"Taxe rose" : ces produits que les femmes continuent de ne pas payer au même prix

M.D. | Reportage TF1 Delphine Sitbon et Marine Derre
Publié le 21 septembre 2022 à 9h50

Source : JT 13h Semaine

Les femmes doivent souvent payer plus cher que les hommes pour un même produit.
Huit ans après l'émergence d'une polémique autour de cette "taxe rose", rien n'a changé, a constaté une équipe de TF1.

Aujourd’hui encore, les femmes continuent de payer plus cher que les hommes pour un même produit. Plus qu’une discrimination, une véritable "injustice" que dénoncent régulièrement les associations féministes depuis 2014. Cette année-là, le collectif féministe Georgette Sand avait interpellé le gouvernement sur cette pratique, en lançant notamment une pétition en ligne signée par quelque 40.000 personnes. 

Huit ans plus tard, rien n’a changé ou presque, comme le constate une équipe de TF1 dans la vidéo en tête de cet article : 44 centimes de différence sur un déodorant pour femme par rapport au produit équivalent pour homme, 22 centimes sur des rasoirs, 1 euro pour des chaussettes pour enfant... En fouillant un peu, les exemples ne manquent pas dans les rayons des grandes surfaces. Parfois, c'est encore plus subtil, comme ce pack de douze rasoirs pour homme vendus quasiment au même prix que celui pour femme... à ceci près que ce dernier n'en contient que huit. 

TF1
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Une pratique commerciale qui concerne aussi des produits vendus en pharmacie, à l’instar de cet anti-inflammatoire très connu, dont la déclinaison pour femme, reconnaissable à sa boîte rose, est vendue 49 centimes de plus que l’original. Autre exemple encore, cette fois-ci dans une enseigne de sport, où des chaussures de couleur rose sont vendues un euro de plus que les bleues. Du côté des vêtements pour enfant, comptez jusqu’à 4 euros d’écart pour deux doudounes équivalentes.

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Pour beaucoup de femmes, ce n'est ni plus ni moins qu’une injustice de plus. "Comme d’habitude, c’est toujours plus cher pour les femmes que pour les hommes", s’agace une consommatrice interrogée par TF1. "En plus, les femmes sont en général moins bien payées que les hommes. C’est d’autant plus injuste", abonde une autre. "C’est aberrant, c’est énervant… ça me dégoûte", peste une troisième. 

Il faut toujours regarder la composition des produits pour voir si c’est la même, et aller au rayon homme pour comparer, regarder le prix à l’unité
Auriane Dumesnil, cofondatrice de l’association "Pépite sexiste"

Pour vous aider à éviter les pièges, Auriane Dumesnil, cofondatrice de l’association "Pépite sexiste", livre quelques astuces dans la vidéo de TF1. "D’abord, il faut toujours regarder la composition des produits pour voir si c’est la même, et aller au rayon homme pour comparer, regarder le prix à l’unité. Et puis, si vous trouvez une différence de prix, n’hésitez pas à le dire au magasin, car c’est interdit de faire ça", insiste-t-elle. Quelques enseignes ont mis en place des chartes qui les engagent à pratiquer des prix égalitaires.  

Certaines marques choisissent quant à elles de pratiquer les mêmes prix pour les hommes comme pour les femmes. "En réalité, celui qui nous coûte le plus, c’est celui pour homme, parce qu’il y a un peu plus de tissus étant donné que les tailles hommes sont un peu plus grandes. Comme ça nous coûte environ 50 à 1 euros de plus, on pourrait vendre la version homme un peu plus cher, mais on a fait le choix de positionner les deux au même prix", explique Nathalie Fargeon, cofondratrice de la marque "Emoi Emoi". Pour le t-shirt pour femme moins cher, il faudra encore attendre. 

En 2015, face à la polémique, le ministère de l'Économie avait diligenté une étude pilotée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Mais cette étude, portant sur trois familles de produits (rasoirs, déodorants et crèmes hydratantes) vendus dans 2.237 hypermarchés et 5.250 supermarchés, avait conclu qu'il n'y avait "pas de phénomène global et avéré" de discrimination à l'encontre des femmes dans les prix de produits et services, les écarts pouvant être "alternativement défavorables aux hommes ou aux femmes".


M.D. | Reportage TF1 Delphine Sitbon et Marine Derre

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