Le 20h

VIDÉO - Prostitution des mineures : deux victimes racontent leur descente aux enfers

Frédéric Senneville | Reportage vidéo : E. Lefebvre, N. Yildiz-Bednarick, D. Blondeau et C. Marchina
Publié le 16 novembre 2021 à 9h53
JT Perso

Source : TF1 Info

TÉMOIGNAGES - Elles ont vécu le cauchemar de la prostitution alors qu'elles étaient encore mineures, et sont parvenues à s'en arracher, parfois aidées par leurs proches. Deux jeunes femmes témoignent devant les caméras du 20H de TF1.

Entre 7000 et 10.000 mineurs sont concernés en France par la prostitution, selon le gouvernement, qui a présenté ce lundi 15 novembre un plan interministériel pour lutter contre ce phénomène, qui touche principalement des jeunes filles entre 15 et 17 ans. Revenir de cet enfer est extrêmement difficile, même quand des proches essaient de mobiliser les pouvoirs publics. 

C'est ce dont témoignent Amina et sa mère, Jennifer, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. La jeune fille, qui élève son petit garçon de neuf mois, a désormais 17 ans. Elle n'en avait que 14 lorsqu'elle rencontra en colonie de vacances un garçon plus âgé, dont elle est tombée amoureuse, et qui la prostituera pendant deux ans. L'homme est désormais en prison, et Amina se cramponne à son enfant pour se reconstruire, aux côtés de sa mère. Lorsque celle-ci lui demande : "Qu'est-ce qui va bien dans ta vie ?", elle répond sans hésitation : "Lui, mon fils !"

Jennifer a ramené sa fille de l'enfer de la prostitution à bout de bras. "Même quand je savais où elle était", raconte-t-elle, "et que j'allais à la police avec la capture d'écran de mes conversations - je me faisais passer pour un client -, que j'avais même le lieu de la passe (...), eh bien non, ils n'y sont jamais allés". C'est à la naissance de son enfant qu'Amina se laisse enfin convaincre par sa mère. De retour à la maison, elle reprend désormais sa scolarité en seconde. 

Beaucoup ne se considèrent pas comme victimes

Selon le rapport Champrenault, qui a inspiré le plan gouvernemental présenté ce lundi 15 novembre, de nombreuses mineures prostituées ne se considèrent pas comme des victimes et pensent être maîtresses de leur vie. Il y aurait un "effet Zahia", selon ses auteurs, "symbole d'une prostitution glamour et modèle d'ascension sociale". Une certaine autonomie économique fait illusion pendant un temps, masquant aux victimes le processus d'emprise. Amina était revenue une première fois chez sa mère, soigner blessures et maladie, avant de repartir d'elle-même. Cette apparence de volonté trompe aussi les autorités, selon Jennifer : "Pour la police, si elle y retournait, c'est qu'elle était volontaire". La mère d'Amina a créé une association pour aider les parents dans ce combat : "Nos Ados Oubliés".

Je me suis dit : "je fais ça une fois et puis on verra bien"

Emma, victime d'un proxénète à 15 ans

Pour Emma, la traversée aura été encore plus solitaire. "Je me suis dit : 'je fais ça une fois et puis on verra bien'", témoigne cette juriste de 27 ans, "mais ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe".  Elle n'avait que 15 ans et répondait à l'annonce d'un homme sur un forum. Son enfance et son adolescence avaient déjà été marquées par des viols subis dans le cercle familial. Un traumatisme et une mauvaise image d'elle-même, que son proxénète a détectés et exploités. Emma a vécu un calvaire de huit mois, avant de trouver la force de s'enfuir seule, lors d'un moment plus insoutenable que les autres.

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Emma veut désormais convaincre celles qui vivent encore ce par quoi elle est passée : "Elles ont la force de s'en sortir", voudrait-elle leur dire, "elles pensent être en train de mourir, mais ce n'est pas vrai. Et elles pensent que personne ne va jamais les aimer, mais ce n'est pas vrai non plus".


Frédéric Senneville | Reportage vidéo : E. Lefebvre, N. Yildiz-Bednarick, D. Blondeau et C. Marchina

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