VIDÉO - "J'ai pensé au suicide plusieurs fois" : le témoignage poignant d'Inès, harcelée à l'école depuis la 6e

par L.T. | Reportage TF1 : François-Xavier Ménage, Olivier Cresta
Publié le 28 mai 2023 à 22h45, mis à jour le 30 mai 2023 à 12h07

Source : JT 20h WE

L'école a-t-elle pris la mesure du harcèlement scolaire ?
Inès, aujourd’hui élève de terminale, le subit depuis la sixième.
La jeune fille a accepté de témoigner auprès de TF1.

Pour Inès, le harcèlement a démarré dès la sixième. Sept ans plus tard, aujourd’hui en terminale, elle subit toujours moqueries, menaces et parfois même violences physiques. La première fois, elle avait onze ans, une tentative d’étranglement. "J’avais deux marques rouges et quand je suis rentrée à la maison, ma mère a vu ces marques. J’ai dit ‘non c’est rien, c’est avec le lisseur, je me suis lissé les cheveux, je me suis brûlée. Il n’y a rien, ne t’inquiète pas’, alors qu’on m’avait étranglée. Je ne voulais pas le dire à ma mère parce que je n’arrivais pas à le dire", explique Inès dans la vidéo du 20H de TF1 ci-dessus. 

On veut en faire une cause nationale et puis on voit qu’encore une fois, on a des belles paroles mais pour passer aux actes, c’est toujours cette carence
Me Jacky Attias, avocat au barreau du Val-d’Oise

Même si aujourd’hui elle est épaulée par sa professeure principale, Inès reçoit toujours des menaces par SMS et sur les réseaux sociaux de la part de certains élèves. "C'étaient des ‘on va te tuer, t’es morte, lundi on va t’attraper’, que j’ai rien dans la tête, que je ne suis pas intelligente, que j’ai rien à faire ici. À chaque fois que je rentre, je me regarde dans le miroir et je me dis qu’ils ont peut-être raison. J’ai pensé au suicide plusieurs fois. C’est très compliqué la confiance en soi. Quand on nous la vole, c’est très dur de la reprendre", poursuit-elle. 

Inès a mis plusieurs années avant de confier sa détresse à sa mère. Souffrant de crises de panique, la jeune fille reste encore parfois chez elle quand elle devrait aller en cours. Depuis quatre ans, son avocat consigne toutes les plaintes, les appels au secours lancés à l’Éducation nationale et à la Justice, mais toujours aucune réaction. "Les services du parquet sont saisis, le rectorat est saisi, les différents établissements scolaires fréquentés par cette jeune fille sont saisis. On a quoi ? On n’a pas de réponses ou les réponses, c’est l’affaire suit son cours ou un classement sans suite faute de preuve. On veut en faire une cause nationale et puis on voit qu’encore une fois on a des belles paroles mais pour passer aux actes, c'est toujours cette carence", déclare Me Jacky Attias, avocat au barreau du Val-d’Oise. 

Les réseaux sociaux : un grand problème

À Nice, une femme a lancé une association pour soutenir des centaines d’enfants harcelés. Pendant tout le collège, Noémya a souffert de harcèlement en silence. Aujourd’hui, elle regrette et témoigne dans les écoles. Noémya est déjà intervenue dans des centaines d’écoles en France. Ce qui la choque le plus, c’est peut-être l’attitude de certains responsables d’établissements quand des cas de harcèlement scolaire sont enregistrés. "Ça m’est déjà arrivé de proposer des actions à des établissements, même parfois des écoles primaires et qu’on ait des retours de directeurs ou de directrice qui nous disaient ‘mais pourquoi vous voulez parler de harcèlement, il n’y a pas de harcèlement dans notre école’. Parce que je pense qu’il y a aussi l’image de l’établissement et donc ils ne veulent pas faire de vagues", affirme-t-elle. 

Autre problème : les réseaux sociaux. Mathieu Auriol, psychologue, qui accompagne des enfants victimes de harcèlement, constate tous les jours à quel point cela aggrave les situations de détresse. "Auparavant, lorsque l’enfant subissait un harcèlement scolaire, c’était dans le cadre de l’école. Il pouvait rentrer chez lui et là, au moins, il était dans un cadre qui était sécurisant, qui était rassurant. Là, ça continue, c’est-à-dire que quand bien même je suis à la maison, je continue d’être alimenté par des messages d’insultes, de moqueries… Et donc je suis perpétuellement dans cette angoisse", explique-t-il.

 

Un phénomène qui progresse partout en France. L’Éducation nationale évoque un élève sur dix qui, dans le cadre de sa scolarité, subit du harcèlement. Contre toute attente, c’est deux fois plus important en école primaire que dans les collèges et lycées. 


L.T. | Reportage TF1 : François-Xavier Ménage, Olivier Cresta

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