Cet été, deux accidents, dont un mortel, ont eu lieu dans une fête foraine dans l'Hérault.À chaque fois, la question de la sécurité et de l'entretien des manèges est posée.Comment ces contrôles sont-ils effectués ?
C'était le 6 août 2023, au Cap d'Agde, dans le "Luna Park", à bord d’un manège, baptisée "Adrénaline". Deux personnes prennent place. Le manège est une balançoire, lâchée à pleine vitesse, mais la nacelle, ce soir-là, va dévier de sa trajectoire et percuter l'un des piliers sur le côté. Un adolescent de 19 ans qui était à bord, va trouver la mort et la passagère qui était avec lui sera blessée. Quelques jours plus tard, un autre accident a eu lieu au même endroit. Toujours durant cet été, un train va aussi dérailler dans un parc d'attractions du bassin d'Arcachon, faisant quatre blessés. Tous ces accidents étaient-ils évitables ?
Truffés de capteurs
Pour savoir comment ces attractions sont contrôlées, le JT de TF1 s'est rendu dans le parc d'attractions "Dennlys Parc", à Saint-Omer (Pas-de-Calais). Un bateau pirate vient d'être installé et désormais tous les manèges de ce type-là sont truffés de capteurs qui empêchent la mise en marche en cas de problème, par exemple avec les barrières de sécurité. "Avant, un opérateur devait faire le contrôle d'une barrière manuellement et visuellement. Donc maintenant, si cette barrière avec ce capteur n'est pas fermée, on ne peut pas mettre le manège en route. Tous les engins sont contrôlés avant ouverture de l'attraction", explique Teddy Merlot, le responsable de la sécurité, dans la vidéo en tête de cet article.
Pour chaque attraction, chaque matin, un technicien du parc vient ainsi vérifier la sécurité des manèges et doit surtout signer un document baptisé "l'accord pour départ". Sans cela, rien n'est possible. "Dès qu'on arrive le matin, si on voit que cette case n'est pas signée, on doit appeler le technicien parce qu'on ne sait pas du coup s'il a vérifié ou non l'attraction et niveau sécurité, c'est pas top", assure Marius Leclercq, opérateur de manège. Pourtant, des accidents mécaniques ont lieu quelques fois, comme il y a huit ans dans un autre parc d'attractions : le câble du manège a cédé sans faire de blessé.
Pour la clientèle des parcs d'attractions, on commence à se poser des questions. "On espère qu'il y a des contrôles qui sont faits. Il n'y a rien qui nous prouve que ce soit fait", admet un jeune homme. Une mère de famille reconnaît, elle, qu'elle "n'a pas confiance".
La ville ne réalise pas la conformité des manèges. Cette conformité est réalisée par une entreprise agréée
Pascal Lefebvre, adjoint au maire d'Arras
Du côté des fêtes foraines, avant de s'installer dans une ville, chaque forain doit montrer patte blanche et doit envoyer à la mairie un permis d'installation délivré par une entreprise de contrôle indépendante. "Il est valable trois ans pour les manèges classiques et un an pour les manèges à sensations. La ville ne réalise pas la conformité des manèges. Cette conformité est réalisée par une entreprise agréée", souligne l'adjoint au maire d'Arras, Pascal Lefebvre. Et la Ville peut refuser l'installation d'un manège si le permis n'est plus valable. Mais il n'y a pas de contrôles systématiques à chaque installation d'une fête foraine. C'est au forain de vérifier par lui-même la sécurité de son manège.
Exemple avec le gérant du "Méga Loop", il ne peut pas allumer son attraction sans avoir vérifié toute la sécurité. "On ne peut rien faire du tout. Vous pouvez faire ce que vous voulez, appuyez sur n'importe quoi, il n'y a rien qui va fonctionner. La moindre chose qui peut arriver, c'est un harnais qui va s'ouvrir un tout petit peu, même s'il y a quelqu'un dedans, ça arrive. Il va s'ouvrir, le manège s'arrête, c'est instantané", affirme François Lecelle. Chaque jour, avant chaque remise en route, le forain doit donc ouvrir et fermer plusieurs fois les harnais de sécurité. "La carte électronique qui est dedans, elle dit qu'il faut le faire trois fois. Sinon, ça ne marchera pas", précise-t-il.
Selon Nicolas Lemay, le président de la Fédération des forains de France, "les manèges plus sophistiqués sont, eux, rappelés chez le constructeur pour une vérification complète" au bout d'un volume d'heures ou d'une période donnés. "C'est impératif pour la garantie, pour les assurances", détaille-t-il.
En France, on compte une cinquantaine de parcs d'attractions et 35.000 fêtes foraines chaque année. Et fort heureusement, les accidents y sont très rares.