est brisée et dans la foulée, elle a été victime de violences conjugales.Des épreuves qu'elle a racontées ce dimanche à Audrey Crespo-Mara dans "Sept à Huit".
Sa vie est loin d'avoir été un long fleuve tranquille. Derrière les paillettes et les strass de la nouvelle saison de la Star Academy, qui s'est clôturée le 26 novembre dernier, Adeline Toniutti, la coach vocale, cachait des fêlures dont elle veut aujourd'hui se libérer. Pour ce faire, elle a accepte de rembobiner le film de son incroyable vie, devant les caméras de "Sept à Huit", dans la vidéo en tête de cet article.
Tout commence dans un petit village de Franche-Comté où dès son plus jeune âge, la jeune femme de 34 ans souffre de voir ses proches malades. "Je viens d'une famille plutôt modeste qui est issue de l'immigration italienne et polonaise. Mon papa était le facteur du village et ma maman a arrêté son commerce de proximité pour s'occuper de sa maman malade et de sa grand-mère malade. Ma grand-mère avait la maladie de Charcot. Elle a des muscles qui s'atrophient et donc on vit dans la famille avec cette peur que mamie va partir. Et ma mémère est tellement choquée de la dégradation de sa fille qu'elle développe un Alzheimer", raconte-t-elle à Audrey Crespo-Mara.
Cette enfance en vase clos, paralysée par la maladie et le handicap, trouve une échappatoire grâce à la musique. Adeline "joue de la clarinette, écoute Mozart et s'amuse à diriger un orchestre comme Louis de Funès dans la Grande Vadrouille". Et puis les chansons de Freddie Mercury (le leader du groupe de rock Queen, ndlr), vénéré par son père, ne sont jamais très loin. "C'est une bulle où je me construis un idéal qui n'existe pas dans la vraie vie parce que moi, la vraie vie, je la trouve un peu difficile", dit-elle.
En fait, les gens pensent que je maigris parce que je n'ai plus de voix, mais je maigris parce que je n'ai plus de voix, ni de voie. Je ne sais plus où aller.
Adeline Toniutti
À 15 ans, c'est la révélation : "J'intègre un chœur au conservatoire", poursuit-elle. La jeune femme apprend le chant lyrique, et à 25 ans, le succès est au rendez-vous ; les spectacles s'enchaînent. Mais alors que tout lui sourit, en décembre 2014, Adeline est victime d'un terrible accident en raison d'une cheminée défectueuse qui lui brûle les cordes vocales. "Il y a une fêlure qui fait que les isolants thermiques, l'aluminium, fondent et ça émane des gaz toxiques. Je m'endors soprano colorature et je me réveille aphone", se souvient-elle. Incapable de parler, elle subit trois lourdes opérations et apprend qu'elle ne pourra pas rechanter. L'artiste finit par sombrer. "J'ai fait de l'anorexie, j'avais envie de mourir, je perds le sens de ma vie vraiment, je me sens très handicapée parce que quand je parle, j'entends une voix qui n'est pas moi", reconnaît-elle. Avant d'ajouter : "À ce moment-là, je n'ai plus de travail, plus d'avenir, plus de revenus".
C'était sans compter sur un compagnon violent qui en profite pour la maltraiter. "Au début, il me rabaisse. Il me dit : 'Tu ne sers à rien, tu ne travailles pas, en plus, tu fais la pute quand tu sors'. Après, c'est une première gifle", détaille-t-elle. Et de se rappeler : "Un jour, il est rentré du travail et moi, j'étais à la maison évidemment, et il a tourné la serrure. Il était fâché, j'avais mal mis les couverts sur la table et je me suis pris une tarte dans le visage. Je savais bien que ce n'était pas normal, mais j'étais tellement affaiblie, et puis il avait l'air pas bien. Et puis, ça a recommencé encore et encore", avoue-t-elle. Et le jour où elle lui dit qu'elle va partir si il recommence, elle rapporte cette terrible menace : "Si tu pars, je te coupe en morceaux, je creuse un trou dans un bois et je vais t’enterrer là où personne ne te retrouvera, même pas tes parents."
Aidée par une amie
Terrorisée, la jeune femme subit cette situation sans en parler à personne et ne parvient pas à s'en aller. Il lui faudra l'intervention d'une amie pour qu'elle se décide enfin à reprendre sa vie en main. "Elle voit que je me dégrade et comprends ce qui se passe. Elle me dit : 'Adeline, il y a un truc qui ne va pas, c'est au-delà de ta voix'. Puis, elle me demande : 'Est-ce qu'il te frappe ?', et je ne réponds pas parce que je n'ose pas lui dire oui", admet-elle. D'autres mots vont pourtant faire l'effet d'un électrochoc. "Elle me dit : 'Adeline, tu veux finir sur un fauteuil comme ta grand-mère ?' Et à ce moment-là, je ne sais pas ce qui se passe, je sens ma colonne vertébrale qui se hérisse comme un chat et je me dis que je peux encore me prendre en main. Je n'ai plus de voix, mais j'ai encore deux jambes pour partir. Et là, j'ai pris le téléphone, j'ai appelé SOS Femmes battues, et je suis partie", continue-t-elle.
Malgré la difficulté à s'exprimer sur le sujet et la douleur encore très vive, Adeline sait que son récit glaçant, mais nécessaire, peut aider d'autres femmes victimes de violences conjugales. Car désormais, la jeune femme veut se rendre utile. Alors, à défaut de pouvoir chanter, elle commence à aider les autres à chanter. Puis ouvre une école de chant et devient coach vocale. "En aidant les autres, je me suis redonné un sens à ma vie. Voir leur sourire, leur enthousiasme et à quel point ils sont heureux quand je les aide à chanter ou aller mieux avec leur voix, ça me remplit", lâche-t-elle.
Aujourd’hui, la trentenaire a retrouvé sa voi(e)x. Une voix rauque et rock, comme elle en rêvait enfant. "Des notes reviennent, pas d'opéra. C'est peut-être un cadeau de là-haut, je ne sais pas. C'est vraiment un tournant magnifique dans ma vie. Moi qui aimais le rock'n roll, j'y retourne. The show must go on", conclut-elle.
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