De plus en de piétons accaparés par leur téléphone sont impliqués dans des accidents.Des initiatives tentent de lutter contre ce phénomène.
Les yeux rivés sur leur téléphone, ils arpentent les trottoirs des villes sans se soucier du monde qui les entoure, parfois au péril de leur vie. Eux - nous tous ? -, ce sont les "smombies" (fusion des mots "smartphone" et "zombie"), néologisme apparu ces dernières années pour désigner le comportement à risque d’un nombre croissant de piétons. Un phénomène qui inquiète de plus en plus les pouvoirs publics. Face à la hausse du nombre d'accidents, les initiatives se multiplient pour lutter contre ce phénomène, en France comme ailleurs.
Ces zombies du smartphone sont devenus la hantise de Jean-René Forté, conducteur de bus à Paris. "Les gens sont accaparés par leur téléphone et on les voit débouler, surpris parfois", s'agace-t-il dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. Face à la montée des accidents de piétons due à l’usage du smartphone - 391 piétons tués l'an dernier suite à des accidents, principalement en agglomération -, le groupe RATP a mis au point un système d'alerte, en collaboration avec la startup Copsonic. "Nous avons développé une solution innovante qui consiste à envoyer une alerte directement sur le téléphone du piéton. Le bus envoie un ultrason qui va ensuite être capté par le smartphone", explique Benjamin Charles, chef de projet en charge de l'application "Amy" à la RATP.
Concrètement, une fois que le chauffeur du bus actionne ce signal d'urgence, le téléphone du piéton se trouvant à proximité se met à vibrer et un message d’urgence s’affiche immédiatement sur l’écran de l'appareil, pendant que le volume de la musique s'abaisse automatiquement, de manière à l'avertir du danger potentiel. Pour recevoir l’alerte, il faudra cependant que l’utilisateur télécharge au préalable l'application, un frein potentiel en vue de son développement à grande échelle.
Des marquages lumineux au sol
En France, l’entreprise Colas, filiale du groupe Bouygues (propriétaire de TF1), a mis un point une technologie similaire. "Nous avons des capteurs qui permettent de scénariser l’allumage en fonction de la présence de piétons", explique Laurent Le Boulc'h, son directeur adjoint. Dès que des piétons s’engagent, les bandes lumineuses s’allument de manière à signaler leur présence aux automobilistes. "Il y a une vraie amélioration du respect du passage piéton par les automobilistes", assure son concepteur.
En Corée du Sud, au pays de LG et Samsung, le problème est pris très au sérieux. Dans certains quartiers de Séoul, plus besoin de relever la tête ou presque. Des signaux lumineux s’affichent directement sur la chaussée pour indiquer la couleur du feu. Les autorités ont également développé une application qui alerte les piétons grâce à des feux de signalisations connectés. Si ce système semble faire ses preuves, il demeure relativement coûteux : autour de 12.000 euros, selon l’agence Reuters.
À Sassari, en Sardaigne, les autorités locales ont opté pour une solution bien moins couteuse : depuis 2018, les agents de la police municipale distribuent des contraventions d'un montant de 22 euros, comme le rapportent un article du journal Les Echos. Des amendes avant-tout symboliques, qui visent à faire prendre conscience aux usagers du risque qu'ils prennent en gardant les yeux rivés sur leurs téléphones.