"C'est un cauchemar de le voir tous les jours" : le détatouage en plein boom

M.L | Reportage TF1 Mérième Stiti et William Wuillemin
Publié le 27 juin 2022 à 9h52

Source : JT 20h WE

Il a longtemps fait la fierté des marins et des mauvais garçons, mais le tatouage a définitivement achevé sa démocratisation.
Un Français sur cinq en arbore un, et chez les moins de 35 ans, c'est même un sur trois.
Mais les regrets tardifs sont nombreux, et le business du détatouage est désormais florissant.

Sur un coup de tête, Sonia s'est fait tatouer sur l'avant-bras un triskèle noir, orné de quelques feuilles avec un triangle en son cœur. Mais aujourd'hui, le symbole lui rappelle des souvenirs douloureux qu'elle préfère oublier. "C'est un cauchemar de le voir tous les jours", explique-t-elle dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus. Armée de lunettes opaques de protection, elle a laissé sa peau aux mains d'une professionnelle du détatouage. 

Son appareil laser, grésillant avec son faisceau de lumière rouge, trace de petites cloques blanches en pointillés sur le dessin. Dans la salle d'attente du cabinet parisien "Ray Studios", uniquement dédié au détatouage, nombreux sont ceux qui, comme Sonia, tentent de réparer un regret. "On a ouvert il y a quelques mois seulement et maintenant les plannings sont pleins tous les jours", note David Rodriguez, co-gérant du centre. D'autant que plusieurs séances sont nécessaires pour venir à bout de ces inscriptions incrustées dans la peau

Une opération huit fois plus chère que le tatouage lui-même

Parmi les clients, Lionel honore son cinquième rendez-vous pour un tatouage qui encercle sa cheville. "Je l'avais fait quand j'avais une vingtaine d'années, j'en ai maintenant 50. Et le tatouage, en veillissant, s'est mis à faire un peu comme du buvard", décrit-il. L'opération du détatouage, délicate, doit être uniquement réalisée par un médecin spécialisé. "L'objectif du laser est de faire éclater les billes d'encre qui sont au niveau du derme, la couche intermédiaire de la peau", explique Jordan Gendre, qui officie dans ce cabinet. 

Pour obtenir la disparition complète du dessin, huit séances seront nécessaires, ce qui coûtera à Lionel près de 1200 euros, soit huit fois plus cher que la réalisation du tatouage lui-même, qui montait seulement à 150 euros. Malgré le coût, de plus en plus de déçus sautent le pas, puisque le nombre de personnes tatouées a explosé ces dernières années. Selon un sondage de l'Ifop réalisé en 2018 pour le journal La Croix, 18% des Français étaient tatoués, contre 10% en 2010. Près d'un tiers des moins de 35 ans sont déjà passés par un cabinet de tatouage.

Alors, quels sont les conseils pour éviter d'en arriver à devoir retirer un tatouage ? Tout d'abord, ne pas suivre les tendances, choisir une partie du corps discrète, et surtout bien réfléchir avant de passer à l'acte. "Cela ne s'est pas fait en une semaine. Il y a eu beaucoup d'échanges, de discussions, d'entrevues, pour pouvoir arriver à ce résultat", explique la cliente d'un salon, qui présente un avant-bras orné de croix et de lignes crantées.

Dans ce studio, le tatouage est pris très au sérieux : il s'imagine à deux, en collaboration avec le demandeur. "Pour moi, il était indispensable que ma cliente participe complètement à sa construction", développe sa tatoueuse, Aïda. "Et pour ce faire, je dois absolument lui poser des questions, ou en tout cas qu'elle accepte de se livrer un petit peu."

Attention aux arnaques en ligne

Et si malgré toutes ces précautions, vous souhaitez quand même vous débarrasser d'une erreur de jeunesse, gare aux arnaques qui fleurissent sur internet : crèmes ou sérums de détatouage et méthodes naturelles, prétendument efficaces même sans laser, en échange d'une centaine d'euros. 

Certaines techniques, comme des acides, peuvent "laisser des plaies avec des cicatrices épouvantables" et sont donc "hyper dangereuses", met en garde Isabelle Rousseaux, dermatologue. Les crèmes, elles, "ne servent à rien qu'à vider votre portefeuille", poursuit la spécialiste. En bref, toute solution autre que le laser reste "totalement inefficace et dangereuse".

Une seule méthode permet donc de retirer un tatouage, mais pas pour autant à 100% sur toutes les couleurs : le laser peine à effacer le bleu et le vert, et c'est mission impossible pour le blanc. 


M.L | Reportage TF1 Mérième Stiti et William Wuillemin

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