VIDÉO - "Tonnerre de Brest" : l'expression a-t-elle vraiment un lien avec la météo ?

par L.T. Reportage TF1 | Médéric Pirckher
Publié le 31 janvier 2023 à 17h56

Source : JT 13h Semaine

On connaît tous l’expression "Tonnerre de Brest", popularisée par le capitaine Haddock.
Mais savez-vous d'où elle vient ?
Le JT de TF1 se penche sur les hypothèses qui s’affrontent.

L’expression "Tonnerre de Brest" est connue partout en France - et pas que dans le Finistère - grâce au capitaine Haddock, le célèbre ami de Tintin. D’après sa définition, c’est un juron de marin. Cette petite phrase exprime aussi la surprise. Mais alors, quel est le lien entre le tonnerre et Brest ? La ville est-elle plus sujette à ces phénomènes météo ? Non, répond Christophe Messager, chef de la station Météo France de Brest, dans le reportage de TF1 ci-dessus. Bien au contraire :"La région brestoise, et bretonne en général, est la région la moins foudroyée de France. Par contre, quand ils ont lieu, les épisodes génèrent des pics d’intensité très importants comme des orages d’hiver", explique-t-il. 

Trois boules de feu

Ce n’est donc pas du côté de la météo actuelle qu’il faut chercher l’origine de cette expression. Des éclairs ont pourtant marqué l’histoire de la ville. Alain Boulaire est historien. Il raconte, grâce aux archives, la nuit du 14 avril 1718. "Dans cette fameuse nuit, arrive un orage énorme, et on sait qu’il est énorme puisqu’il va toucher 24 églises autour de Brest. Il y a eu trois coups de tonnerres gigantesques à 3h du matin, avec trois boules de feu qui ont frappé le clocher de Gouesnou, pas très loin de Brest", narre-t-il. Des sonneurs de cloches seraient même morts cette nuit-là. Ce violent orage serait la première origine de l’expression. 

Des canons au centre du débat

Mais en réalité, l’explication probable se trouverait au château de Brest, devenu musée aujourd’hui, et tenu par Jean-Yves Besselièvre. La ville était le premier port français au XVIIᵉ siècle. À l’époque, il y avait 12.000 ouvriers, et tous travaillaient dans un brouhaha de canons faisant penser au tonnerre. "Je pense que l’expression est liée à l’activité de l’arsenal, la présence du canon au quotidien. Les canons rythment l’activité du port. Ils signalent le début et la fin de la journée de travail. Ils servent également à saluer des navires qui arrivent ou quittent le port", explique Jean-Yves Besselièvre. En effet, les canons tonnaient tous les jours à 7h et 19h, lors de l’ouverture et la fermeture de l’Arsenal jusqu’en 1924. 

Mais il y a une hypothèse concurrente. Ces canons servaient aussi d’alarme lorsque les prisonniers s’évadaient. Car Brest était un bagne entre le XVIIIᵉ et le XIXᵉ siècle. "On tirait deux coups de canons s’il y avait entre un et quatre bagnards qui s’évadaient et trois coups de canons s’il y avait plus de quatre bagnards à s’être évadés. Les gens se mettaient en branle pour récupérer ces bagnards puisqu’il y avait de très fortes récompenses pour ceux qui les récupéraient", poursuit Jean-Yves Besselièvre. 

Aujourd’hui, on ne peut affirmer laquelle de ces trois hypothèses est la bonne. Personne n’est d’accord sur la question. Dans tous les cas, les canons tonnaient tellement fort qu’ils s’entendaient à plusieurs kilomètres jusqu’au fond de la rade de Landerneau. "Tonnerre de Brest" aurait d'ailleurs donné naissance à une autre expression : "Faire du bruit dans Landerneau". 


L.T. Reportage TF1 | Médéric Pirckher

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