Scènes de crime ou de suicide, habitations envahies par les déchets, la saleté et les excréments...Ceux que l'on surnomme les nettoyeurs de l’extrême font le sale boulot et répondent à la détresse de clients souvent à la dérive.Une équipe de "Sept à Huit" a suivi leur difficile quotidien.
"On se demande comment il a fait pour vivre ici", constate Meïr, 37 ans, nettoyeur de l'extrême, avant de tenter d'escalader des piles de déchets. "Jusqu'à mardi, l'homme qui vivait dans cet appartement dormait à cet endroit. Là où je marche, il y a un matelas, avec sa couverture", déduit-il en désignant des draps ensevelis par plusieurs couches de détritus. La mission de Meïr et son équipe : nettoyer entièrement cet appartement envahi par des années de déchets. "Étant donné que je ne trouvais pas de métier classique, je suis allé sur internet et je suis parti chercher le top 10 des métiers que personne ne voulait faire", se souvient Meïr dans le reportagede "Sept à Huit" à retrouver en tête de cet article.
Il y a quelques mois, Meïr se fait embaucher par une femme à la tête d'une entreprise spécialisée, et dès sa première mission, il prouve qu'il a le cœur bien accroché : "C'était un papi de 86 ans qui s'était suicidé. Il y avait du sang partout : sur les murs, sur le sol, sur le plafond...", raconte-t-il. "J'ai travaillé avec cette femme pendant un an pour qu'elle m'apprenne le métier : les scènes de crime, les morts, les punaises de lit, les cafards, les souris, les rats... à ce stade, je ne pouvais plus me défiler", ajoute le nettoyeur de l'extrême, encore hanté par ces images. Meïr gagne aujourd'hui près de 5.000 euros par mois en travaillant avec sa femme Mandy, qui gère les appels depuis chez elle. Ce jour-là, une cliente la contacte pour sa mère, atteinte du syndrome de Diogène. Un trouble qui pousse à accumuler systématiquement des objets inutiles ou des déchets.
Détresse psychologique des habitants
Trois semaines plus tôt, Meïr et ses équipes sont intervenus chez Valérie, elle aussi atteinte du syndrome de Diogène. Elle a accepté de se livrer anonymement face aux caméras de "Sept à Huit" ci-dessus. Valérie a vécu, pendant plusieurs mois, dans un appartement devenu insalubre. "Avant qu'ils interviennent, je ne pouvais plus mettre un pied sur le balcon, j'avais accumulé plein de sacs-poubelle. J'avais aussi deux éviers, et on ne les voyait même plus", se souvient-elle, fixant le plan de travail de sa cuisine désormais complètement dégagé. "Le couloir, on ne pouvait plus marcher parce qu'il y avait des excréments d'animaux partout. J'étais tellement en déprime que je ne changeais même plus la litière. Donc il fallait bien que ces petites bêtes fassent leurs besoins quelque part", détaille la quinquagénaire. Le syndrome de Diogène touche toutes les classes sociales et se déclare après 40 ans, souvent à la suite d'un choc psychologique.
Il y a un an, Valérie a fait une dépression après le décès de sa mère, et la perte de son emploi qu'elle occupait depuis 30 ans. "Ça s'est installé petit à petit. On remet les choses au lendemain. J'ai sombré à un point où, parfois, je restais assise sur le canapé à ne plus arriver à bouger, ne serait-ce que me lever pour prendre un verre d'eau", explique-t-elle, catastrophée. Il y a quelques semaines, Valérie a été victime d'un grave malaise, mais elle n'a pas osé appeler les secours. "Entre les cafards, les punaises, la saleté, je ne voulais pas les appeler. J'avais vraiment trop honte", confie-t-elle, en pleurs. Le nettoyage de son appartement lui a coûté 5.000 euros, financé grâce à ses indemnités de licenciement. En France, une personne sur 2.000 serait atteinte du syndrome de Diogène.