Atteint d'un cancer incurable, Nicolas Menet a décidé d'organiser sa fin de vie.L'homme de 44 ans a alors découvert des dispositions législatives peu connues des Français.Le 20H de TF1 a pu recueillir son témoignage, quelques semaines avant son décès.
Transmettre son histoire. C'était l'objectif de Nicolas Menet, un Ardéchois de 44 ans. Atteint d'un cancer du cerveau incurable, Nicolas Menet a organisé sa fin de vie en France. Il souhaitait partager son vécu et parcours avec d'autres patients, pour les aider à son tour. Il a pour cela écrit un livre à paraitre : "Faire le deuil de soi" aux éditions Le Cherche Midi. Pour le 20H de TF1, il souhaitait témoigner. Notre équipe de reporter a pu le suivre pendant deux jours, quelques semaines avant son décès.
Une loi sur la fin de vie méconnue
"Moi, j'ai toujours eu besoin d'avoir des projets, donc j'ai inventé un projet de fin de vie. Je suis malade, je vais mourir, mais au moins, je vais transmettre mon histoire. Et ça m'a énormément porté", explique au micro de TF1 Nicolas Menet. Il y a encore un an et demi, cet entrepreneur ardéchois menait une vie professionnelle trépidante. Tout a été stoppé net à cause d'un cancer du cerveau, un glioblastome. Nicolas Menet a alors commencé des traitements, mais très vite, les résultats ont montré qu'aucun médicament ne pouvait le guérir.
À 44 ans, Nicolas Menet a dû faire le deuil de sa vie d'avant. Pour ne pas rester dans l'inaction, il a souhaité organiser un projet de fin de vie, en planifiant en amont les étapes de son départ. Il a alors découvert que peu de Français connaissaient la loi sur la fin de vie. "J'ai découvert cette loi en me disant que c'était extraordinaire qu'on ait un tel arsenal législatif en France. Mais ce n'est pas connu, c'est parfois même mal connu par certains professionnels de santé. C'est aussi mal connu par la population. La mort est mal connue, elle disparait de nos sociétés", souligne-t-il dans la vidéo en tête de l'article.
La loi sur la fin de vie prévoit certains dispositifs, notamment sur les soins palliatifs. Mais Nicolas Menet a découvert que malgré la législation, le nombre de places en soins palliatifs était nettement insuffisant par rapport au nombre de patients. Il s'estime très chanceux d'avoir pu trouver une unité hospitalière proche de chez lui. "Dans mon cas, c'est très rassurant, parce que je vais pouvoir finir ma vie dans mon village. Si on pouvait généraliser cela à toute la France, ce serait extraordinaire", confie-t-il à notre reporter Caroline Bayle.
Pour la fin de vie, "Une aide un peu plus active pourrait être bénéfique"
Nicolas Menet a également choisi de parler directement de son projet avec ses médecins : il était crucial pour lui de disposer de toutes les informations sur la fin de vie, afin de prendre ses dispositions en toute confiance. Nicolas Menet l'assure : ce type de consultation sur la fin de vie devrait être obligatoire pour tous les concernés. Pour le 20H de TF1, lui et son médecin généraliste ont accepté de partager leur échange.
"Au moment où cela deviendra insupportable, cette fois, je pense que j'aurai besoin d'être hospitalisé avec vous docteur", demande-t-il directement à son praticien. "Nous, on a déjà prévenu l'hôpital de Saint-Félicien pour notamment faire une pré-rentrée", lui répond le docteur Guillaume Claude. "Si vous voyez, sur une nuit ou un week-end que c'est la catastrophe, moi je viendrai vous accueillir à l'hôpital". L'homme de 44 ans a choisi d'être plongé dans un coma irréversible, une sédation profonde prévue par la loi. Lors de cet échange, Nicolas Menet ne cessera pas de remercier son médecin. Cet accompagnement est une vraie chance selon lui.
Interrogé sur l'euthanasie, déjà autorisé sous certaines conditions en Belgique, Nicolas Menet ne se prononce pas. Pour son médecin, "on arrive à fournir des accompagnements qui sont les mieux que l'on puisse faire à l'heure actuelle (...). Effectivement parfois, une aide un peu plus active pourrait être bénéfique. Que ce soit pour les patients ou pour leurs proches".
Le dernier objectif de Nicolas Menet était d'apporter son vécu pour enrichir les débats parlementaire sur la fin de vie. Il a écrit un livre, ainsi qu'une lettre destinée aux législateurs. L'Ardéchois y a même développé différents amendements, en prévision d'une éventuelle modification de la loi actuelle. Pour lui l'important est que chaque citoyen puisse s'approprier sa fin de vie. "J'espère vraiment qu'ils vont lire [ce dossier] et l'entendre. Ce n'est pas très long, cela fait 20 pages", sourit-il. "Je pense qu'ils vont y arriver, et en tout cas, je leur ai donné plein d'idées, plein de sources d'inspirations pour les aider à faire cette loi".
Trois semaines après notre reportage, Nicolas Menet s'est éteint dans son village d'Ardèche, le 4 février dernier. Son livre "Faire son deuil de soi", aux éditions Le Cherche Midi, laissera la trace de son parcours hors norme. Selon ses propres mots, il voulait, et a pu, partir en homme libre.
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