REPORTAGE – De plus en plus de femmes font le choix de s'exposer nues sur de nouveaux réseaux sociaux.Un business lucratif qui ne cesse de prendre de l'ampleur, malgré ses dangers.Plusieurs modèles ont raconté à TF1 à quel point leur quotidien en avait été bouleversé.
Jeunes étudiantes, fleuristes, commerçantes, secrétaires... Des milliers de femmes font le choix de gagner de l'argent en postant des photos sexy ou pornographiques sur des réseaux sociaux spécialisés. Ce phénomène, qui ne cesse de prendre de l'ampleur, a explosé à la faveur du confinement. L’objectif de ces modèles, souvent amateures, est d’avoir un maximum d’abonnés payants pour arrondir leurs fins de mois, voire même en faire une activité à part entière. De plus en plus banalisée, parfois considérée comme anodine, cette activité lucrative n'est pas dénuée de tout danger. Les équipes de "Sept à Huit" ont rencontré plusieurs femmes qui ont accepté de partager leur nouveau quotidien.
Au premier abord, le foyer de Marilyne et Valentin est tout ce qu’il y a de plus classique. Tous deux - elle, secrétaire dans une entreprise de panneau solaire et lui concessionnaire automobile - gagnaient chacun, jusqu'à il y a peu, un peu plus que le SMIC. Bien qu'ils n'aient jamais été libertins, ils ont eu l'idée, pour accroître leurs revenus, de s'inscrire sur un réseau social coquin d'un genre nouveau. Ainsi, depuis 6 mois, Maryline mène une double vie. Plusieurs fois par semaine, elle pose nue ou en petite tenue pour ses 1200 abonnés. "Je suis plutôt réservée, la petite timide qui ne parle pas. Donc les gens sont assez surpris quand je leur dis ce que je fais", affirme la mère de famille, âgée de 27 ans, qui choisit avec son mari les clichés à poster. Pour accéder à ce contenu, les abonnés doivent payer. "J'ai un abonnement mensuel qui donne accès à toutes mes photos, toutes celles que j'ai déjà postées et toutes celles que je vais poster pendant un mois", précise l'intéressée. Soit un tarif de 4,40 €, dont 20% de commission pour le site.
"Une certaine proximité" avec les abonnés
Maryline propose aussi à ses abonnés des vidéos encore un peu plus chaudes, du contenu à caractère sexuel, moyennant un supplément. Elle répond à tous les messages et réalise les fantasmes de ses abonnés. Une prestation dont elle fixe, personnellement, le prix. "C'est ce qui change des autres sites pour adultes qui ont un côté un peu plus froid : proposer une certaine proximité. J'aime pouvoir leur offrir ça", plaide la jeune femme. Quand ils se sont lancés, les deux époux pensaient gagner quelques centaines d'euros. Aujourd'hui, leur nouveau hobby leur rapporte jusqu'à 10.000 € par mois. "J'assume pleinement. Après, on a toujours peur de la réaction des autres", glisse la femme, qui a décidé d'en parler à ses proches.
Âgée de 21 ans, Bérangère étudie le romantisme allemand. Après avoir longuement hésité, elle s'est lancée en août dernier sur ces plateformes payantes. "C'était vraiment parce que j'étais dans le rouge financièrement et que j'avais besoin de m'en sortir toute seule", explique-t-elle à TF1. Lorsqu'elle s'est inscrite, elle a gagné 1500 € en trois jours. Depuis, elle ne s'est plus arrêtée, malgré les tentatives de sa mère pour la convaincre du contraire. Pour autant, la jeune femme n'a jamais envisagé d'arrêter ses études. "J'espère qu'à un moment cela ne prêtera plus préjudice de faire ce que l'on a envie de faire avec son corps", escompte-t-elle. Point positif, devenir le fantasme de ses abonnés a aidé Bérangère à mieux accepter son corps. Avant d'ouvrir son compte, elle était complexée. "Les gens qui te suivent, comme ils paient, sont généralement très gentils. Il n'y a pas de critiques. Du coup tu t'assumes de plus en plus, tu te sens de mieux en mieux", constate-t-elle avec satisfaction.
L'argent appelle l'argent et on dépasse les limites que l'on s'était fixé.
Bérangère, 21 ans
Toutefois, si la plateforme est devenue un miroir flatteur, l'étudiante admet aussi avoir été prise dans un engrenage pervers. "Au début, je m'étais fixé des limites et m'étais dit que je ne faisais que des photos, pas de vidéos. Mais l'argent appelle l'argent et on dépasse les limites que l'on s'était fixé. Au bout de quelques mois, je me suis mise à faire des choses que j'aurais jamais pensé faire", raconte la modèle. "C'est un cercle vicieux, on doit répondre aux demandes de nos abonnés, même si on en n'a pas envie", lâche-t-elle. Pour autant, elle l'assure, elle n'a "pas l'impression de [se] prostituer". "Ce sont les autres qui me font ressentir cela", ajoute-t-elle.
Une nouvelle forme de prostitution ?
Après avoir gagné 50.000 euros en un an, Iris a, elle, décidé d'arrêter. Elle a déchanté le jour où on l'a averti que certaines de ses photos se trouvaient sur un site pédopornographique. "On n'est pas préparés à ça. Et quand ça arrive, je vous assure que c'est très dur", témoigne-t-elle sous couvert d'anonymat. Alors qu'elle avait délaissé son métier d'origine, la jeune femme vient tout juste de signer un CDD de fleuriste. Désormais, elle tente d'échapper à cette spirale destructrice. "C'est horrible comme l'argent est addictif.", commence-t-elle. Mais "ce n'est pas une vie, c'est du virtuel", expose-t-elle, "j'ai besoin de travailler, d'avoir une vie sociale et de parler avec des gens". "En fait, c'est de la prostitution. On nous paye pour voir notre corps. Même si ce n'est pas réel, cela reste de la prostitution", reconnaît-elle finalement, avec dépit.
Depuis deux ans, les plateformes d'échange de contenu sexuel se sont multipliées. Elles banalisent ce nouveau business du nu. Si certains professionnels comme des acteurs porno ou des camgirls y sont inscrits, la plupart des profils sont ceux de monsieur ou madame tout le monde. Reste la question délicate des mineurs. Pour éviter qu'ils y vendent leurs photos, les sites et applications ont, la plupart du temps, mis en place plusieurs étapes de vérification. Les candidats doivent ainsi fournir un relevé de compte bancaire, une pièce d'identité et se prendre en photo. Ces précautions se révèlent pourtant insuffisantes et certaines plateformes ont déjà été épinglées pour leur laxisme.
Cet extrait vidéo est issu du replay de "Sept à Huit", émission d’information et de reportages hebdomadaire diffusée sur TF1 et présentée par Harry Roselmack. 7 à 8 propose 3 à 4 reportages sur l’actualité du moment : politique, faits divers, société ou encore évènements internationaux.
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