CONCERTATION - Déboulonnée pour être rénovée, la statue de Napoléon qui occupe la place de l'hôtel de ville de Rouen depuis plus de 150 ans doit-elle y revenir ? Appelés à voter par leur maire, les habitants ont voté oui.
De retour sur le socle qu'elle occupe depuis 1865 : la statue équestre de Napoléon à Rouen, retirée l'an dernier pour être restaurée, sera réinstallée sur le parvis de l'Hôtel de Ville, a annoncé lundi la municipalité. Une décision plébiscitée par les habitants selon les résultats d'une concertation publique, à laquelle ont pris part 4080 personnes sur les 110.000 Rouennais. "La majorité des votants sont favorables au retour de la statue de Napoléon à la même place sans autre changement", a indiqué la ville de Rouen dans un communiqué.
"Je l'ai toujours connu à cet endroit, je préfère qu'elle y reste", témoigne une passante dans le reportage du 13H de TF1 en tête d'article. "C'est Napoléon et ça le restera, c'est sa place", commente une autre.
"Nous suivrons les avis exprimés par les Rouennaises et les Rouennais, tant sur l’aménagement de la place de l’Hôtel de Ville et sa renaturation, la représentation des femmes dans l’espace public que sur la statue de Napoléon, son retour sur la place ainsi que des aménagements temporaires le temps de sa restauration", a réagi le maire (PS) de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, cité dans le communiqué."Il s’agit de la plus haute participation jamais enregistrée dans l’histoire de la démocratie participative à Rouen", se félicite la mairie selon France 3.
Une polémique au retentissement national
Le 2 juillet 2020, le déboulonnage de cette statue avait suscité une vague d'indignation, sur les réseaux sociaux notamment. À cause d'une fissure sur l'une des pattes du cheval, elle avait été ôtée de son socle pour être amenée en rénovation. À Rouen, le syndicat étudiant de droite UNI avait lancé une manifestation, une pétition en ligne a circulé et la presse de droite a publié des articles indignés, relève Le Monde.
La polémique a débordé des frontières de la ville. Dans un tweet, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti et futur candidat à l'investiture LR à la présidentielle, avait même accusé à tort "le wokisme et la déconstruction de notre identité en action", alors que le monument avait été retiré pour effectuer une restauration. Le candidat d'extrême-droite Eric Zemmour a aussi diffusé les images de la restauration de la statue dans son clip de campagne, cherchant à dénoncer son "déboulonnage".
Le maire de Rouen avait proposé de créer un nouvel aménagement qui devait faire plus de place aux femmes dans l'espace public, en déplaçant cette statue de Napoléon après sa rénovation pour installer sur la place de la mairie une œuvre d'art dédiée à l'avocate féministe Gisèle Halimi, morte en juillet 2020. La statue de Napoléon, pour laquelle une enveloppe de 200.000 euros avait été débloquée pour sa rénovation, devait être déplacée sur l'île Lacroix, au sein de la ville, selon le projet de la municipalité.
"J’assume la dimension symbolique forte de cette proposition. Il serait formidable que Rouen soit la première ville de France à accueillir, place de la Mairie, une statue ou une œuvre d'art dédiée à Gisèle Halimi, figure de la lutte pour les droits des Femmes. Le débat est ouvert !", avait alors lancé l'édile sur Tweeter.
Une nouvelle plaque de contextualisation et davantage de noms féminins pour les lieux publics
Avec cette concertation publique, le fin mot de l'histoire est finalement connu. Selon ses résultats de ce vote, qui comprenait plus largement une trentaine de questions sur tout le réaménagement de la place de l'Hôtel de Ville de Rouen, 68% des 4.080 participants sont favorables au retour de la statue de Napoléon place de la mairie. Par ailleurs "38,6% sont favorables au retour de Napoléon avec une place faite à l’expression féminine sur l’espace public", ajoute la municipalité. Baptisée "Et si on statuait", cette votation avait été ouverte en octobre.
Le retour de la statue s'accompagnera en revanche d'une nouvelle plaque de contextualisation, à la demande des Rouennais. "J'ai demandé à ce que l'on fournisse des explications précises sur ce que Napoléon a fait, les bonnes choses comme les moins bonnes, surtout au sujet de l'esclavage", commente un habitant. L'empereur français avait en effet rétabli l'esclavage en 1802, alors qu'il avait été aboli quelques années auparavant.
Les votants se sont par ailleurs montré favorables à davantage de place laissée aux femmes dans le patrimoine rouennais : à cette question, 65,6% ont dit souhaiter qu'une meilleure place soit faite aux femmes dans la dénomination des rues, places et jardins, et 67,10% par des plaques rendant hommage à des femmes. "À part Jeanne d'Arc, sur la place du marché, on manque de figures féminines, ce serait en effet une bonne idée d'en rajouter", glisse un Rouennais.
"Plus de deux tiers des votants nous demandent plus de place pour les représentations féminines dans l'espace public, et c'est vrai qu'il y a un gros déséquilibre : à Rouen, on compte seulement 41 rues avec un nom propre féminin sur 1000", commente le maire de la ville dans le reportage du 13H de TF1. Le chiffre vaut aussi au niveau national : en France, 96% des noms de rues sont masculins.
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